30 août 1914 : Un peu de canonnade.



30 août 1914 Deyvillers (Vosges)

Un peu de canonnade.

Beaucoup de blessés qui passent en auto-cars, en camions automobiles.

Un lieutenant-colonel du 96ème d’infanterie arrive, exténué, de la ligne du feu : il est, dans la salle à manger où nous mangeons confortablement, l’image de la Fatigue. C’est à peine si les mots ont la force d’arriver de son larynx à ses lèvres : arrivés au bord des lèvres ils tombent lourdement.

Nous en ramassons les morceaux et par un jeu de puzzle patient nous reconstituons péniblement son discours, d’autant plus péniblement que ce fatigué s’endort entre deux phrases. Il est allé à Sarrebourg ; tous ceux qui sont allés à Sarrebourg et que nous avons vus ont été frappés de cette sorte d’anéantissement. Ils ont seulement gardé le souvenir d’une artillerie ennemie formidable : leurs récits ont toujours le même leitmotiv ; « Obus-torpilles,obus-torpilles… » Celui-là croit fermement – et c’est la dernière fermeté qui lui reste- que les nouveaux obus de 75 donneront des résultats merveilleux.[…]

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Une réponse à 30 août 1914 : Un peu de canonnade.

  1. Patrice PONSARD dit :

    Encore une confirmation des terribles ravages infligés par la très efficace artillerie allemande délivrée par ce Lt-Col. épuisé et quasi aphasique…
    C’est à elle et à la remarquable incompétence de trop d’ officiers généraux et supérieurs, à commencer par les erreurs tactiques et stratégiques du père Joffre, que nous devons les tragiques hécatombes du mois d’août 14…
    A preuve, de mémoire je crois que Joffre au cours du mois a  » remis à la disposition du ministre de la guerre », selon la formule consacrée, environ 180 officiers généraux, dont la destinée était de prendre la route de Limoges, d’où l’expression bien connue..Hélas, selon le témoignage de nombreux officiers subalternes, il a oublié les colonels, et naturellement il s’est oublié lui même dans les charettes!…
    Et nous ne sommes pas encore arrivés à la bataille de la Marne…!

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