9/8 Deyvillers
Dimanche. Messe par le jeune curé du pays, non mobilisé. Très émouvante. Le petit sermon nous fait tous pleurer…
Dans l’après-midi je vais, à cheval, voir un malade au fort de la Mouche. Ah !ces forts ! Dire que nous sommes appelés à vivre sous ces voûtes humides et obscures, dans ces pièces froides qui sentent le crésyl, où l’eau suinte contre les murailles !… J’aimerais mieux la guerre en rase campagne, si meurtrière fût-elle.
Dans nos environs immédiats il n’y a pas d’Allemands. Mais il y a un ennemi presque aussi dangereux : les territoriaux chargés de la garde des routes et des issues de villages. Affolés par leur responsabilité, ils sont toujours prêts à faire feu sur l’officier qui ne leur donne pas le mot assez rapidement. On leur a tellement seriné que l’espion s’habille en officier que pour eux tout officier est un espion. Le soir il est extrêmement dangereux de sortir.