7 mars 1915. Canonnade furieuse sur le front vers Perthes



7 mars 1915. Saint-Etienne-au-Temple

Canonnade furieuse sur le front vers Perthes, de 7h à 10h. Des convois d’obus passent. Il pleut.

Le canon tonne et le merle siffle. Le printemps vient. Les rosiers de la cure où j’habite ont de minces feuilles d’un vert tendre. Ils n’ont plus guère de branches les rosiers de la cure. Les troupiers les ont brisées, les chevaux affamés les ont mangées. Dans les vergers les pommiers, les pruniers, les cerisiers n’ont plus d’écorce : les chevaux l’ont également mangée. Le printemps vient dans un décor de mort. Des herbes poussent sur le marbre des cheminées, de l’avoine germe sur l’évier des cuisines. Cet été, quelle poussée d’orties entre ces quatre murs qui furent des murs ornés et tièdes d’un salon !

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7-8 mars 1915 : en dormant bien tranquille dans mon grenier, je pense aux camarades dans les tranchées



Le dimanche 7 mars 1915
Je vais à la messe à 8 h 30 à l’église de Bellefontaine. Exercice le soir, route de Triaucourt, à 7 km.

Le lundi 8 mars 1915
Exercice et travaux de campagne matin et soir. Il tombe de la neige. Je vais prendre un bain dans une petite installation où un infirmier nous verse de l’eau sur les dos avec un arrosoir. Comme baignoires il y a de vieux fûts coupés en deux. Il y a bien des mois que je n’en avais pas eu autant.

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4-6 mars 1915 : un repos moral en même temps qu’un repos du corps



Le jeudi 4 mars 1915
Je quitte ma compagnie à 5 h et demie avec le caporal Guillon pour aller au cours de Bellefontaine où nous arrivons à 17 h, en passant par Le Claon, Les Islettes, Les Sénades et Futeau. Il y a deux caporaux par compagnie, soit 24 pour le 131ème. Il y en a de la 9ème Division (131 – 113 – 4 – 82[èmes régiments]) et d’une division coloniale (5 – 6 – 22 – 33[èmes régiments]). Nous logeons par régiment dans des greniers. Il y a presque tous les habitants dans le village.

Le vendredi 5 mars 1915
Nettoyage des armes et revue le matin. Exercice le soir. Le colonel de Galembert, commandant le 313ème, dirige le cours avec un capitaine et un sous-lieutenant.
Le samedi 6 mars 1915
Exercice matin et soir.
Bellefontaine (Meuse) le samedi six mars 1915 – 13 heures
Mon cher père,
Je mène en ce moment la vie de caserne, exercice matin et soir, revues, repas réguliers, repos toutes les nuits. Je trouve cela très bon en comparaison de la vie de tranchées pleine de souffrance et de dangers.

Dans ce petit village situé à 5 km en arrière des Islettes, nous n’entendons plus la fusillade, nous entendons tout juste le roulement du canon quand ce sont les grosses pièces qui tirent. En même temps que le repos du corps, c’est en même temps un repos moral.

Le réveil est à 6 h 30, et le départ pour l’exercice à 7 h 30, retour à 10 h 30, déjeuner, départ à 13 h, retour à 16 h 30, dîner à 17 h 30, et ensuite repos toute la nuit. C’est à peu près l’emploi du temps de tous les jours.

Il y a ici de quoi s’approvisionner en épicerie. Je mange du pain blanc tous les jours et il y a du vin partout. Je vais pouvoir me retaper quoique je ne sois pas en mauvais état.

Nous serons ici jusqu’au 20 mars pour le moins, ce sera toujours autant de mauvais temps de passé.

Le temps est moins froid mais toujours couvert et un peu humide.

Je n’ai pas d’autres nouvelles à vous annoncer pour le moment.

Je vous souhaite bonne santé et vous embrasse de tout cœur.

Votre fils ‑ H. Moisy

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1-3 mars 1915 : je suis désigné pour suivre un cours de trois semaines à Bellefontaine pour parfaire mon instruction militaire



Le lundi 1er mars 1915
A 7 h nous sommes encore alertés et nous montons nos sacs. Nous restons quand même dans nos abris toute la journée. Je suis de jour. Je suis désigné pour aller suivre un cours de trois semaines à Bellefontaine. Le temps est très mauvais, il tombe de la pluie, de la grêle et de la neige.

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