29 mars 1915 : pour la première fois, je vois M. Poincaré et le général Joffre



Le lundi 29 mars 1915
M[esse] de 7 h. Repos le matin. Revue par le colonel le soir. A 13 h M. Poincaré et le général Sarrail commandant la 3ème armée passent au Claon en automobile, venant de la Pierre-Croisée. Le colonel Arbanère commandant la brigade loge au Claon, le colonel Poignon commandant le 131ème également.

Le lundi 29 mars 1915
Mon cher père,
Je suis toujours au repos au Claon, depuis vendredi et jusqu’à jeudi prochain. Nous avons ici des cantonnements dégoûtants. On y trouve de tout : rats, souris, poux, toiles d’araignées, etc…C’est inhabitable.

Comme j’étais de service hier je n’ai pas pu assister à la messe, j’y ai assisté ce matin et j’ai fait bénir du rameau qui a été cueilli dans la forêt de l’Argonne. Je vous en envoie quelques feuilles.

A l’instant où je vous écris il vient de passer au Claon M. Poincaré et le général Joffre. Ils étaient en automobile et venaient de visiter l’endroit où je combats depuis six mois. Je me trouvais sur le bord de la route et je les ai très bien vus. M. Poincaré était en casquette et pardessus. C’est la première fois que je les vois l’un et l’autre.

J’ai reçu hier soir une lettre d’Eugénie et une de Mélanie. Ils m’annoncent que vous êtes en bonne santé et que vous travaillez beaucoup.

Je me porte très bien. La nourriture est bonne en ce moment. Nous avons presque tous les jours des confitures, nous avons de temps en temps des noix, du chocolat, du gruyère. Le pain est bon et nous en avons suffisamment. Nous avons aussi un quart et demi de vin par jour.

Le temps est sec et froid. Il gèle tous les matins et il fait un beau soleil dans la journée. Il y a quelques jours il y avait de la boue, aujourd’hui il y a de la poussière.

Nous sommes vraiment moins malheureux qu’il y a deux mois, mais le danger est toujours aussi grand en première ligne.

Je suis toujours avec Auguste Travaillé.

C’est tout ce que je vois à vous annoncer en ce moment.

Amitiés sincères et dévouées. ‑ Votre fils ‑ H. Moisy

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28 mars 1915. On est très heureux d’une pâquerette en fleur



28 mars 1915. Saint-Amand-sur-Fion

On est très heureux d’une pâquerette en fleur, d’un rayon de soleil sur la rivière, d’un chant de coq, de ces mille riens qui sont les voix et les couleurs de la paix. Notre popote a établi ses assises dans une jolie maison de campagne aux poutres apparentes, aux murs blanchis à la chaux où une bonne dame préside à nos agapes, indulgente à la légèreté de nos propos comme à la grossièreté de notre vaste appétit.

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26-28 mars 1915 : direction Le Claon pour un peu de repos



Le vendredi 26 mars 1915
Nous quittons les tranchées à 3 h 30, nous sommes remplacés par le 82ème. Nous allons au repos au Claon, dans un cantonnement très sale. Repos toute la journée. Je vais au village de Florent chercher des provisions.

Le samedi 27 mars 1915
Je prends la garde à 10 h au dépôt de munitions, route de Florent. Mon escouade de garde couche dans un grenier.
Le dimanche 28 mars 1915
Je quitte la garde à 10 h. L’après-midi concert sur la place du Claon par la musique du 131ème. Ma compagnie est de corvée à Lachalade. Je cause au capitaine Joba, du 113ème, détaché à la brigade, qui a été mon lieutenant à la 3ème compagnie du 135ème en 1909 et 1910.

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24-25 mars 1915 : dernières journées en première ligne



Le mercredi 24 mars 1915
A 6 h ma section retourne en tranchée de première ligne. Les Allemands lancent des crapouillots sur notre tranchée toute la journée. Il en est éclaté un dans le secteur de ma section, dans la tranchée. Personne n’a été blessé, mais plusieurs fusils ont été cassés et des sacs percés. Ma musette a été déchirée par un éclat. Une mine allemande a sauté à proximité de ma compagnie.

Le mercredi vingt quatre mars 1915 – 9 heures
Mon cher père,
Je suis toujours dans les tranchées de première ligne comme je l’écrivais à Eugène hier. Il est tombé de la pluie fine toute la nuit. Je me porte bien. Je n’en mets pas plus long parce que je n’ai pas le temps d’écrire. Je voulais simplement vous signaler ma présence. A une autre fois plus de détails. Baiser filial.

H. Moisy
Le jeudi 25 mars 1915
Dernière journée de tranchées. Crapouillots, bombes, obus et fusillade. Des pièces françaises de 270 tirent sur les tranchées allemandes. Il pleut toute la journée.

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