Le dimanche 3 juin 1917
Je quitte Choisy-en-Brie à pied à 8 h. Arrivée à La-Ferté-Gaucher à 10 h. Le cours de fusil R. S. C. est transféré à Jouy-sur-Morin depuis le 31 mai. Nous y arrivons à 11 h. Nous sommes en subsistance au 16ème d’infanterie, 34ème compagnie. Nous sommes au stage de huit régiments et quatre par régiment. Tous les élèves sont réunis à 16 heures et le lieutenant Alirol, directeur du cours, nous souhaite la bienvenue. Le sergent Gibielle est aux grenadiers, Küss aux F. M., Lumineau aux signaleurs, Dassonville au canon de 37. Je vais le soir à la papeterie du Marais. Temps clair et très chaud.
Le lundi 4 juin 1917
Théorie de 7 à 10 h et de 13 à 17 h sur le fusil R. S. C. Temps très chaud.
Le mardi 5 juin 1917
Tir le matin vers Champgoulin. Théorie le soir. Temps très chaud. Orage et pluie le soir.
Le mercredi 6 juin 1917
Tir le matin en même temps que les fusils-mitrailleurs. Théorie le soir. Temps clair et très chaud. Je vais le soir à La-Ferté-Gaucher.
Le jeudi 7 juin 1917
Théorie matin et soir. Temps clair et très chaud. On a vidé le Morin pour réparer une vanne.
Le vendredi 8 juin 1917
Tir le matin vers Champgoulin à 4 km. Théorie le soir. Grande chaleur. Orage et pluie. Je suis de jour de 10 h à demain 10 h.
Le samedi 9 juin 1917
Examen toute la journée et remise des cahiers au lieutenant. Temps nuageux et chaud. Pendant mon séjour à Jouy-sur-Morin j’ai mangé à la popote des sous-officiers de la 34ème compagnie du 16ème régiment d’infanterie. Les trains de permissionnaires qui remontent vers le front portent des drapeaux rouges et on y chante l’Internationale.
On chante l’Internationale et on déploie des drapeaux rouges dans les trains qui remontent au front..Témoignages de la lassitude et de la révolte des poilus, notamment ceux des premières lignes, devant les offensives foireuses façon Nivelle et les boucheries qui s’ensuivent…
L’action ferme mais bienfaisante du père Pétain n’a pas encore porté complètement ses fruits, patientons encore quelques semaines…
Néanmoins ces manifestations ont certainement choqué un soldat discipliné et valeureux comme l’ami Moisy…Au front depuis août 14 et faisant son devoir le mieux possible.
On peut considérer que faire son devoir c’est chanter l’Internationale contre la guerre et ses responsables. Quant à l’action « ferme et bienfaisante » du « père Pétain »…