13 novembre 1918. Notre armée va être disloquée.



13 novembre 1918.

Notre armée va être disloquée.

De Mitry se remue comme un beau diable. Il téléphone à de Castelnau qui proteste auprès de Pétain. Rien à obtenir de ces impitoyables : on nous disloque.

Sur la route blanche où souffle un vent d’est des chars à bœufs vont vers les pays d’Alsace portant des matelas, des tonneaux vides, des armoires, des chaises de bois, des cages à poules, parfois un vieillard silencieux assis dans un fauteuil de drap rouge… C’est le lamentable cortège de 1914 qui reprend sa marche en sens contraire.

Des groupes étranges descendent des anciennes lignes : soldats allemands, civils à mine basse, et puis des individus de nationalité douteuse portant des képis italiens, des bottes hongroises, des calots américains, des vareuses anglaises, des casquettes russes. Ils ont pour manteau un sac de toile sur le dos. Leur face est de ce violet terreux des sans-travail, leurs mains cherchent au fond de leurs poches quelque chaleur. Misérables débris de la guerre ils fuient vers la France, venus des lignes allemandes, vers la France où il y a du pain blanc, du vin réconfortant, du lard et du tabac.

Même jour – 17h-

On ne nous disloque plus. On nous conserve et l’on nous place entre les corps d’armée d’occupation et la zone de la D.E. Pour quoi faire ?

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