25 octobre 1918.
Le général Humbert nous quitte. Il reprend le commandement de la 3ème Armée.
Je le regrette. C’est un petit homme très tiré à quatre épingles, pas distingué, mais sachant porter une vareuse qui ressemble à une redingote de gentleman-rider, des gants de grosse peau blanche et des bottes souples d’un rouge bien choisi. Il monte à cheval avec la prestance d’un homme qui a commandé des armées victorieuses ; il est accompagné d’un officier d’ordonnance prétentieux comme il sied et suivi de deux cavaliers qui sont certainement des fils de Présidents de la République, ou de marchands d’obus.
Il est parti hier matin à 8h dans une auto bien carrossée. Ses yeux étaient secs, sa lèvre était dédaigneuse…
Il est remplacé par le général de Mitry. C’est lui qui fit trois prisonniers avec son armée lorsque l’ennemi évacua le 18 juillet la poche au sud de la Marne… Il arrive donc de Limoges, précédé d’une réputation de rigorisme inouï et de brutalité calamiteuse. La consternation se lit sur le visage de tous.*