17 juillet 1918. Le second communiqué n’est vraiment pas mauvais, mais pas mauvais du tout.



17 juillet 1918.

Le second communiqué n’est vraiment pas mauvais, mais pas mauvais du tout.

On avait tort de prendre l’habitude d’une première pile. Cette fois-ci, il n’y pas eu pile. On a fait face.

L’extrême chaleur, 30° à l’ombre, y est peut-être pour quelque chose. Les Américains y sont peut-être aussi pour quelque chose. Et les Français aussi, avec leur nouvelle ypérite. Et puis enfin sûrement le vin de France au pays duquel on se bat, le vin qui s’est rangé aux côtés des alliés.

[…]Le G.A.E. nous téléphone ceci : « Nous avons attaqué en force entre Fontenoy et Château-Thierry. Boches enfoncés. La cavalerie est à Oulchy-le-Château. Deux corps d’armée annoncent déjà 5.000 prisonniers… La Montagne de Paris, devant Soissons, est à nous… Boches incendient leurs camps d’aviation… »

17h : On est insatiable.

Oulchy-le-Château, ça ne suffit pas. On veut Fère-en-Tardenois. On l’a. On veut des prisonniers par milliers : on en a déjà 18.000.

Le « communiqué des cuisines » circule sous forme de feuilles de bloc-notes griffonnées à la hâte. Trois noms reviennent sans cesse dans les conversations fiévreuses : Foch, Mangin (10ème armée) et Gouraud (IVème armée, Champagne). On dit que Gouraud avait, le 14 juillet, replié ses troupes après avoir eu soin d’arroser à l’ypérite tous les abris et sapes. A l’heure de l’attaque allemande, connue du 2ème bureau dès l’avant-veille, barrage français furieux sur les anciennes lignes françaises : les Boches se réfugient dans les sapes où ils sont ypérités. On explique ainsi l’échec du 15 sur Prunay, Prosnes, Souain.

21h : Le communiqué allemand est bref : « Ce matin les Français ont attaqué entre l’Aisne et la Marne avec des forces considérables, soutenues par des chars d’assaut. Nos réserves accourent sur le champ de bataille. »

Le G.Q.G. téléphone : « Ca va, ça va on ne peut mieux. La cavalerie, l’aviation sont épatantes. On les possède. »

La lune brille dans le ciel étoilé. Nous la bénissons… pour une fois. De longs et poussiéreux convois américains passent, side-cars et camions, visages joyeux sous la poussière où ne brillent que l’or des dents et la flamme des yeux.

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Un Goncourt dans la Grande Guerre, avec comme mot(s)-clef(s) . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>