22-24 juin 1918 : un spectacle épouvantable, ça sent la mort à chaque pas



Le samedi 22 juin 1918
Le secteur est toujours calme. Je vais visiter la 1ère ligne à 15 h et je regarde les lignes allemandes à la jumelle, ainsi que le village de Montfaucon. L’église est à moitié démolie mais on y voit encore quelques maisons qui paraissent intactes. Les lignes allemandes sont dans le bois qui est moins saccagé qu’où nous sommes.

Nos premières lignes sont en mauvais état par suite du mauvais temps, il n’y a presque pas d’abris et les hommes qui ne veillent pas sont obligés de se coucher dans la tranchée, enveloppés dans leur toile de tente. Il n’y a pas beaucoup de défense en avant mais le terrain est tout bouleversé de trous d’obus et de trous de mines qui aujourd’hui sont pleins d’eau. Ce terrain, qui était autrefois un bois, est couvert de gros arbres qui ont été coupés et hachés par les obus depuis plus de trois ans. Des plaques de tôles déchiquetées, des poutrelles en fer, des rouleaux de fil de fer, des madriers de bois de travail sont à moitié enfouis dans la terre et finissent de pourrir. C’est à peine si l’on aperçoit le tracé des tranchées. C’est un spectacle épouvantable et je n’ai pas vu beaucoup de secteurs comme ce réduit d’Avocourt. Ça sent la mort à chaque pas. On aperçoit à l’est le sommet de la cote 304. Le 5ème bataillon qui est à notre gauche est relevé ce soir par des troupes américaines. Les hommes qui s’en vont aux corvées de soupe doivent à présent emporter l’équipement et le fusil. Jusqu’ici ils n’emportaient rien que les marmites de campement.
Le dimanche 23 juin 1918
Nous travaillons toute la nuit. Pendant le jour nous nous reposons et il y a constamment trois hommes ou gradés de garde. Le temps est humide et très froid. Lancement de grenades la nuit.
Le lundi 24 juin 1918
Le secteur reste calme. A la 2ème demi-section, un caporal et deux hommes vont toutes les nuits en 1ère ligne occuper un petit emplacement entre la 22ème et la 23ème compagnie. Nous sommes relevés à 23 h et remplacés par la 21ème compagnie du 206ème. Le bataillon va au repos à Auzéville[-en-Argonne]. Je reste dans le secteur toute la nuit pour passer les consignes.

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