12-17 juin 1918 : de retour à proximité des premières lignes



Le mercredi 12 juin 1918
Repos toute la journée. Préparatifs de départ. Nous changeons de secteur. Nous quittons les abris de Vignéville à 20 h et nous allons près d’Avocourt, à environ 6 km à l’ouest du Mort-Homme. Le 6ème bataillon est en 1ère ligne et relève le 52ème régiment italien. La 22ème compagnie est en réserve à la lisière nord de la forêt de Hesse, près de la source de la Buante, logée dans des abris souterrains, par sections éloignées les unes des autres.


Le jeudi 13 juin 1918
Nous avons repos pendant le jour. Nous allons reconnaître les emplacements de combat de notre section, vers le poste d’observation Anatole, dans le ravin des Evantaux. Nettoyage de nos abris de réserve. On voit à la jumelle le village de Montfaucon, la butte de Vauquois, la cote 285, la forêt d’Argonne. Nous travaillons de 21 à 23 h aux ouvrages 10, qui sont nos emplacements de combat en cas d’attaque. Je vois le village d’Avocourt tout démoli dans un ravin tout près d’où nous sommes, les premières lignes sont à quelques centaines de mètres du nord du village.
Le vendredi 14 juin 1918
Canonnade à gauche d’Avocourt. Nous allons travailler aux ouvrages 9 et 10 de 21 h à 23 h. La cuisine roulante est installée auprès des abris de la 1ère section dans la Forêt, et nous pouvons aller chercher la soupe pendant le jour en passant sous bois. Nous mangeons aux heures habituelles, 11 h et 17 h, la nourriture est bonne. Nous sommes à environ 3 km des premières lignes. Nos abris sont plus que suffisants pour loger toute la section et il y a des couchettes en grillage, les abris ont bien 8 mètres de profondeur. Je loge avec les sergents Pilon et Delidais dans un abri à trois places ayant une porte et une fenêtre à l’air libre, parqueté et cloisonné en planches. Nous avons des lampes [à] acétylène pour nous éclairer. Nous allons chercher de l’eau à une belle source toute proche et nous pouvons nous laver et nous désaltérer à volonté. Il y a toutes les nuits un planton pour les gaz et pour toute la section. Le service n’est pas dur et le travail également. Les autres sections sont bien logées aussi et font la même chose que nous. Le 5ème bataillon est à notre gauche. Le 4ème doit être resté au Mort-Homme.
Le samedi 15 juin 1918
Repos pendant le jour. Les hommes jouent toute la journée au bouchon avec des pièces, à la porte des abris. Nous allons travailler de 20 à 23 h. Comme travail nous approfondissons une vieille tranchée et nous y aménageons des emplacements de combat pour en faire un G[roupe de] C[ombat], nous l’entourons aussi de fil de fer. Le secteur est assez calme et nous pouvons sans crainte circuler dans le bled la nuit, il n’est presque jamais tiré de coups de fusil. Le lieutenant Tuffreau rentre de permission. Le sous-lieutenant Méraud est cité à l’ordre de l’armée pour l’affaire du 22 [et 23] mai.
Le dimanche 16 juin 1918
Duel d’artillerie. Vu aéros et Taubes toute la journée. Je vais le long de la Buante jusque vers sa source. Je vais aux cuisines à 19 h. Travail habituel.
Le lundi 17 juin 1918
Les soldats tchèques qui sont avec nous, devant repartir prochainement, s’en vont dans une section de la compagnie qui est en première ligne pour pouvoir se rendre compte de ce qui s’y passe. Nous allons au travail de 20 à 23 h aux ouvrages 9 et 10. Pendant la nuit il est lancé quelques grenades et quelques fusées éclairantes ; presque jamais d’obus.

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