24 avril – 3 mai 1918 : nous ne voyons jamais aucun Allemand dans leur première ligne



Le mercredi 24 avril 1918
Il pleut toute la journée. Il n’y a pas de travail cette nuit.

CARTE OFFICIELLE couleur Bulle

Recto : »Correspondance des Armées de la République ‑ Carte en Franchise – Modèle A1 pour les troupes en opérations.

« Les militaires aux armées ne doivent pas porter leur adresse sur les cartes postales qu’ils expédient à découvert, ils se bornent à les signer. Ils ne peuvent donner leur adresse à leurs correspondants que sous enveloppe close. » …….

Verso : « Cette carte doit être remise au vaguemestre. Elle ne doit porter aucune indication du lieu d’envoi ni aucun renseignement sur les opérations militaires passées ou futures. S’il en était autrement, elle ne serait pas transmise »

24-04-18

Mon cher père,

C’est demain votre fête, je ne veux pas laisser passer cette date sans  vous  renouveler l’assurance de mes sentiments d’affection et de  reconnaissance. Je souhaite pour vous la santé que vous avez eue jusqu’ici, ce qui me tranquillise de vous savoir toujours solide. Je  souhaite  que vous puissiez voir encore bien des fois cette date de votre fête, afin de nous voir tous réunis après cette longue séparation et de pouvoir nous reposer plus complètement et d’être ainsi récompensé d’une vie si bien remplie. Puissent mes vœux être exaucés par notre retour à  tous. Je suis en bonne santé. Je vais quitter les positions de réserve demain soir pour aller en  1ère ligne pour  8  jours. Je vous embrasse de tout mon cœur.  Votre fils dévoué ‑ H. Moisy
Le jeudi 25 avril 1918
Le sergent Pilon va de 5 à 8 h reconnaître les emplacements que nous devons occuper ce soir. Echange de linge. Le sous-lieutenant Méraud, venant de la 18ème compagnie, arrive à la 4ème section. Nous sommes remplacés par la 18ème compagnie et nous partons à 22 h en 1ère ligne où nous relevons la 13ème compagnie. La compagnie est dans le même secteur que la dernière fois. Ma section est dans la tranchée Blanchard, la 2ème section est aux îlots 5 et 6. Le sergent-major Laret passe à la 19ème compagnie. Le sergent de Camaret part en permission.
Le vendredi 26 avril 1918
Nous veillons toute la nuit. Nous avons deux abris pour la section. Je vais la nuit jusqu’au bord de la Hayette. La 1ère section va en embuscade auprès du ruisseau de Forges, avec le sous-lieutenant Grillet.
Le samedi 27 avril 1918
Nous posons du fil de fer. Bombardement vers 21 h. Le reste de la nuit très calme. Il y a un tué et deux blessés à la 21ème compagnie.
Le dimanche 28 avril 1918
Aménagé la tranchée la nuit. Repos le jour. Pluie toute la nuit.
Le lundi 29 avril 1918
Posé des fils de fer. Le colonel commandant l’Infanterie Divisionnaire et le lieutenant-colonel Caron commandant le 344 viennent visiter les premières lignes avec le commandant Chevallier, commandant le 6ème bataillon. Il y a toujours une sentinelle à la porte de chaque abri pendant le jour. La nuit tout le monde veille ou travaille. A 20 h ma section va relever la 2ème aux Groupes de combat 5 et 6.
Le mardi 30 avril 1918
Il y a rencontre de patrouilles française et allemande vers l’ouvrage de Lorraine, secteur de la 21ème compagnie, suivie de coups de feu et de cris, chaque patrouille rentre dans ses lignes en causant et en s’appelant les uns les autres. Il y a eu aussi des grenades de lancées. Le reste de la nuit est calme. Pendant le jour il y a une sentinelle et un gradé dans la tranchée. Nous sommes en face et à environ 600 m au sud de Béthincourt. Les tranchées allemandes sont au nord de Béthincourt et le village ne paraît pas occupé, pendant le jour du moins. Nous ne voyons jamais aucun Allemand dans leur première ligne. On peut voir quelquefois à la jumelle, à 2 ou 3 km à l’intérieur de leurs lignes, quelques hommes ou cyclistes qui circulent tranquillement à terrain découvert. Une vingtaine d’obus sont tombés vers midi, auprès de nos abris sans toucher personne.
Le mercredi 1er mai 1918
Nuit calme. Bombardement de l’îlot 6 de 10 à 11 h. Tout le monde rentre dans les abris, à l’exception d’un guetteur. Le canon tonne très loin à l’ouest, pendant la nuit. Au Mort-Homme et à la cote 304, le secteur est absolument calme.
Le jeudi 2 mai 1918
Nuit et journée très calme. Temps clair et chaud. Nous aménageons la tranchée Kovel (1ère ligne). Il y a en avant un bon réseau de fil barbelé de 10 mètres de largeur et nos îlots sont entourés d’un autre réseau qui les renferme complètement. Nous lançons toutes les nuits quelques fusées éclairantes. Les Allemands n’en lancent jamais, ce qui fait que nous ne savons pas exactement où ils se trouvent la nuit.
Le vendredi 3 mai 1918
La 1ère section étant en réserve, c’est elle qui fait les patrouilles. Nous sommes relevés à 23 h par la 18ème compagnie et nous allons au repos dans le bois de Béthelainville.

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