9 – 27 février 1918 : mon séjour au centre d’instruction se déroule sans événements importants



Le samedi 9 février 1918
Le Centre d’Instruction Divisionnaire de la 68ème Division quitte Vavincourt à 7 h ½. Nous prenons la colonne au passage à Sarney. Nous quittons Mme Henry après avoir logé 10 jours dans une de ses chambres. Nous passons à Chardogne, Varney, Musey, Vassincourt. Arrivée à Contrisson à 15 h. Nous avons fait 20 km. Grand-halte à Vassincourt.


Le dimanche 10 février 1918
Repos. Installation du cantonnement. Ma section est encore logée à part vers le lavoir public. Je couche dans un grenier. Ma compagnie loge dans des baraques Adrian. Revue du cantonnement à 16 h par le lieutenant Esnou. L’adjudant Gréhal part en permission de dix jours, l’adjudant Mathé le remplace aux isolés. Notre popote est installée chez Mme Curé, des régions envahies. Je vais à ma messe à 10 h ½ à l’église de Contrisson.
Le lundi 11 février 1918
Théorie sur le fusil-mitrailleur le matin. Exercice vers Remennecourt le soir. Nous sommes à 4 km au S.-O. de Re[vigny-sur-Ornain] et il y a à proximité les embranchements de cinq ou six lignes de chemin de fer. Le canal de la Marne au Rhin passe à Contrisson.
Le mardi 12 février 1918 – mardi-gras –
Théorie le matin. Exercice le soir vers Vassincourt. Le lieutenant Esnou part en permission de dix jours. Le lieutenant Thomet commande la compagnie en son absence.
Le mercredi 13 février 1918
Théorie sur le fusil-mitrailleur matin et soir. Il pleut toute la journée.
Le jeudi 14 février 1918
Théorie matin et soir. Des hommes et gradés du régiment viennent faire un stage aux spécialités du C. I. D. – Sergents Duval, Delporte, Petit, Moulin, Gauthier, Robin, Leblanc, Breton.
Le vendredi 15 février 1918
Marche le matin vers Vassincourt et le soir à Mognéville et Couvonges. J’ai vu un renard dans les bois de Vassincourt. A la compagnie, tous les hommes vont aux spécialités.
Le samedi 16 février 1918
Repos toute la journée. Le sergent-major Testard rentre de permission.
Le dimanche 17 février 1918
Repos le matin. Théorie le soir au cantonnement. M[esse] de 10 h ½ à Contrisson. Je vais me promener à Andernay le soir. Il passe plusieurs bateaux pendant la journée à l’écluse de Contrisson. Entre Contrisson et Bar-le-Duc, sur 19 km, il y a 18 écluses sur le canal.
Le lundi 18 février 1918
Théorie matin et soir. Le temps est très froid, le canal est gelé et les bateaux ne peuvent pas circuler. Il y a eu alerte d’avions cette nuit et des Taubes sont venus sur Revigny.
Le mardi 19 février 1918
Marche le matin jusqu’au château des Faux-Miroirs et à la chapelle de Notre-Dame-de-Grâce, près de Revigny. Il y a là un point de vue admirable sur la campagne environnante. Il y a un hôpital anglais au château des Faux-Miroirs. Théorie le soir. Le temps est toujours sec et très froid.
Le mercredi 20 février 1918
Marche le matin à Sermaize-les-Bains, par Andernay. Nous passons du département de la Meuse dans celui de la Marne entre Andernay et Sermaize. Nous passons auprès d’un établissement thermal. Le village de Sermaize-les-Bains est complètement démoli depuis 1914. Il y a des habitants qui sont logés dans des maisons réparées ou reconstruites et aussi dans des baraquements en planches. Il y a une usine qui fonctionne, vers le canal. Ce village est situé sur la ligne de Paris à Bar-le-Duc et sur la rivière Le Saulx. L’Ornain passe à Revigny. Le canal de la Marne au Rhin passe également à Sermaize. Nous avons théorie le soir au cantonnement sur le fusil-mitrailleur. Cette théorie est faite tous les jours par l’adjudant Mathey et moi, aux 25 hommes de la section qui a été isolée à cause des oreillons.
Le jeudi 21 février 1918
Théorie le matin. Marche l’après-midi par le château et la chapelle des Faux-Miroirs, Revigny et retour à Contrisson. Nous entendons un violent bombardement de 4 à 6 h vers l’Argonne.
Le vendredi 22 février 1918
Théorie matin et soir au cantonnement, à cause du temps pluvieux.
Le samedi 23 février 1918
Théorie matin et soir. A 20 h, un renfort de la classe 1918, du 9ème bataillon du 71ème d’infanterie, venant d’Eclaron (Haute-Marne), arrive au Dépôt Divisionnaire. Un renfort de 100 hommes du 9ème bataillon du 144ème d’infanterie, venant de Choisy-en-Brie (Seine-et-Marne), arrive également. Il en est affecté 25 à ma compagnie (24/344). Je retrouve bien des camarades que j’avais quittés il y a un mois : aspirant Picart, sergents Dalbavie, Chaumeron, Barrière, caporal-fourrier Caux, lieutenant Souillac.
Le dimanche 24 février 1918
Repos le matin. Théorie le soir. M[esse] de 7 h (+) et de 10 h ½. Je vais me promener de 16 à 18 h à Revigny[-sur-Ornain]
Dimanche 24 février 1918

Mon cher père,

Mon séjour au C. I. D. se continue sans évènements importants et le temps passe assez vite malgré la mauvaise saison. La température est très variable et après une période très froide il est survenu un temps doux et humide, il y a de la boue liquide sur toutes les routes et on patauge journellement.

Etant couché dans un grenier je ne suis pas trop mal depuis qu’il fait moins froid. J’ai toutes mes nuits tranquilles de 8 h du soir à 6 h ½ le matin. Le pays n’a rien de bien intéressant. C’est la Meuse et elle est telle que je l’avais connue autrefois.

Comme c’est cette semaine la fin du mois je pourrai peut-être me rendre [en permission] à la fin de la semaine, il n’y a rien de bien sûr. Ce n’est plus comme à Choisy où je pouvais annoncer le jour et l’heure de mon arrivée.

Le régiment est actuellement à Verdun et s’il n’y avait pas eu pour moi le cas que je vous ai indiqué j’y serais aussi. Le canon a tonné fort ces jours‑ci vers l’Argonne, toutes les nuits c’est un roulement continuel.

Ma santé est bonne.

A bientôt je l’espère le plaisir de vous voir. Agréez mes affectueuses salutations. Votre fils –H. Moisy
Le lundi 25 février 1918
Théorie matin et soir au cantonnement. L’adjudant Gréhal rentre de permission. Il pleut toute la journée.
Le mardi 26 février 1918
Marche le matin vers Vassincourt, toujours pour la section isolée. Tous les autres hommes du C. I. D. vont à l’exercice ou au cours des spécialités. Théorie le soir. La nourriture est mauvaise et peu abondante depuis quelque temps ; nous nous approvisionnons à la Coopérative et aux épiceries du pays. Notre popote est toujours chez Mme Curé. Plusieurs avions passent dans la région la nuit. Le 12ème Hussard quitte Contrisson dans la nuit.
Le mercredi 27 février 1918
Théorie matin et soir. Le lieutenant Esnou rentre de permission.

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