10 février 1917. De Rabat à Casablanca
J’ai pris, pour franchir ces cents derniers kilomètres, la bonne grosse diligence automobile, à compartiments. A l’intérieur, embarrassés dans leurs voiles peu propices aux voyages, des Marocains sont entassés. Ils sont graves et sereins. Et comme ils sont riches, leurs caftans sont mauves, jaunes ou vert émeraude. Au passage d’un oued, notre auto reste en panne : ils ne sortent point de leur gravité. Mais un peu plus loin une nouvelle panne nous ayant arrêtés, au coucher du soleil, je vois mes compagnons de route descendre de la voiture. Ils sont trois qui, après avoir quitté leurs jaunes babouches, s’agenouillent dans la boue, le visage tourné vers la Mecque, et font leur prière du soir. L’auto réparée, le chauffeur les bouscule rudement et cette brute donne, par son geste, la mesure de notre décadence mystique.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.
il doit s’agir d’un chauffeur farançaoui j’imagine..
geste regrettable bien sûr, et surtout pas dans la philosophie du Résident Général par rapport à ses directives et au respect qu’il convenait d’avoir à l’égard du Maroc et de la qaïda dans son sens large..
Mais il ne saurait bien entendu être partout pour réprimer les abus qui éclosent dans le Protectorat, à cause de la bêtise ou de la malignité des uns et des autres…