3 février 1917. Il gèle. Il fait beau. Je pars.



3 février 1917 d’Aïn Leuh à Ito

Il gèle. Il fait beau. Je pars. Et dès le départ, la boue étale devant mon cheval son terrible et mol obstacle. C’est tout un problème de s’éloigner du camp et d’atteindre la piste d’Ito par casbah Moucha et casbah Youssef. Derrière moi, peine et souffle le mulet porteur de mon bagage. 1005 est juché au haut du monument de mes cantines que recouvre un beau tapis Zaian, vieux rose. Moi-même je suis enveloppé dans ma djellaba en poils de chameau et j’ai l’air d’un berbère en voyage. C’est ainsi que nous cheminons, une fois les boues franchies, à travers la vaste plaine du Tigripra où l’orge lève, où fleurissent par milliers les pâquerettes blanches et roses. L’oued Tigripra est un nouvel obstacle. En vain le tâtons-nous sur plusieurs centaines de mètres de son cours : partout un fond de deux mètres au moins nous interdit de passer. Enfin après une heure de recherches vers l’amont, je trouve un fond d’un mètre cinquante environ et nous passons, non sans avoir, moi, les pieds et les jambes trempés, ma cantine son fond noyé.

Nous franchissons en cinq heures les trente kilomètres d’Aïn Leuh à Ito, c’est dire les difficultés rencontrées en route.

A Ito souffle un vent de glace en lames de rasoir. Une tourmente de neige enveloppe le Djebel Hebri et Timhadit.

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2 réponses à 3 février 1917. Il gèle. Il fait beau. Je pars.

  1. ponsard dit :

    plutôt inhospitalier le Moyen-Atlas en 1917…Le printemps n’en sera que plus bienvenu…

  2. ponsard dit :

    MB arrive à se tenir à cheval malgré la déchirure d’un muscle d’une cuisse ? Bigre, il est vraiment dur au mal notre futur Goncourt..!
    Mais sa déchirure risque de s’aggraver avec les mouvement de l’animal, même au pas, et s’il doit trotter un peu…et par là compliquer l’intervention du chirurgien militaire » pas trop malhabile » de ses mains…
    Il n’y a que la foi qui sauve.

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