31 janvier 1917. Aïn Leuh
Je vous quitterai donc, Aïn Leuh d’hiver, je vous quitterai sans tourner vers vous le regard qui change en statue de sel. Vie abominable des camps qui me détériore mon beau Maroc sauvage et nu, refrains de clairons, corvées d’eau et corvée de pommes de terre, officiers en sabots surveillant maçons et charpentiers… Boue, boue souillante, injurieuse, boue qui est née de la semelle des militaires brutaux et qu’ignoraient vos fins pieds nus, Berbères gracieux. Je quitterai la boue, je quitterai les clairons et le gramophone du « Cercle », les baraques Adrian et les tentes-marabouts, les bridgeurs ennuyés et les causeurs ennuyeux, qui traînent ici une existence morne et sans but. Je quitterai Marignan et mes tirailleurs qui sont un peu mes enfants, cela seul est triste.
MB a de la peine de quitter ses braves tirailleurs, et aussi finalement les » Berbères gracieux.. » ça se comprend.
Mais pas le sinistre Aïn Leuh, sa boue, son ennui et ses moroses compagnons.