5 janvier 1917.
Les troupeaux sont réapparus, plus nombreux, plus denses que jamais, gardés par des cavaliers bien décidés à ne pas laisser razzier leurs bêtes. La T.S.F. nous a envoyé l’ordre d’arrêter le tir du canon, de laisser les dissidents envahir la plaine à une portée de fusil afin de les mettre en confiance. Il est dans les intentions du colonel Colombat d’opérer une razzia dans la plaine de M’rirt. Hum ! je ne crois pas qu’il donne une suite à son projet, il a mieux à faire à Aïn Leuh où les insoumis sont venus avant-hier couper les réseaux de fil de fer du camp et ont blessé hier plusieurs hommes dont un maréchal-des-logis de cavalerie. Petits incidents, petits riens qui corsent notre vie, ponctuent la monotonie de nos journées et perpétuent la tradition du Maroc.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.