20 octobre 1916. Les Aït-Abdi dissidents tiennent à Bekhrirt nord-ouest de la Moulouya leur thalemt annuel



20 octobre 1916.

Les Aït-Abdi dissidents tiennent à Bekhrirt nord-ouest de la Moulouya leur thalemt annuel. C’est l’assemblée de tous les hommes en mesure de prendre les armes réunie pour l’élection du chef de guerre, le cheikh er rebia (le chef du printemps). Chaque jour des espions à la solde de Mimoun ou des espions volontaires arrivent au poste porteurs de renseignements. Métier dangereux et pénible s’il en fût, réservé aux femmes et aux misérables. Marchant la nuit à travers la montagne, se dissimulant et dormant pendant le jour derrière un rocher, dans un fourré de thuya, ils franchissent les quarante kilomètres qui séparent Timhadit de Bekhrirt ; le plus souvent ils sont porteurs d’une lettre écrite par un espion de plus grande envergure et prenant part au thalemt. Ce thalemt des Aït Abdi auquel assistent également les Zaïan et d’autres tribus voisines groupe huit à dix mille hommes qui pendant les quelques jours de l’assemblée s’excitent, s’enflamment par des discours. Des marabouts vénérés viennent y prendre la parole, des bardes viennent y chanter la guerre et certainement des agents musulmans de l’Allemagne y distribuent de l’argent et des munitions. Nous sommes donc sur le qui-vive.

Les sentinelles, pendant la nuit, redoublent de vigilance. Les mitrailleuses sont en place aux angles du poste. Les canons sont prêts à hurler. « C’est par le canon que le Roumi dominera le monde… » chantent les bardes. Les cent cinquante hommes de la garnison peuvent résister à dix mille assaillants pendant au moins les deux jours nécessaires à la colonne d’Aïn-Leuh pour venir à notre secours. Les cartouches ni les vivres ne nous manquent. La seule impossibilité à soutenir un siège plus long est le manque d’eau. Nous courons moins de risques que Tarzout et Almis, postes au nord de Timhadit, sur la route de Fez. Tarzout, en juillet dernier, a été très violemment attaqué : une partie de la garnisson était hors de combat et le poste avec ses occupants, ses munitions, ses canons allait tomber aux mains des assaillants quand, après une marche forcée de 7O kilomètres par une chaleur atroce, la colonne d’Aïn-Leuh arriva au secours de Tarzout. Les bruits qui circulent en ce moment voudraient que Tarzout fût de nouveau attaqué ces jours-ci. Aussi le colonel Poeymirau vient-il d’arriver de Meknès à Aïn-Leuh pour prendre le commandement éventuel de la colonne.

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