Une tornade sur le camp : 10 octobre 1916



Une tornade sur le camp : 10 octobre

Il fait très beau. Au loin, très loin, vers la Moulouya un orage noircit l’horizon. Soudain une petite colonne de poussière s’élève près de l’entrée du poste, elle s’amplifie, se grossit, et gonfle en se déplaçant vers la droite atteint l’emplacement de la 10ème compagnie des Marocains. Tentes, burnous, papiers sont absorbés, arrachés et montent dans un fol tourbillon à 50m en l’air. Nous rions bien, car le malheur des autres réjouit le cœur de l’homme. Les spahis rient. Le colonel rit. Les nègres rient. Tout le monde rit. Mais la tornade en sa valse infernale descend lentement vers nos tentes. Je ris moins. La tornade pille, arrache, broie, déchire les guitounes sénégalaises mes voisines. Un brusque écart la dirige vers moi. Mes hommes, moi-même, nous nous cramponnons aux cordes de ma tente : les burnous font dans l’air de grands gestes de désespoir. Un plat de campement arraché d’une cuisine sénégalaise s’en va tomber à 200m de là. Les chevaux hennissent. Les mulets se couchent. A 20m de mon gourbi, la colonne tourne et se dirige vers le marabout du colonel Colombat. Je recommence à rire. Si elle pouvait envoyer au diable du Foum-Greney la paperasse administrative !…

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