2 mai 1916.
Ce matin, le chemin du Sillacker, où j’aime tant me promener, est furieusement bombardé à coups de 105. C’est la faute des artilleurs du capitaine Jeansolein : ils placent à quelques centaines de mètres d’ici deux pièces de 155. Ils ont allumé du feu pour leur cuisine et la fumée a révélé leur présence à l’ennemi, qui se trouve à quelques trois mille mètres de là. Un homme est blessé au bras. Je revis pendant quelques instants, dans un abri, ce que je vivais il y a un an jour pour jour à la tranchée de Calonne. Je ne suis pas mêlé aussi intimement qu’alors à la lutte, mais les mêmes obus continuent de s’écraser sur le sol autour de moi, de décapiter de beaux hêtres couverts de tendres jeunes feuilles, les mêmes balles continuent de chanter à mes oreilles et de claquer en rencontrant les branches des arbres. C’est toujours la guerre. Et dans un an ?
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.
Merci l’ancien, pour votre histoire détaillée. J’ai lu votre texte en aparté d’un article sur le technival de Salbris, du coup je croyais que vous étiez juste allé vous promener à ses abords, et que les boum-boum des sonos vous rappelaient juste les canons de 105…