31 mars 1916.
Voyons… Voyons… Cette guerre est bien monotone. Les canonnades succèdent aux canonnades. Quand il se passe quelque chose de bien, un massacre à grande envergure, ce n’est jamais dans notre secteur …
Mon journal de guerre est d’un « au jour le jour » navrant…
Comment lui redonner un peu de cette vie qu’il était quotidiennement si aisé de lui donner aux temps si héroïques du 170 ?…
Des vers ?…
Peuh !
Ils seraient d’une obscurité dont je ne consentirai jamais à sortir pour faire plaisir à mes lecteurs.
Alors ?
Alors… Dessinons la guerre.
A la Schlucht les marmites, comme les jours, se suivent et se ressemblent.
A 5 heures un tir, probablement « de représailles » en réponse à une douzaine d’obus incendiaires lancés par les 155 avec résultat satisfaisant, un tir se déclenche qui abat quelques tuiles et quelques arbres de plus, tue le cheval du commandant Delamare, qui passait par là en cabriolet, blesse son ordonnance, le fidèle Lacour, et épargne une mésange qui sifflait le printemps sur la guérite de la sentinelle. J’ai fort bien vu arriver l’obus-tueur du cheval. Il passa à quelques mètres au-dessus de nos têtes (les têtes de Krohg, Halvorsen et de moi) pour tomber à quelques mètres devant la gare française. […]
Verdun n’était pourtant pas très loin……
» quand il se passe quelque chose de bien, un massacre à grande envergure, ce n’est jamais dans notre secteur… »
sans doute à comprendre au second degré, sinon l’état d’esprit de l’ami Maurice ne laisserait pas de nous inquiéter sérieusement…