8 février 1916. les Allemands ont bombardé la route de Munster



8 février 1916.

Pendant toute la matinée les Allemands ont bombardé la route de Munster au-dessous de l’hôtel de l’Altenberg, arrêtant toute circulation et nous tuant… quatre mulets. Les pauvres sapins sont dans un état lamentable et ma belle forêt de l’Altenberg où j’aime tant me promener devient une sinistre clairière. C’est de la faute d’une batterie de 75 qui se trouve là et qui a le don d’agacer le Boche.

Cet après-midi bombardement des tranchées ennemies entre Sultzeren et Stosswihr. Pour cet arrosage, des batteries de 95 se sont installées dans les bois du Taneck et du Gazon de Faîte. Vers 1h30 le tir commence. J’assiste au spectacle du haut de l’observatoire du Taneck, dissimulé derrière d’énormes rochers couverts de neige. Je m’y trouve avec le capitaine Moufflet. Le marmitage est opéré par des 155 (notre batterie) des 120, des 95, des 90 et des 75. Il manque d’allure. Il ne vaut pas les marmitages allemands, réalisés avec une extrême violence en un temps très court. Nos obus ne se suivent pas d’assez près. Trop de répit pour l’ennemi. Bientôt Stosswihr brûle et les artilleurs exultent car rien ne les réjouit autant qu’un incendie.* Vers 3h un biplan français qui s’aventure au-dessus de Munster est pris en chasse par un monoplan allemand. Pendant que celui-ci prend de la hauteur pour le survoler notre biplan fait demi-tour et s’enfuit poursuivi par l’aviatik qui brûle en vain contre lui plusieurs centaines de cartouches de mitrailleuses. Et le marmitage continue sous une violente rafale de neige pendant que les Allemands ouvrant le feu également bombardent le Petit-Reichacker, le Barrenkopf et le Linge. A 4h1/2, enfin, se déclenche un tir effréné qui dure un bon quart d’heure, démolit les maisons de Stosswihr, fait un bruit et une fumée d’enfer. Les 75 de Lichstern aboient comme des roquets et je vois voler les mottes de terre des prairies de Stosswihr. On sent l’ennemi affolé et ahuri. Quelques boches à ce moment fuient « vers l’avant » et se rendent à nous en bons camarades. Ils doivent être une trentaine. Et c’est le butin de la journée.

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