12-18 juin 1915 : une période aussi calme que les autres mais plus de pertes pour la compagnie



Le samedi 12 juin 1915
Arrivée aux tranchées de première ligne à Bolante à 3 h. Ma compagnie remplace la 4ème compagnie du 4ème d’infanterie. Nous avons fatigué beaucoup pour faire la marche. A partir de ce jour il y a une corvée régulière par compagnie pour apporter la soupe aux tranchées. La nuit, j’ai posé un créneau dans le secteur de la 3ème section, avec plaque d’acier en avant. Vive fusillade la nuit.

Le dimanche 13 juin
Aménagé la tranchée. Nous avons placé derrière chaque créneau un carré d’étoffe noire pour dissimuler la circulation dans la tranchée. Temps chaud et nuageux. Le sergent Michelet, de la 1ère section, a été blessé d’une balle à l’épaule.
Le lundi 14 juin 1915
J’ai placé trois réseaux de fil de fer Brun devant la tranchée, les tranchées allemandes étant trop rapprochées pour permettre de poser du fil barbelé avec piquets. J’ai posé deux créneaux avec plaques d’acier. Le sergent Guillon, de la 2ème section, a été blessé au bras par un éclat de bombe, étant en patrouille. A la suite de cette patrouille : fusées éclairantes, violente fusillade ennemie, grenades, pétards, etc… Les tranchées allemandes sont à environ 40 mètres des nôtres, avec petits postes en avant.
Le mardi 15 juin 1915
Ma section a quitté la 1ère ligne à 3 h et est allée occuper les 2ème et 3ème lignes. Repos relatif toute la journée. Lancement de crapouillots par le 2ème bataillon à 18 h. Les Allemands ont riposté par des obus de 105 et de 77 et par des minenwerfer. Le s/lieutenant Pigelet a été tué et le s/lieutenent Chrétien blessé par un 105 qui est tombé sur leur abri. Les tranchées sont pleines de débris et le clayonnage [est] détruit par endroits. Nous sommes obligés de travailler toute la nuit pour remettre tout en place. Beau temps très chaud.
Le mercredi 16 juin 1915
Lancement de crapouillots et bombes à main à diverses reprises. Un artilleur des pièces de 58 a été tué et un autre blessé dans le secteur de la 5ème compagnie. Beau temps très chaud.
CARTE POSTALE ‑ Recto : L’ARGONNE – Aubréville – Route de Varennes

Edition E. Moisson, Sainte Ménehould

Verso :

Le samedi seize juin 1915 – 13 heures

Mon cher père
Quoique la période de tranchée que je traverse en ce moment soit aussi calme que toutes les autres, il y a eu plus de pertes à la compagnie que nous n’en avions eu depuis longtemps. C’est le 5ème jour et nous avons eu déjà deux hommes blessés, deux sergents blessés, l’un en patrouille en avant des tranchées la nuit, a été blessé au bras, l’autre blessé à l’épaule par une balle qui a passé par un créneau. Hier nous avons eu un sous-lieutenant tué et un autre blessé. Ils étaient tous deux dans une cabane et un obus allemand de 105 mm est tombé dessus et les a ensevelis tous deux. Comme vous voyez, c’est assez dangereux. Mais je ne m’effraye pas pour ça, j’en ai tellement vu tomber. La chaleur est toujours grande. Ma santé est très bonne. Que de travail vous devez avoir en ce moment. Je vous embrasse de tout mon cœur. – Votre fils – H. Moisy
Le jeudi 17 juin 1915
Toujours en 3ème ligne. Les Allemands lancent des pétards et des bombes à main sur nos tranchées. Des gaz asphyxiants ont été ressentis à droite vers la 7ème compagnie. Beau temps chaud.
Le vendredi 18 juin 1915
Repos et quelques corvées de matériel dans la journée. Le soldat Defonte est blessé d’une balle à l’épaule. Beau temps chaud.

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