17 au 22 février 1915. Puiseux.
Vie de cantonnement. Inspections de généraux, de colonels. Les fumiers, les ruisseaux, grave question qui vaut de temps en temps des arrêts aux uns et aux autres. Les habitants trouvent notre propreté fastidieuse, voient avec angoisse les fumiers quitter le seuil de leur maison.
La guerre ?… On n’en entend plus parler. C’est de l’histoire ancienne… Il fut un temps où le feu des combats détruisait les villages, jetait bas les clochers, fauchait les arbres… Un temps où l’homme, fuyant la Mort partout embusquée, vivait sous terre, marchait à quatre pattes, parlait à voix basse… Il fut un temps…
Aujourd’hui les oiseaux chantent dans les arbres, les bonnes femmes vont au lavoir, les enfants jouent au cerceau avec des cercles de tonneau ; dans le potager du château, le jardinier taille ses pêchers et bine ses fraisiers… C’est la paix.
Nous nous ennuyons…
bien désoeuvrés ces » poireaux » et ces » colons » pour venir embêter les malheureux troupiers qui respirent un peu après les épreuves…