22 octobre 1914. Je profite d’un moment de calme pour aller à bicyclette jusqu’à Bar-le- Duc.



22 octobre 1914.

Image4

Le 22 octobre, enfin, le colonel Naulin m’autorise – officieusement –, à prendre des photos. Je file à Bar-le-Duc. Je fais l’acquisition d’un méchant Kodak. Et le soir même, j’opère: La popote du 2e Bataillon. S/Lt Cordonnier, Blanchon ; Cl Mollard ; Cne Gresser ; S/Lt Marchand ; Mcin aux. Caussade S/Lt Hartmann – S/Lt Gassier – Lt Dupont – Cne Dufour – Lt Boulanger – Lt (à la fenêtre le servant Gravette et le cuisinier Meunier)

Je profite d’un moment de calme pour aller à bicyclette jusqu’à Bar-le- Duc.

Il fait un soleil rose. Les femmes et les enfants sont aux champs, conduisant la charrue, arrachant les betteraves et les pommes de terre. Passé le village d’Erize on n’entend plus le canon ; devant les portes des maisons les chiens dorment, les enfants – ceux qui sont trop jeunes pour travailler la terre – jouent à se battre comme leurs grands frères[…]

A Bar-le-Duc les rues sont animées, les magasins sont riches. Je trouve à acheter un kodak. Il n’y a pas que des confitures, il y a aussi des journaux dont nous sommes beaucoup plus friands que de sucreries. A l’hôtel où je déjeune il y a un très grand nombre d’officiers : à la fraîcheur de leur teint, à la propreté de leurs uniformes on voit bien vite qu’ils ne reviennent pas du front. On le voit surtout à la naïveté des questions qu’ils posent à ceux qui y sont allés : je suis à la table auprès d’un gros capitaine d’artillerie qui ouvre des yeux gros comme des boulets de canons aux récits que je lui fais. Il n’a pas du tout l’air de vouloir venir attaquer Saint-Mihiel… Je me sens mal à l’aise au milieu de ce monde-là… vite, je fais des provisions de cigarettes et de chocolat et je file de nouveau vers l’Est. Naives, Erize, Lavallée… Lignières… Brrroum… brrroum… pagnne ! pagnne !… Du canon… Des avions qui tournent… Ah ! Je respire.

  • Facebook
  • Twitter
  • Delicious
  • LinkedIn
  • StumbleUpon
  • Add to favorites
  • Email
  • RSS
Cette entrée a été publiée dans Un Goncourt dans la Grande Guerre, avec comme mot(s)-clef(s) , , , , , , . Vous pouvez la mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à 22 octobre 1914. Je profite d’un moment de calme pour aller à bicyclette jusqu’à Bar-le- Duc.

  1. Patrice PONSARD dit :

    Le phénomène des  » embusqués » commence déjà à pointer son nez… » un gros capitaine d’artillerie qui ouvre des yeux gros comme des boulets de canon…Il n’a pas du tout l’air de vouloir venir attaquer Saint-Mihiel… »
    Il en sera ainsi durant tout le conflit, il y aura des gens tous grades confondus qui n’auront plus qu’une obsession : être  » Loin de la riflette » , comme disait joliment le regretté Galtier-Boissières…
    Et si l’on pas eu la « chance » d’avoir reçu la « bonne » blessure, celle qui réforme, retarder le plus possible le retour dans les tranchées après la convalescence à l’arrière …

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>