Les engagements des candidats : le chômage et l’emploi (2/10)
Le chômage est la deuxième grande préoccupation des Français dans cette campagne, intimement liée à celle du pouvoir d’achat, que nous traitions hier. La majorité des candidats comptent sur les secteurs d’avenir pour créer des emplois, et proposent des contreparties aux entreprises qui embaucheraient des jeunes, des seniors, ou des chômeurs. Mais chacun propose également ses recettes propres. Le blog NR Présidentielle 2012 en a fait le détail.
Les engagements des candidats : Le pouvoir d’achat (1/10)
Dix jours avant le premier tour, le Blog NR présidentielle 2012 revient sur les principaux centres d’intérêts des Français et reprend, candidat par candidat (selon l’ordre tiré au sort par le Conseil consitutionnel), leurs principales propositions. L’exercice, non exhaustif, doit cependant permettre de dégager une philosophie des promesses et des engagements des dix candidats.
Portraits de militants (4/6). « Je me suis d’abord préservée dans la politique »
En signe de reconnaissance, « je vous passe l’écharpe orange! » a plaisanté Fanny Siouville, militante Modem, au moment de fixer un rendez-vous. Le foulard était beige et blanc, effectivement ; la montre en revanche éclatait d’un bel orange « Modem ». Pour cette professeur de français de 29 ans, l’histoire a – officiellement – commencé en 2007, avec la campagne présidentielle et ses séries de meetings.
C’est là qu’elle a commencé à s’intéresser de près à ce qu’elle appelle la « Res Publica, la chose publique ». Et c’est au milieu de centaines de militants que le sentiment de proximité s’est transformé en engagement partisan. « Comme il fallait voter… », s’excuse-t-elle presque.
Arnaud Montebourg est passé à Caen, où elle habitait. François Bayrou aussi. Le second l’a séduite « aussi bien dans la salle que sur scène ». Elle a aimé sa « sobriété’. Et le fait que « presque 40% de son discours soit dédié à l’éducation ». Oui, le coeur a ses raisons, mais la raison aussi. « C’est lui-même un ancien enseignant, c’est certainement pour ça qu’il est plus sensible à ces questions », élude-t-elle. Assez pour l’extraire d’une lignée socialiste, en tous cas.
Toulouse, le tournant sécuritaire de la campagne
Irréprochable, digne, ferme. Les commentateurs sont unanimes, Nicolas Sarkozy a géré la crise toulousaine du mieux possible. Son éloge funèbre aux obsèques des trois militaires tués à Montauban, puis la traque de l’assassin Mohamed Mehra, sa mise en garde contre les amalgames entre religion et extrémisme, et enfin ses mesures contre l’embrigadement idéologique auront certainement séduit quelques électeurs indécis. Le dernier sondage BVA, réalisé hier et aujourd’hui, l’annonce en progression de deux points, à 28% d’intentions de vote au premier tour.
Il faut dire que le président-candidat était dans son élément. Depuis son accession au ministère de l’Intérieur en 2002, Nicolas Sarkozy a fait de la sécurité son cheval de bataille. Dès 1993, alors ministre du budget, il était aux côtés du Raid lors de la prise d’otage de Human bomb à l’école de Neuilly, dont il était maire. Suivront plusieurs coups d’éclat, dont l’arrestation du berger corse Yvan Colonna en juillet 2003.
Le président, naturellement sur le devant de la scène pendant ces trois jours intenses, a pu faire vivre sa campagne officieusement. Derrière, les autres candidats étaient à la peine, obligés d’apparaître, de se recueillir, mais interdits de prendre la parole sous peine d’être taxés de récupération politique.
Après la tuerie de Toulouse, la présidentielle retient son souffle (sauf Bayrou)
Drôle de coup d’envoi pour la campagne officielle. Hormis l’annonce des 10 candidats officiels par le Conseil constitutionnel, tous les rendez-vous politiques ont été annulés, lundi, par respect pour les victimes de la fusillade devant une école juive à Toulouse. Une journée « off » pour les candidats, dispensés (voire privés) de déclarations politiques. Tribune libre en revanche pour les hommages : le CSA a décidé de ne pas comptabiliser les temps de parole, le jour même ou le décompte devait être lancé.
Ce drame, qui tombe le premier jour de la campagne officielle, risque de modifier son déroulement. « Une autre campagne va commencer » affirme même le politologue Dominique Reynié. Place à la solidarité, à l’apaisement et à l’union. Les candidats devront baisser le ton : les attaques personnelles, surtout si elles sont « basses », risquent de faire tâche. Les tenants du populisme et de la stigmatisation pourraient être amenés se retenir : les victimes sont des musulmans et des juifs. Toute la journée, les candidats ont donc mis la campagne de côté pour dire leur indignement et leur compassion. Nicolas Sarkozy, François Hollande et François Bayrou se sont rendus sur place. Les autres se sont exprimés par communiqué et sur leur compte Twitter.
Dix candidats officiellement en lice
A 17h30 précise, Jean-Louis Debré, Sage en chef, a égrénné la liste des candidats dont au moins 500 parrainages ont été validé. Il s’agit, dans l’ordre (et ça a son importance) d’Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts), suivie de Marine Le Pen (Front national), Nicolas Sarkozy (UMP), Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche), Philippe Poutou (Nouveau Parti anticapitaliste), Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Jacques Cheminade, François Bayrou (MoDem), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République) et François Hollande (PS). C’est dans cet ordre, déterminé par tirage au sort, que les candidats apparaîtront sur les panneaux d’affichage électoral et sur les tables présentant les bulletins de vote. On aura donc Marine Le Pen coincée entre Eva Joly et Nicolas Sarkozy ; les trois candidats d’extrême gauche à la suite (le tiercé dans l’ordre ?) ; l’ovni de la campagne Jacques Cheminade avant le 3e homme de 2007, Nicolas Dupont-Aignan et l’actuel favori… en queue de peloton.
Si cette liste pouvait être établie dès vendredi, à l’heure de la clôture du dépôt de parrainage, elle lève deux doutes qui subsistaient. L’espoir de Corinne Lepage, qui assurait en avoir collecté 475, et espérait atteindre la barre de 500, s’est écroulé avec le décompte des Sages ; fini aussi le sceptisime de beaucoup sur les parrainages récoltés par Jacques Cheminades, économiste de formation, sans parti officiel et très controversé, notamment pour des présumées accointances avec des mouvements sectaires et ses déclarations sur un vie extra-terrestre. Tout le week-end, les Sages ont compté, vérifié, validé, recompté. Sur les 15.047 présentations reçues, ils en ont écarté 257, jugées « non conformes ».
A la Bastille, Jean-Luc Mélenchon joue avec les symboles
Cette marche citoyenne se voulait LE grand temps fort de la campagne mélenchonienne. Jackpot. Alors que le Front de Gauche attendait 30.000 militants, ce sont en réalité plus de 120.000 sympathisants qui sont venus gonfler le cortège de la place de la Nation à la place de la Bastille, hier à Paris.
Il faut dire que l’équipe de campagne avait mis le paquet, usant de symboles révolutionnaires à tire larigot. A commencer par la date : le 18 mars marque le début de la Commune de Paris, en 1871. Le lieu ensuite : Jean-Luc Mélenchon appelait le peuple à « reprendre la Bastille », emblême de la Révolution française et de l’avènement de la République.
Les manifestants venus le soutenir ont compris le message. Le cortège, teinté de rouge, arborait des bonnets phrygiens, et des pancartes « Vive la VIe République ! » Les six millions de tracts distribués par les 900 bénévoles recrutés pour l’occasion appelaient à « l’insurrection civile », à la « révolution citoyenne » et à « prendre le pouvoir ». Tout le long de la rue Saint-Antoine, les cris « Résistance, résistance ! » ponctuaient le trajet.
Dix candidats ont déposé leurs parrainages
Une première étape du marathon élyséen s’est achevée : dix candidats ont déposé leurs 500 signatures d’élus (ou davantage) au Conseil constitutionnel avant la clôture des listes, à 18 heures ce soir.
Sont quasiment assurés de pouvoir être présents au premier tour :
- Nicolas Sarkozy (UMP). Le président, qui a recueilli largement plus de 500 signatures depuis un bon moment, n’a pas voulu en communiquer le chiffre exact.
- François Hollande (PS). Le candidat socialiste a envoyé son mandataire,Daniel Vaillant, au Conseil constitutionnel. Cet ancien ministre de l’Intérieur a annoncé une récolte située entre 4500 et 5000 parrainages.
- Marine Le Pen (FN). Après avoir envahi les médias et réclamé officiellement l’anonymat des parrains, la candidate frontiste a finalement annoncé qu’elle avait réuni suffisamment de parrainages. Elle n’en a pas précisé le chiffre.
- François Bayrou (MoDem). Celui qui avait obtenu 18% au premier tour en 2007 était assuré de pouvoir se présenter. S’il n’a pas annoncé le nombre de signatures obtenues, nul doute qu’il est élevé.
- Jean-Luc Mélenchon (Front de gauche). Il est arrivé en grande pompe au Conseil constitutionnel ce matin, devant caméras et micros, avec près de 1.100 signatures en main. Déjà une belle victoire, qui préfigure selon lui une nouvelle « étape » vers « l’insurrection civique ».
- Eva Joly (EELV). Les rumeurs sur le désistement de la candidate écologiste ont eu bon train ces derniers jours. Jeudi, Eva Joly les a fièrement démenties lors qu’elle a déposé 639 signatures, accompagnée de la secrétaire nationale d’EELV, Cécile Duflot.
- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République). Il a pris les devants en présentant 708 signatures mercredi.
- Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière). Forte de 521 signatures, la candidate trotskyste passe tout juste la barre des 500 parrainages. Elle a été la première à se présenter devant le Conseil constitutionnel, jeudi dernier. « Je tiens à remercier tous les maires car je sais qu’ils ne partagent pas forcément mes idées mais, par ce geste, ils ont permis ma candidature », avait-elle déclaré.
- Philippe Poutou (NPA). Le candidat anti-capitaliste s’est dit « fier d’avoir franchi ce filtre démocratique » et de totaliser 572 parrainages. Il est venu les déposer ce matin.
- Jacques Cheminade (Solidarité et Progrès). Déjà candidat à l’Elysée en 1995 avec un score de 0,28% au premier tour, celui qui se définit comme un « gaulliste de gauche » affirme avoir reçu 538 parrainages. Mais des doutes subsistent sur leur validité.
Meeting de Villepinte : Nicolas Sarkozy a « tout donné à la France »
Une heure de discours devant environ 70000 militants en liesse. Le meeting de Villepinte, en début d’après-midi, était LE temps fort de la campagne sarkozyste. Alors que les sondages le donnent toujours perdant face à François Hollande au second tour, Nicolas Sarkozy a voulu prouver qu’il était tout entier dévoué à sa tâche. « J’ai appris, j’ai compris », a-t-il répété.
« Je vous demande de me croire : j’ai tout donné à la France pendant cinq ans », a assuré le chef de l’Etat, applaudi par ses partisans. « Pendant cinq ans, j’ai fait de mon mieux pour protéger les Français de toutes ces crises, pour que la France en sorte plus forte, j’y ai mis toutes mes forces. Je me suis engagé comme jamais je ne l’avais fait avant dans ma vie », a-t-il poursuivi. Avant d’enchaîner : « j’ai tiré les leçons des réussites et des échecs », et d’affirmer qu’il n’avait « rien perdu » de sa « foi en l’avenir« . Une manière de décliner le thème du « J’ai changé », qui rythme sa campagne depuis sa déclaration de candidature, le 15 février. « Aidez-moi, nous avons deux mois ! » a-t-il finalement lancé à la foule.
Les artistes engagés, un argument de vote ?
Alors que la course aux signatures n’est pas encore terminée pour certains candidats, d’autres mettent en avant un type de parrainages… moins institutionnel. Les people ont fait leur apparition dans cette campagne, et certains n’hésitent plus à afficher clairement leur choix.
Dans le camp Sarkozy, on se réjouit d’avoir attrapé le gros poisson Gérard Depardieu. L’acteur est annoncé cet après-midi au grand meeting de Villepinte. Son soutien n’était pourtant pas acquis, car il a souvent changé de camp : militant pour la réélection de François Mitterrand en 1988, il appuie Nicolas Sarkozy en 2007, avant d’annoncer sa préférence pour Arnaud Montebourg lors de la primaire PS, dans un entretien au Parisien.
Le président sortant peut également se targuer d’avoir su séduire les frères Bogdanoff, Enrico Macias. Didier Barbelivien, Christian Clavier et Gilbert Montagné, déjà au rendez-vous en 2007, devraient également rempiler, ainsi que Richard Virenque, Alain Prost et Bernard Laporte pour le sport.