9 avr 2012
mariellaesvant
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Portraits de militants (4/6). « Je me suis d’abord préservée dans la politique »

En signe de reconnaissance, « je vous passe l’écharpe orange! » a plaisanté Fanny Siouville, militante Modem, au moment de fixer un rendez-vous. Le foulard était beige et blanc, effectivement ; la montre en revanche éclatait d’un bel orange « Modem ». Pour cette professeur de français de 29 ans, l’histoire a – officiellement – commencé en 2007, avec la campagne présidentielle et ses séries de meetings.

C’est là qu’elle a commencé à s’intéresser de près à ce qu’elle appelle la « Res Publica, la chose publique ». Et c’est au milieu de centaines de militants que le sentiment de proximité s’est transformé en engagement partisan. « Comme il fallait voter… », s’excuse-t-elle presque.

 

Arnaud Montebourg est passé à Caen, où elle habitait. François Bayrou aussi. Le second l’a séduite « aussi bien dans la salle que sur scène ». Elle a aimé sa « sobriété’. Et le fait que « presque 40% de son discours soit dédié à l’éducation ». Oui, le coeur a ses raisons, mais la raison aussi. « C’est lui-même un ancien enseignant, c’est certainement pour ça qu’il est plus sensible à ces questions », élude-t-elle. Assez pour l’extraire d’une lignée socialiste, en tous cas.

« Toute ma famille est socialiste », explique-t-elle. Son « grand-père était très engagé, il s’est beaucoup battu au côté du parti socialiste ». C’est d’ailleurs l’homme qui lui a servi les biberons de militantisme. Avec lui  « on parlait course de chevaux et politique », se souvient Fanny. Une voix toute tracée vers François Bayrou, lui même éleveur de chevaux, avant de monter aux tribunes. Son grand-père, c’est aussi le premier à avoir tiré fierté l’engagement de sa petite-fille. Même si elle a quitté les rangs du parti familial. Il lui a transmis le goût de se battre pour des idées, et c’est ça l’essentiel.

« C’est chouette de militer », dit-elle s’implement. Et à propos d’une de ses amies, « mélenchoniste » : « Je suis assez fière que plutôt que de parler en sourdine, comme beaucoup, elle agisse. » C’est ça qu’elle apprécie dans le militantisme. « Quand on tracte sur les campus, on rencontre beaucoup d’encartés », raconte-t-elle. « On a parfois des discussions, des débats. Et même si c’est quelqu’un d’un autre parti, avec qui on est pas d’accord, c’est agréable de voir que quelqu’un a ses arguments, que son engagement est réfléchi », estime-t-elle. C’est la même qui répète comme un mantra : « Lisez les programmes, comparez » en tendant celui du Modem sur les marchés. Et qui a du mal à comprendre pourquoi certains ne prennent pas 5 minutes pour le faire. De là à donner une partie de ses journées, un autre de ses soirées à un parti « même pas gagnant »…

Pour passer de l’engagement théorique à l’encartage avec réunions publiques et tractage, il aura fallu un petit accro. Une mutation dans une obscure commune de Bourgogne, avec « fracture sociale » sur son pas de porte, et pas grand chose d’autre à faire, pour qu’elle toque à la porte du Modem. Enfin, qu’elle « envoie un mail » à la section régionale – on est en 2012. « Quand je voyais, d’un côté, une partie de la ville qui se définissait comme « intelligensia », de l’autre, des gens qui ne s’en sortaient pas, qui vivaient dans la misère, je me suis dit qu’il fallait faire quelque chose », explique-t-elle. Et puis au Modem, elle s’est « fait des amis ». « Je me suis d’abord préservée dans la politique », glisse-t-elle.

 

Depuis, elle le lui rend bien. En arrivant à Tours, elle a pris les rênes de l’animation régionale des Jeunes démocrates. Et vit sa première campagne présidentielle comme militante. « Beaucoup d’actions sur les campus », « de l’affichage »… Ca aurait pu être pour un autre parti. Elle a « regardé du côté du PS », parce que ce n’est pas parce qu’on est militant qu’on a des oeillères. Mais l’accueil a été froid, et les primaires, elle a trouvé ça « bête ». « Il y a toutes ces guerres internes… », regrette-t-elle. Alors elle est restée avec Bayrou.

Même si on peut lui reprocher « d’être trop centré sur sa personne », ou de « n’être pas assez frondeur ». Elle se reconnaît dans son programme, et, comme tous les militants, ne rate jamais une occasion de le citer. « Un référendum pour moraliser la vie politique, je ne vois pas comment on peut être contre! ». Ca jaillit comme un reflexe, au détour d’une conversation météo. Au cas où on n’aurait pas 5 minutes pour lire le programme…

 

Lire aussi les portraits de Sandrine Rey, militante Ump, Adrien Gaumé, soutien d’Eva Joly, Francesca Di Pietro, militante LO, Simon Gervais, militant Front de gaucheRachida Tassaoui et Halim Ferraoun, militants PS et PRG.

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