17 décembre 1914. Pas d’obus.



17 décembre 1914  Vic s/Aisne

Pas d’obus.

Nous sortons de la maison notariale en levant machinalement le nez vers le ciel et en tendant la main : « Est-ce qu’il pleut ? » Non, il ne pleut pas… Il a déjà bien plu sur la pauvre petite ville. Que de toits troués, que de murs ouverts, que de vitres brisées ! Le vieux château de Vic, construit pour résister aux plus lourds boulets, n’a pas résisté à un obus de 150 qui lui a fait dans le flanc une affreuse blessure.

Comme mon pied m’empêche de « globe-trotter », comme dit le colonel, je fais en boitaillant mon tour de ville. Je vais écouter les derniers potins de dame Moutarde. Dame Moutarde est la gardienne de la maison où logent Plaisant et son drapeau. « Monsieur Plaisant, fait-elle en embuant ses lunettes d’émotion, Monsieur Plaisant ! un monsieur si bien !… Croyez-vous, Monsieur, qu’il voudra bien me photographier ?- Mais certainement, certainement, dame Moutarde » C’est une façon de me demander de lui rendre ce service, car derrière sa lunette soudain désembuée je la vois loucher sur mon kodak. C’est dame Moutarde que le colonel, qui mange là et y logea, consulte sur la direction des obus qui arrivent sur la ville… Elle s’y entend, depuis trois mois ! Dans sa rue, la rue du Jeu D’Arc, il en est bien tombé une quinzaine.

Je m’ennuie des tranchées. Vic en est tout près mais comme elles sont loin de Vic !… J’y retournerai demain.

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17 – 19 décembre 1914 : ordre et contre ordre de départ pour les tranchées



Le jeudi 17 décembre 1914
Nous continuons à nous nettoyer et à nettoyer les rues du village. Le bombardement recommence, malgré cela nous allons à l’exercice l’après-midi. Le capitaine réunit tous les caporaux de la compagnie pour donner ses instructions. Il y a encore beaucoup de civils dans le village et nous pouvons acheter du vin et de l’épicerie.

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15 et 16 décembre 1914 : départ des tranchées de Vauquois, direction Courcelles



Le mardi 15 décembre 1914

A 2 h nous quittons les tranchées de Vauquois. Nous sommes remplacés par une compagnie du 4ème d’infanterie. Nous venons aux tranchées de réserve prendre nos sacs que nous y avions laissés le 8. Nous les quittons à 5 h et nous arrivons à Aubréville à 10 h.

Nous rentrons toute la 5ème compagnie dans la gare où nous mangeons. Nous en repartons à 14 h pour aller cantonner à Courcelles, qui se trouve à 2 km d’Aubréville. Nous couchons dans une grande laiterie. Bombardement d’Aubréville par les Allemands, principalement près de la gare. Les routes sont plus mauvaises et plus sales que jamais.

 

Le mercredi 16 décembre 1914

Nettoyage des armes, des effets et des équipements. Le soir nous nous mettons en tenue de départ et nous couchons en alerte, sacs montés. Courcelles est bombardé et plusieurs obus tombent auprès de notre cantonnement. Un artilleur a la jambe coupée par un éclat. Le 30ème d’artillerie quitte Courcelles ce soir.

 

Mercredi 16 décembre 1914

Chère Eugénie

J’ai reçu hier mardi le colis que tu m’as envoyé, contenant du chocolat, des genouillères, un bon caleçon, du papier à lettres, etc… Je t’en remercie sincèrement, surtout pour le caleçon, tu as dû savoir que j’en avais demandé un à Aimée. Je l’ai mis sur moi immédiatement, ainsi que les genouillères, et je m’en trouve très bien.

Pendant les huit jours que j’ai passés dans les tranchées de première ligne, couché sur la terre, plutôt sur la boue, car nos tranchées n’étaient couvertes que par les tentes que nous portons, j’avais souvent froid aux jambes et aux genoux, plutôt qu’aux pieds ; avec ce bon caleçon, je serai garanti.

Comme je l’écris à Aimée aujourd’hui même, nous sommes au repos en arrière du front, et ce n’est pas trop tôt. Ce matin, pendant trois heures, j’ai gratté ma capote pour enlever la boue qui y était collée, il y avait des écailles d’1/2 centimètre tout autour, de même pour le pantalon.

Quand nous sommes relevés, pour revenir en arrière, ou pour aller sur le front, nous passons par des chemins qui sont tellement sales que tu ne peux pas t’en faire une idée. Les plus sales de chez nous (la Forêt ou la Grande-Prairie), seraient des avenues auprès de ceux-là. Nous avons fait surtout 500 mètres dans 20 centimètres de boue liquide sans pouvoir l’éviter, nous en avions plein nos chaussures. Ce n’est plus le parquet de l’étude de Me. Parfait. Ce qui me console, c’est que je supporte toutes ces fatigues sans en trop souffrir.

Encore une fois merci et bonjour affectueux.

Ton frère, ‑ H. Moisy

 

CARTE LETTRE ornée d’un faisceau de six drapeaux aux couleurs des pays alliés : France, Grande-Bretagne, Belgique, Russie, et deux autres. « Correspondance des Armées de la République – Carte en Franchise »

 

16 – 12 – 14 — 15 heures

Mon cher Eugène,

J’ai reçu depuis deux jours deux lettres de Mélanie. Je ne lui avais pas encore répondu faute de temps. Je la remercie de toutes les nouvelles qu’elle m’apprend, en particulier la mort de Maria Mary. J’avais rectifié moi-même l’erreur de mois de la première lettre. Je me porte toujours bien et suis en train de me reposer pour quelques jours. J’écrirai plus longuement une autre fois. Bonjour à toute la famille et à toi un baiser fraternel. — H. MOISY.

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13 et 14 décembre 1914 : pas beaucoup de pertes depuis le 9



Le dimanche 13 décembre 1914

Fusillade et canonnade des deux côtés toute la journée. A 23 h je fais une patrouille avec six hommes en avant de la compagnie. Continuer la lecture

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