15 décembre 1916.
Vie peu intéressante. Nous sommes bloqués par la boue. Peu de nouvelles du dehors parviennent jusqu’à nous. Les arabas ne peuvent franchir la mer de boue de la plaine de Tigrigra. Seuls les chameaux défient cet élément mouvant.
Le mercredi 29 novembre 1916
Arrivée à Gournay-en-Bray à 3 h, à 14 km d’Haussez. Nous restons dehors sur la route jusqu’à 11 h en attendant le train. Je visite la ville. Nous embarquons à 11 h. Passé à Gisors, La Plaine-Saint-Denis, Pantin, Noisy-le-Sec, Marles à 20 h. Temps très froid. Nous avons passé à la porte de Flandre et le long des fortifications de Paris. J’ai aperçu la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre.
Le jeudi 30 novembre 1916
Arrivée à Arcis-sur-Aube à 4 h. Nous attendons sur le quai jusqu’à 7 h. Nous quittons Arcis-sur-Aube à 7 h à pied et nous arrivons à Trouan-le-Petit à 15 km d’Arcis, à 11 h. Nous sommes à 5 km de Mailly et à la lisière du camp. Repos l’après-midi. Temps froid. Toute la Division est à Mailly.
Le vendredi 1er décembre 1916
Installation et revue le matin par la commandant Fraticelli. Je vais au cours de grenadiers le soir au camp de Mailly avec le sous-lieutenant Colette. Un aéroplane a bouclé la boucle deux fois au-dessus du camp. Temps clair. Gelée.
Le samedi 2 décembre 1916
Exercice de lancement de grenades matin et soir dans le camp de Mailly. Plusieurs aéroplanes volent au-dessus du camp. Je visite l’église de Trouan-le-Petit et de Trouan-le-Grand.
Dimanche 26–11–16
Mon cher père,
En cette journée de dimanche je vous écris par un temps affreux, du vent, de la pluie depuis deux jours, c’est, comme on dit, à ne pas mettre un chien dehors. – Il n’y a rien à faire et j’en ai profité ce matin pour assister à la grand’messe dans l’église d’Haussez. – Le déplacement que je vous avais annoncé dans ma dernière lettre n’a pas eu lieu pour le Dépôt Divisionnaire, le régiment seulement s’est déplacé puis est revenu ensuite. – Je crois que ces jours-ci nous allons nous déplacer beaucoup, peut-être deux cents km à droite ? Je ne dois pas vous en dire plus long en ce moment.
J’ai reçu il y a quelque temps une lettre d’Aimée, de Mme Bindé et d’autres. Je pense qu’il ne doit pas faire beau temps par chez vous non plus et vous allez pouvoir vous reposer par ces vilaines journées. Au D[épôt]. D[ivisionnaire] nous ne devons pas trop nous plaindre en comparaison de ceux des premières lignes. Enfin, un jour ce sera mon tour et il faudra bien y rester.
Ma santé est bonne et je mange très bien. Nous faisons notre cuisine entre sous-officiers et c’est bon.
Mon cher père, je vous envoie mon bon souvenir et vous embrasse affectueusement. Votre fils ‑ H. Moisy
Le lundi 27 novembre 1916
Repos le matin. Marche le soir de 13 à 16 h par Gancourt, Doudeauville, Haussez. Temps clair. Gelée.