17 – 19 décembre 1914 : ordre et contre ordre de départ pour les tranchées



Le jeudi 17 décembre 1914
Nous continuons à nous nettoyer et à nettoyer les rues du village. Le bombardement recommence, malgré cela nous allons à l’exercice l’après-midi. Le capitaine réunit tous les caporaux de la compagnie pour donner ses instructions. Il y a encore beaucoup de civils dans le village et nous pouvons acheter du vin et de l’épicerie.

CARTE LETTRE ornée d’un faisceau de six drapeaux aux couleurs des pays alliés : France, Grande-Bretagne, Belgique, Russie, et deux autres. « Correspondance des Armées de la République – Carte en Franchise »
17 – 12 – 14 — 17 heures

Cher Eugène,

Reçu hier soir la lettre de Clément m’informant qu’il part à Poitiers aujourd’hui 17 décembre. C’est une dure séparation pour toi et pour lui mais il semble bien résolu. Je forme tous les vœux pour sa santé. Bonjour à tous.

Ton frère. — H. MOISY
Le vendredi 18 décembre 1914
Nous allons à l’exercice le matin et en marche l’après-midi à Vraincourt. En cours de marche, on nous apporte un ordre de départ pour le soir aux tranchées. Nous rentrons au cantonnement et à peine arrivés on nous annonce qu’il y a contre-ordre. Nous touchons quand même deux jours de vivres de réserve. Tout le 2ème bataillon est cantonné à Courcelles. Les deux autres sont cantonnés à Aubréville.
Le samedi 19 décembre 1914
Théorie et corvées le matin. Repos le soir. Je prends la garde au passage à niveau du chemin de fer avec mon escouade.
Courcelles (Meuse) le samedi dix-neuf décembre 1914. – 16 heures
Mon cher père,

C’est avec un grand plaisir que j’ai reçu le lettre écrite par vous-même. En voyant votre écriture il me semble que vous êtes plus près de moi. Je n’ai pas eu de peine à lire et c’est bien comme cela, les sentiments n’en sont pas moins sincères.

Je suis renseigné sur mon jardin et ma bicyclette, ayez-en toujours soin.

Aimée m’a renseigné sur ceux qui étaient pris et réformés. Clément [Moreau] m’a aussi prévenu qu’il allait à Poitiers le 17.

Je vous remercie de penser à moi dans vos prières. Puissent-elles être exaucées !

Pour le vin, il est certain que vous pouvez en vendre un peu, par exemple une barrique de vin vieux et du Grelot nouveau, vous pouvez garder le Breton nouveau jusqu’à ce que je revienne, après nous verrons. Arrangez cela pour le mieux. Aimée me dit qu’elle l’a vendu 38 F la barrique.

Vous avez bien fait de donner des raisins à Me Parfait, les petits cadeaux entretiennent l’amitié. S’il m’attend, de mon côté je serai très heureux de retrouver le petit bureau bien chauffé de la rue Thiers. Quel changement avec la vie que je mène en ce moment !

Ne craignez pas de m’écrire, vous pouvez prendre votre temps comme vous l’avez fait pour cette lettre.

Je me porte bien et suis heureux de savoir que vous vous portez bien aussi.

Recevez, mon cher père, l’assurance de mes sentiments affectueux.

Votre fils, ‑ H. Moisy

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