15 et 16 décembre 1914 : départ des tranchées de Vauquois, direction Courcelles



Le mardi 15 décembre 1914

A 2 h nous quittons les tranchées de Vauquois. Nous sommes remplacés par une compagnie du 4ème d’infanterie. Nous venons aux tranchées de réserve prendre nos sacs que nous y avions laissés le 8. Nous les quittons à 5 h et nous arrivons à Aubréville à 10 h.

Nous rentrons toute la 5ème compagnie dans la gare où nous mangeons. Nous en repartons à 14 h pour aller cantonner à Courcelles, qui se trouve à 2 km d’Aubréville. Nous couchons dans une grande laiterie. Bombardement d’Aubréville par les Allemands, principalement près de la gare. Les routes sont plus mauvaises et plus sales que jamais.

 

Le mercredi 16 décembre 1914

Nettoyage des armes, des effets et des équipements. Le soir nous nous mettons en tenue de départ et nous couchons en alerte, sacs montés. Courcelles est bombardé et plusieurs obus tombent auprès de notre cantonnement. Un artilleur a la jambe coupée par un éclat. Le 30ème d’artillerie quitte Courcelles ce soir.

 

Mercredi 16 décembre 1914

Chère Eugénie

J’ai reçu hier mardi le colis que tu m’as envoyé, contenant du chocolat, des genouillères, un bon caleçon, du papier à lettres, etc… Je t’en remercie sincèrement, surtout pour le caleçon, tu as dû savoir que j’en avais demandé un à Aimée. Je l’ai mis sur moi immédiatement, ainsi que les genouillères, et je m’en trouve très bien.

Pendant les huit jours que j’ai passés dans les tranchées de première ligne, couché sur la terre, plutôt sur la boue, car nos tranchées n’étaient couvertes que par les tentes que nous portons, j’avais souvent froid aux jambes et aux genoux, plutôt qu’aux pieds ; avec ce bon caleçon, je serai garanti.

Comme je l’écris à Aimée aujourd’hui même, nous sommes au repos en arrière du front, et ce n’est pas trop tôt. Ce matin, pendant trois heures, j’ai gratté ma capote pour enlever la boue qui y était collée, il y avait des écailles d’1/2 centimètre tout autour, de même pour le pantalon.

Quand nous sommes relevés, pour revenir en arrière, ou pour aller sur le front, nous passons par des chemins qui sont tellement sales que tu ne peux pas t’en faire une idée. Les plus sales de chez nous (la Forêt ou la Grande-Prairie), seraient des avenues auprès de ceux-là. Nous avons fait surtout 500 mètres dans 20 centimètres de boue liquide sans pouvoir l’éviter, nous en avions plein nos chaussures. Ce n’est plus le parquet de l’étude de Me. Parfait. Ce qui me console, c’est que je supporte toutes ces fatigues sans en trop souffrir.

Encore une fois merci et bonjour affectueux.

Ton frère, ‑ H. Moisy

 

CARTE LETTRE ornée d’un faisceau de six drapeaux aux couleurs des pays alliés : France, Grande-Bretagne, Belgique, Russie, et deux autres. « Correspondance des Armées de la République – Carte en Franchise »

 

16 – 12 – 14 — 15 heures

Mon cher Eugène,

J’ai reçu depuis deux jours deux lettres de Mélanie. Je ne lui avais pas encore répondu faute de temps. Je la remercie de toutes les nouvelles qu’elle m’apprend, en particulier la mort de Maria Mary. J’avais rectifié moi-même l’erreur de mois de la première lettre. Je me porte toujours bien et suis en train de me reposer pour quelques jours. J’écrirai plus longuement une autre fois. Bonjour à toute la famille et à toi un baiser fraternel. — H. MOISY.

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