Le samedi 21 août 1915
Réveil à 5 h. Préparation au départ. Revue à 15 h, en tenue de départ. Clément Mary, du 5ème génie, cantonné à Dommartin sur-Yèvre, vient à cheval me rendre visite au Neufour. Nous quittons le Neufour à 19 h. Je suis le seul sergent à ma section. Arrivée aux tranchées des Meurissons à 23 h 30. Remplacé le 76ème, 7ème compagnie. Temps pluvieux.
Le dimanche 22 août 1915
La compagnie est placée 3 sections en 1ère ligne et une en réserve sur un secteur d’environ 400 m. Ma section a un P[etit] P[oste] à environ 20 m d’un petit poste allemand et on entend ceux-ci causer et piocher. Quelques minenwerfer sont tombés dans notre secteur. A 22 h, j’ai fait porter des hérissons en avant de la tranchée. J’ai acheté une bague en aluminium. Beau temps. Anniversaire de mon premier combat.
Le lundi 23 août 1915
Canonnade française à 10 h. Visite du colonel dans la tranchée. Posé des défenses en avant des tranchées la nuit. Le sergent Oudinot a fait une patrouille à 22 h et les Allemands ont lancé des pétards sur le P[etit] P[oste]. Beau temps.
Le mardi 24 août 1915
Une mine française a sauté à la cote 285, en face du 82ème. Canonnade de 75 sur la première ligne allemande pour les empêcher d’occuper l’entonnoir. Une corvée a posé des fils de fer en avant de 21 h à 23 h. Le soldat Pierre a été tué d’une balle à la tête. Combat de pétards et de grenades au P[etit] P[oste]. Le sergent Duchet a fait une patrouille à droite du P[etit] P[oste] à 21 h. Beau temps sec.
Le mercredi 25 août 1915
Posé des créneaux et des fils de fer à 2 h. Canonnade française la nuit. Depuis deux jours, à 3 h du matin, je peux voir avec ma jumelle les Allemands qui travaillent en arrière de leur tranchée et je vais au P[etit] P[oste] pour tirer sur eux. Continué l’aménagement de la tranchée et des abris. Il y a des abris individuels pour tout le monde. Le lieutenant Paul couche dans une sape et moi dans une autre avec le caporal Vilain qui fait fonctions de sergent. Beau temps.
Maurice Bedel, un futur Goncourt raconte sa Grande Guerre.