15 avr 2012
mariellaesvant

Portrait de militant (7/6). Au FN, les jeunes « suivent la patronne »

Le Front national  plébiscité par les jeunesFabien Ollivier, 26 ans, dont cinq au Front, ça ne l’étonne pas. C’est l’effet Marine, s’enflamme le secrétaire régional du FNJ Centre : « elle est jeune, dynamique, elle incarne la nouvelle génération ». Et assure-t-il, elle « sait parler aux jeunes ».
Pour Fabien, c’est avec ses propositions sur la « réforme de l’accession au logement, du travail, l’apprentissage dès 14 ans » que « Marine » a sur séduire les « jeunes actifs », comme lui, commercial dans le bâtiment. Ces jeunes travailleurs constituent le « noyau dur » des troupes du FNJ. Pour les étudiants, c’est pas encore gagné. Là aussi, « il faut un noyau dur… ça arrive », élude-t-il. C’est que sur les campus, malgré la tentative de dédiabolisation menée par la présidente du parti (lire l’analyse deSylvain Crépon, spécialiste du FN), il ne fait pas bon s’afficher FN. « Comme dans tous les milieux fermés… » regrette Fabien. Il comprend, et en même temps… pas vraiment.

Lui, ça ne lui a jamais posé de problème. Ni rien de ce qu’ont pu dire les Le Pen, père et fille. Tout juste glisse-t-il que la seconde est « moins brute » que le premier. Ce qui l’a choqué en revanche, c’est qu’en 2002, à l’école « on nous a presque forcé à aller manifester ». La politique, à l’époque, ça ne l’intéressait pas. Il ne savait pas qui était qui, ni ce qui se passait. « Avec quelques copains, on a préféré aller jouer au billard », avoue-t-il. Mais les graines de colère étaient là. Elles ont fleuri sur Internet. « J’ai trouvé que Jean-Marie Le Pen disait des choses intéressantes ». « Le patriotisme, dans tous les domaines », ça lui a plu. Et ça s’est soldé par une adhésion, en 2007. Depuis, il suit la ligne sans discuter. « On est de bons soldats, on suit la patronne », affirme-t-il fièrement. C’est plutôt du côté des anciens que ça râle, parfois. Pour lui, c’est que du plaisir. Il a « besoin d’action ».

En campagne, il s’est initié à « l’esprit de camaraderie » et a eu ses premières « poussées d’adrénaline » de colleur d’affiche. Après « on se prend au jeu »… Et on grimpe vite, surtout quand la section jeune est à reconstituer. Il y a eu le Congrès de Tour, en janvier 2011, la consécration de Marine… et « un premier palier ». Pour la section régionale, « une vingtaine de jeunes » en plus. Avec l’approche de la présidentielle, ça « reprend doucement ». Mais même si le parti se la joue décomplexé, la plupart des « sympathisants » préfèrent encore rester discret. « Ils ont peur du regard des gens », finit par admettre Fabien. Moins que les anciens « qui ont connu les années 80 et 90″. Les années noires pour le FN, que les moins de 26 ans…

Reste que le FN n’est toujours pas un parti comme un autre. Et quand on est militant, il faut en assumer l’image. Comme distributeur de tracts, il a été « snobé par des bobos ». Comme colleur d’affiche, il a été « insulté ».  Comme secrétaire régional, candidat aux cantonales, il a reçu « des lettres de menaces ». Alors oui, forcément, « les coups au moral, les coups blues », ça arrive. Mais il y a aussi « la camaraderie », les tapes dans le dos « quand ils arrivent en bande dans certains cafés », les petits succès. Comme « réussir à décomplexer les compagnes de copains [adhérents au FNJ] qui avaient des a priori », galvaniser ses troupes en les emmenant « faire les courses au supermarché du coin avec des tee shirt FNJ » pendant un camp d’été, entendre des gens dire « j’aime bien Marine » en prenant leur tract sur le marchés. Passer des soirées sans heurts « avec des sympathisants PS ». « Pas des copains… des connaissances », précise-t-il rapidement. Avec la famille en revanche, « on évite le sujet ». Quant aux soirées avec heurts, on ne saura rien.

Le parti, il s’y plaît tellement qu’il a renoncé à son boulot salarié pour se mettre à son compte, et « avoir plus de temps, pourvoir m’organiser comme je veux ». Parce qu’en plus de coller des affiches et de gérer le secrétariat régional, il fait « la sécurité ». A l’entrée des meetings seulement. Pour les manifestations… « c’est les CRS. Nous on a pas le droit. ». C’est donc ce qu’il fera le 22 avril.

Lire aussi les portraits de Sandrine Rey, militante UmpAdrien Gaumé, soutien d’Eva JolyFrancesca Di Pietro, militante LOFanny Siouville, militante Modem et Simon Gervais, militant Front de gauche, Rachida Tassaoui, militante PS.

 

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