Portraits de militants (1/6). « Militer, c’est aussi du bon temps »
C’est sur le marché de Luynes (Indre-et-Loire), un samedi matin, qu’on rencontre Sandrine Rey, militante Ump à la section cantonale de Luynes. Il fait beau, et ça tombe bien. Entre le marchand de saison et le camion du boucher, deux hommes sandwiches font de la retape pour la « France Forte ». Sandrine est là, avec « Lulu », Jacqueline, Jacques et Jacques. Le club des cinq, tracts en main, chanson à la bouche, a l’enthousiasme d’une armée en campagne. Militer, « c’est aussi du bon temps ».
Après quelques couplets, Sandrine quitte la troupe le temps d’un café : pour parler de son « moi politique », « elle est toujours ok. »
Grande blonde, sûrement grande gueule, même si elle l’adoucit le temps de l’interview, elle a « une quinzaine d’années d’engagement » derrière elle. Comme elle en a 42 en tout, on calcule qu’elle a pris sa première carte à 25 ans passés. « Quand j’étais étudiante je ne trouvais rien qui m’attirait », s’excuse-t-elle presque. La passion politique est venue plus tard ». Retour à Fondette après la parenthèse estudiantine, un job dans les ressources humaines à Tours, un mari, trois enfants. Et le besoin de « donner un sens à sa vie ».
Une religion la politique ? « La différence, c’est que quand on est pas d’accord, on peut le dire ». Elle se défend aussi d’être « une groupie ». « Ce qui m’intéresse chez Nicolas Sarkozy, c’est son projet, sa route. Je ne suis pas ralliée à une personne mais à un parti ». L’Ump, donc.
Le militantisme, ça lui est venu « très naturellement ». Pour choisir l’Ump, il lui aura suffit de « regarder qui portait les valeurs que je voulais défendre ». L’élément de langage date de 2012, pas de 1995, mais on ne relèvera pas. Plus tard, elle parlera aussi de sa grand-mère, qui s’est battu pour que les femmes puissent voter. Alors occuper l’espace qu’elle a dégagé, c’est bien la moindre des choses. Au moins pour que sa fille en profite aussi, quand son tour sera venu. Parce que la politique, c’est construire pour demain… « J’ai trois bonnes raisons de militer : mes trois enfants ! », s’exclame-t-elle, plutôt fière de la formule.
« Une deuxième famille »
Pudique quand il s’agit de parler d’elle, cette quadra dynamique est très prolixe sur sa vie de militante. La section Ump du canton de Luynes, c’est un peu sa « deuxième famille ». « Être militant, un travail de tous les jours. On enlève jamais le costume ». Veste de tailleur bleu Ump sur tee-shirt « NS », précisément. Surtout en période de campagne.
Il y a les réunions, le tractage, le boitage, le porte-à-porte… « Il faut être à disposition des gens », estime-t-elle. Au parti l’élaboration du programme, au militant l’explication de texte. Même si ce n’est pas toujours facile. « La réforme des retraites est très mal passée, illustre-t-elle, comme on parle d’un souvenir douloureux. Elle a été mal comprise. »
Quant à la campagne… « ça a été un peu « flat » au début ». Mais là, « ça monte en puissance ». Surtout depuis Villepinte. Son « premier grand meeting ». « On sentait la ferveur, l’enthousiasme, il y avait des jeunes et des moins jeunes… ». A mesure qu’approche l’échéance, L’excitation monte. « Comme avant tous les grands moments de la vie », assène Sandrine, pupilles grandes ouvertes sur des rêves de victoire. Les doutes sont étouffés. A l’évocation d’une possible défaite, elle marque un temps d’arrêt, preuve qu’elle y a pensé, cherche une réponse pour montrer que non.
Le soir du premier tour, « on sera tous dans les bureaux de vote ». Celui du deuxième aussi. Et après tous « à la maison ! ». « Il va falloir que j’achète beaucoup de champagne ! » anticipe-t-elle. Rêvant déjà la victoire. Les yeux fermés sur les doutes.
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