La série des Trans- de Tom Kaczynski est avant tout un objet : deux volumes, quatre épisodes en tout petit format et couverture rigide.
L’auteur polonais de ce mini-comics prévient : « Je n’ai pas fait d’esquisses au crayon, me contentant de redessiner ou d’étaler mes erreurs. Il y a très peu de cohérence théorique. En réalité, ce sont des bandes dessinées qui se cherchent un sujet. »
A mi-chemin de l’autobiographie introspective et de l’essai politique, Trans- est une courte réflexion étonnamment dense.
Vous n’avez que deux dates en tête : le 25 juillet 2012 et le 14 juin 2013. De toute façon, vous vous êtes déjà rué dans la première salle obscure venue pour applaudir The Avengers.
Cet été, pas question pour vous de manquer le dernier épisode du Chevalier Noir (Dark Knight Rises) : de toute façon, vous avez été – comme tout le monde (enfin tous ceux qui vivent à Gotham City) – piégé par les trois bandes annonces vidéos d’une fabuleuse promo dite « virale » dont la dernière vient de sortir. Stoppez votre Batmobile, faites une bise à la Catwoman (huuuu !), on a vous a reconnu : vous êtes un fan de Batman (forever, of course).
Et au printemps de l’an prochain, ce sera au tour de L’Homme d’acier (Man of steel) d’enflammer les grands écrans de Metropolis. Sixième long métrage de l’histoire cinématographique de l’AUTRE sauveur du monde, Superman aura le visage d’un acteur british, Henry Cavill. Et son dad’, Jonathan Kent, celui de Kevin Costner !
Et la BD dans tout çà ? Et cette bonne vieille Nouvelle République ?
Réponse en forme de question : le nom de Wayne Boring vous dit-il quelque chose ? Non ! C’est normal : cet artiste américain – en effet inconnu en Europe – a pourtant été pendant trente ans, celui qui a dessiné Superman. A la fois pour les comic’s books et pour la presse. Parce qu’il faut peut-être vous rafraîchir la mémoire : Superman, ce n’est pas seulement la belle gueule de Christopher Reeves sur grand écran (premier trailer de 1978 ci-dessous). C’est d’abord et avant tout une bande dessinée. Et un magazine vendu à dix-huit millions d’exemplaires en quarante ans, excusez du peu !
C’est là où l’oncle Erwann voulait en venir. Par la magie de Mondial Presse (relais en France de la diffusion internationale de McClure Newspapers Syndicate), les strips du héros crée par Siegel et Shuster, vont débouler aussi dans la NR. Et pendant huit ans, elle va succomber au charme musclé des aventures de Clark Kent, alias Kal-El, alias Superman. Eh, oui. Suivez le guide…
L’histoire
Superman (3.500 strips de 1973 au 11 décembre 1981)
Le voilà, c’est le plus beau. Dans le supplément illustré du Sunday Mirror, avec la signature de Siegel et Shuster le 15 décembre 1946. Même Wayne Boring est déjà à la table à dessin.
On ne va pas ajouter ici une page de plus à la mythologie d’un des monstres sacrés de la bande dessinée. Il convient simplement de rappeler que Jerry Siegel (écrivain américain) et Joe Shuster (dessinateur canadien) tous deux potes de Cleveland, imaginent leur héros dès 1932 mais qu’en fait, sous sa forme actuelle, il ne verra le jour qu’en juin 1938 dans le magazine Action Comics appartenant à la maison d’édition DC Comics.
Le bougre a déjà toute la panoplie qui va faire sa réputation internationale. Une double personnalité : le journaleux timide (mais aux larges épaules et à l’accroche-cœur mignon tout plein sur le front) du Daily Planet, amoureux transi de la belle Loïs Lane ; et le défenseur de la veuve, de l’orphelin et de l’american way of life, sanglé dans son justaucorps collant bleu, culotte et cape rouge, et sur la poitrine bodybuildée ce « S » rouge sur un pentagone jaune, un « S » qui, malgré ses virtuelles et innombrables conquêtes, ne veut pas dire « sex » ! Un « uniforme » inspiré, dit-on, du costume de Robin des Bois interprété par Douglas Fairbanks en 1922.
Super-numéro collector. Le n°1 de Superman de juin 1938. Peut-être un jour chez Christies ou Drouot.
Superman est donc l’archétype du super-héros, le premier d’une interminable série populaire depuis près de quatre-vingts ans.
Dans la Nouvelle République, Mondial Presse va faire publier à partir de 1973, de vieilles bandes probablement produites aux alentours de 1948 même si l’œil aiguisé d’Alain Beyrand a repéré de curieux assemblages : ainsi, précisait-il dans son travail sur L’histoire de la BD dans la NR, le strip numéroté (en bas à gauche) 2.861 correspondait-il à une publication aux USA de 1963 et le suivant (donc le n°2.862) était lui, tiré d’une série parue toujours aux States… en 1946 !
Mystère de spécialistes en bédéphilie appliquée que même les supers pouvoirs du héros n’ont pas suffit à résoudre. Continuer la lecture →
Est-il encore nécessaire de présenter Garfield ? En 1978, Jim Davis crée ce chat, méchant, fainéant et obsédé par la bouffe. S’en suit alors des décennies de succès à travers la planète. Garfield. Le personnage devient produits dérivés, héros de dessins animés et même d’un long métrage (2004). Mais c’est bel et bien en BD que l’humour de Jim Davis s’exprime le mieux. L’auteur explique : « Garfield est un strip conçu uniquement pour distraire, basé sur la forte personnalité d’un chat qui est gros, paresseux et cynique. Garfield évite tout commentaire social ou politique« . Aujourd’hui, Garfield paraît dans environ 2.300 journaux, avec des millions de lecteurs chaque jour. Continuer la lecture →
La présidentielle arrive à son terme, mais elle inspire toujours autant les blogueurs BD, principalement ceux qui penchent vers le dessin de presse. Le débat d’hier a été un très bon exemple, avec des dessins postés en continu pendant le débat par certains, et qui continuent d’être postés aujourd’hui.
Dès la fin du débat, MassalaK a, de son côté, tiré une analyse bien plus explicite de qui a gagné / qui a perdu.
Ce jeudi, d’autres réagissent, comme Joann Sfar, qui même s’il n’a pas de blog, n’a pu s’empêcher de d’utiliser son fil twitter pour raconter l’après-débat, vu du lit de François Hollande, et de celui de Nicolas Sarkozy (et au moment ou nous écrivons ces lignes, il dessine encore).
Une autre série de dessins-en-direct par Eno sur ce site.
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(Article mis à jour en fonction des informations glanées ici et là)
D’autres blogs BD parlant du débat? Signalez-les en commentaire !
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Le 6 mai, plusieurs dessinateurs devraient également suivre la soirée électorale en dessins. Sur internet, Martin Vidberg devrait évidemment être de la partie.
A la télé, l’excellentChaunu, qui dessine entre autre dans Ouest France, sera en direct sur France 3 de 19h30 à 21h et de 22h30 à minuit.
Le festival n’en est qu’à sa deuxième année d’existence mais connait une croissance exponentielle. Aussi, après le succès de la première édition qui avait attiré plus de 10.000 visiteurs, les organisateurs ont conscience que le musée ayant accueilli le premier salon ne suffira pas pour un public estimé à 15.000 personnes.
Aussi, il est décidé d’implanter la manifestation sur plusieurs sites: le musée, le théâtre, l’hôtel de ville et surtout, surtout, sous un chapiteau. On est loin encore des belles « bulles » d’aujourd’hui, mais il s’agit déjà d’un premier tournant dans la jeune histoire du salon. Seul problème, ce genre d’initiative a un coût que ne peut se permettre d’assumer la jeune équipe d’organisation. Une solution est trouvée. Francis Groux l’explique dans son autobiographie, Au coin de ma mémoire, parue en 2011 chez PLG: « Nous demandâmes à Jean Danet de revenir à Angoulême avec ses Tréteaux de France. Il donnait des spectacles de théâtre populaire et des concerts: il avait accueilli Molière, Claudel, Brassens, Nougaro. L’idée était qu’il vienne un peu de temps avant l’ouverture du deuxième salon et qu’il laisse son chapiteau à notre disposition, ce qui fut fait. » Continuer la lecture →
En 1936, en France, le Front Populaire arrive à la tête de la France. Les partis de gauche vont gouverner jusqu’en 1939, à l’heure où débute la Seconde guerre mondiale. En même temps, en Espagne, une guerre civile oppose les « nationalistes » et les « républicains » qui débouchera en 1938 sur le début de la dictature de Franco. C’est dans ce contexte que Jean-Sébastien Bordas propose de découvrir sa série Le Recul du fusil (Editions Quadrants). Continuer la lecture →
Après avoir publié les voyages de Florent Chavouet au Japon (Manabe-Shima et Tokyo Sanpo, sélectionné à Angoulême en 2011), l’éditeur Philippe Picquier consacré à la littérature d’Extrême-Orient inverse le regard avec la sortie d’A nous deux, Paris!
Jean-Paul Nishi est un jeune mangaka qui se rend en France où il espère travailler comme assistant d’auteur de bd. Il découvre sur place que ce métier, essentiel au Japon, n’existe pas dans l’Hexagone. C’est la première des déconvenues qui marqueront son séjour à Paris, et qu’il partage volontiers avec le public français.
Voilà bien un album à mettre entre toutes les mains. Avec Ces grosses bêtes qui nous gouvernent, Didier Porte (textes) et Jean-Claude Morchoisne (dessins) vous feront passer d’agréables moments. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une BD mais plutôt d’une galerie de portraits où s’exerce tout l’art de la caricature, de « l’anamorphing » qu’on connaissait déjà à Morchoisne (Grandes gueules de Pilote ou Ces animaux qui nous gouvernent)
Dans ce nouvel opus, la ménagerie poltique fait son retour. L’expression est à prendre au pied de la lettre. Ne dit-on pas des politiques qu’ils font un métier de chien? Et les politiques croqués ici ne se contentent pas de se comporter parfois comme des animaux, souvent ils leur ressemblent aussi physiquement… Continuer la lecture →
La série de films Star Wars a durablement marqué l’imaginaire occidental contemporain. Si durablement que l’on peut même faire des blogs BD d’humour exclusivement centrés sur l’univers Star Wars, et être compris de quasiment tout le monde. C’est ce que fait le Yodablog, avec de courts strips hautement débiles mettant en scène les personnages de la saga dans leur vie quotidienne. Continuer la lecture →
L’américain Tony Millionaire, plus connu pour son strip hebdomadaire Maakies dans plusieurs titres américains, revient avec le second volume publié en France de Sock Monkey.
Le duo de peluches (un singe de chiffon nommé Oncle Gabby, accompagné de M. Corbeau) s’échappe de Maakies le temps de quatre nouvelles. Leurs aventures dans un monde enfantin en apparence innocent sont entrecoupées de planches dessinées par de jeunes lecteurs. Continuer la lecture →
Animal familier ou monstre qui hante les rues, moyen d’évasion vers toutes les dimensions ou moyen de transport (sur terre, mer ou dans les airs), arche de Noé ou décimateur de citadins, le bus est partout.
Bande dessinée à contrainte initialement parue dans l’avatar américain de Métal Hurlant, Heavy Metal, « le bus » (sans majuscules) s’impose le moyen de transport collectif comme thème à développer en six à huit cases. Paul Kirchner y érige jusqu’à l’absurde le plus comique le bus en mode de vie, avec ses produits dérivés, ses détracteurs et ses zélotes. Les prémisses manquent a priori de glamour mais le parti-pris fonctionne. Continuer la lecture →
En versant une larme sur le grand voyage blanc entrepris par Jean Giraud-Moebius, Case Départ a raconté comment la toute première aventure de l’illustrissime Lieutenant Blueberry s’était retrouvée dans les mains des lecteurs de la Nouvelle République.
C’était, en 1967, grâce à la publication dominicale d’un supplément illustré vendu par les éditions Dargaud à sept titres de la presse quotidienne de province (et un titre parisien), supplément qui ne chanta que l’espace de quelques mois mais dont le contenu était (on peut quand même écrire çà sans paraître ringard) relativement génial. Que des futures stars du neuvième art et quelques valeurs sûres.
Preuve que Case Départ a su trouver son public, un internaute tout aussi pointu que sympa a soufflé dans l’oreille d’Oncle Erwann qu’il existait une maquette zéro de cet Illustré du Dimanche, maquette destinée à expliquer aux futurs lecteurs ce qu’ils allaient pouvoir découvrir la semaine suivante : la maquette datant de fin 1966 et le premier exemplaire de janvier 1967. Continuer la lecture →
Novembre 1973. De retour de Lucca avec l’accord des organisateurs transalpins de s’inspirer d’eux pour créer un salon international de la bande dessinée à Angoulême, Francis Groux, Jean Mardikian et Claude Moliterni choisissent d’installer leur manifestation lors de la dernière semaine de janvier (voir épisode précédent).
Les organisateurs n’ont donc que trois mois pour mettre sur pied le premier Angoulême. Dans cette course contre la montre, les rôles sont bien définis: Francis Groux se charge de l’organisation, Jean Mardikian de la communication et Claude Moliterni des auteurs et éditeurs. Pour l’affiche, les organisateurs décident de reprendre un dessin existant et leur choix se porte très vite sur Corto Maltese qui a également l’avantage d’être en noir et blanc et donc de limiter les coûts d’impression… Le salon n’est qu’à ses balbutiements et dispose d’un budget serré. Et puis cela tombe bien puisque l’une des expositions de cet Angoulême 1, conçue par Pierre Couperie, s’intitule « L’Esthétique du noir et blanc dans la bande dessinée ». On ne pouvait pas rêver d’une meilleure illustration. Continuer la lecture →
Gwendoline est une jeune fille pure qui va rapidement se retrouver ligoter. Quelque soit l’intringue, le résultat est le même. Elle est ligotée et fouettée. Bienvenue dans l’univers de l’icône fétichiste par excellence des années 50, Gwendoline, pour découvrir l’univers élément du bondage.
Les nouvelles aventures de Gwendoline, En course pour la Gold cup et autres raretés (Editions Delcourt) réservent quelques belles surprises. Retrouvez-la dans un récit complet, des histoires inachevées et d’autres documents rares, dont Le Journal d’une femme de chambre française inédit en français et un portfolio de 32 illustrations couleur. Par le maître élégant du bondage, John Willie. Né en 1902 à Singapour, John Alexander Scott Coutts de son vrai nom est avant tout photographe fétichiste et SM. Gwedoline, adapté au cinéma en 1984, reste le personnage qui l’a fait connaître dans le milieu de bande dessinée. Continuer la lecture →
En ce moment, on vote. Et après? Après, on lit des BD, ou on joue. Et on peut même jouer avec des jeux de sociétés modernes illustrés par l’auteur BD Martin Vidberg et parlant de cette élection, tant qu’à faire.
L’ex-enseignant fan de jeu modernes a sorti deux jeux tournant autour de l’élection présidentielle, et utilisant à chaque fois les bonhommes patates qui sont devenus sa marque de fabrique. Continuer la lecture →
Il faut avant tout recadrer l’histoire. Car « Grillades romantiques » est le second volet de la fabuleuse histoire de Steve et Angie (Editions Dargaud). Steve est guide de pêche et les amateurs de pêche à la carpe vont adorer ce personnage adepte de la bouillette. Angie est chercheuse dans un laboratoire. Ils viennent d’être propulsés quelques millions d’années en arrière. Ils sont seuls et vont devoir se débrouiller pour survivre.
Dans ce monde étrange, Steve et Angie ne sont pas seuls. De drôles de personnage vont se succéder, du dinosaure féroce au robot, du garde-forestier sanguinaire au bucheron sans-pitié. On pourrait croire un temps que ces « Grillades romantiques » seront le récit poétique d’une belle histoire d’amour mais au fil des pages, l’univers loufoque et délirant d’Antoine Perrot explose au grand jour. Du pur bonheur. Continuer la lecture →
L’intérêt d’un blog BD, par rapport à un album, ça reste la réactivité. Ainsi,certains auteurs profitent de leur blog pour parler d’actualité. Et donc, en ce moment, de présidentielle.
A cet exercice, le roi reste Martin Vidberg. L’ancien enseignant décortique l’actualité à coups de crayons sur son blog, hébergé sur lemonde.fr. Et depuis le début de la campagne, il fait non seulement des notes d’actualité, mais aussi des petits reportages dessinés sur le terrain, en suivant les équipes de quelques candidats, selon les opportunités. Son but n’est pas de traiter les idées, mais les ambiances. Il y a de très nombreuses notes, et ça se lit avec grand plaisir, quel que soit le bulletin que vous avez glissé dans l’urne hier.
D’autres auteurs ont aussi ouvert des blogs spécialement pour la présidentielle: Loïc Secheresse joue ainsi les gauchistes contrariés pour Libération.
Certains, enfin, postent sur la présidentielle à l’occasion, parce que cela fait partie de leur vie, et qu’ils utilisent leur blog comme un journal qui parle de tout ce qui les touche. La très connue Laurel a ainsi fait des statistiques d’intentions de vote de ses lecteurs en fonction des commentaires de son blog. Fabrice Tarrin, lui, a cherché à fâcher les autorités avec des prévisions pas trop mal vues dès dimanche 15h. Continuer la lecture →