Pour cette deuxième semaine de janvier, Case Départ vous ouvre sa bibliothèque avec de très bons albums. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Le premier excellent album de la Troisième époque des 7 vies de l’épervier, la série phare de Cothias et Juillard : 15 ans après, une biographie dessinée de la vie de John Lewis le député américain qui lutta pour la défense des droits des noirs aux Etats-Unis : Wake up America, Juge Bao et les larmes de Bouddha : le cinquième tome de l’excellente série historique policière au Moyen-Age en Chine, Enfances : le préquel du manga Le chien gardien d’étoiles, Superman n’est pas juif (… et moi un peu) : une autofiction sur la construction personnelle d’un petit garçon, The tome 3 de la série parodique et humoristique : Enfer et Parodie, une nouvelle aventure du petit garçon Myrmidon dans l’espace, Le douzième tome de la série humoristique Les rugbymen : Aujourd’hui, on laisse le cerveau au vestiaire ! et un très bon album qui analyse le travail de Jean Giraud : Moebius ou les errances du trait. Bonnes lectures !
Ariane de retour en France
Les lecteurs n’attendaient certainement pas une suite à la série Les 7 vies de l’épervier. Parue dans un premier temps dans la collection Vécu chez Glénat puis Plume aux vents chez Dargaud, la série est de retour toujours chez le même éditeur. Les créateurs de la saga historique sont toujours aux manettes, avec un scénario de Patrick Cothias et une mise en images par le talentueux André Juillard. Dans cet opus intitulé : Troisième époque, tome 1 : Quinze ans après, Ariane et ses compagnons sont de retour en France. La jeune femme apprend que sa fille Ninon est toujours en vie, elle décide donc de la retrouver.
Paris, 1642. Ariane de Troïl est de retour dans la capitale après 15 ans d’exil au Canada. Accompagnée par son mari, Germain Grandpin, son amant et Beau, l’indien mohwak, elle retrouve son hôtel particulier. Là, les compagnons découvrent que des pillards sont entrés dans la demeure en leur longue absence et décident donc d’aller loger à l’Hôtel de l’ours. En chemin, ils croisent le Vicomte de Roquefeuille, celui-là même qu’Ariane avait combattu et coupé le nez. Tenus en joue par l’arc de l’indien, le noble et ses hommes sont obligés de quitter les lieux.
Gaston d’Orléans, le frère du roi est tout de suite mis au courant de ce retour inattendu. Il charge alors le sergent Henri de Lenclos de les poursuivre. La jeune femme a une rancune tenace vis-à-vis du noble. Ce dernier était venu avec ses hommes dans l’hospice de charité où elle était pensionnaire et l’avait violé. De cet événement douloureux était mort-né un enfant. Ils décident alors de se réfugier à la campagne pour ne plus éveiller de soupçons.
A Fougy, les compagnons croisent le chemin de l’homme qui devait abandonner la fille à peine née d’Ariane dans la forêt. Alors qu’il se soulageait, l’enfant disparut. Etonnée, la jeune femme décide de mener l’enquête près de là. Une villageoise leur indique qu’un homme Henri Lenclos avait recueilli la fillette.
Alors qu’ils empruntaient un chemin escarpé, des hommes du sergent leur tendent un piège. Priant les 4 personnes à le suivre jusque chez le Duc d’Orléans, Beau réussit à s’enfuir à cheval. Après un court séjour chez le frère du roi, Ariane décide de se réfugier dans son hôtel particulier. Là, Lenclos, envoyé par Grandpin lui propose de venir chez lui. Marie-Barbe, sa femme très malade l’accueille froidement. Elle comprend vite que la jeune femme est à la recherche de Ninon, la fillette que les Lenclos ont élevés comme leur propre chair. Placée dans un foyer, Ariane décide de partir la chercher.
Cette nouvelle aventure des 7 vies de l’épervier est une grande réussite. Alors que la série fête ses 30 ans en 2013, le souffle épique des premiers tomes est toujours aussi présent. Onze ans après le dernier tome de Plume aux vents, le récit de Patrick Cothias est flamboyant. Dès les premières planches, le lecteur se doute que les ennuis vont reprendre de plus belle pour Ariane de Troïl et ses compagnons. Des scènes d’actions, de capes et d’épée, de l’aventure sont au rendez-vous de cette quête effrénée pour retrouver Ninon, dont Ariane ignorait jusqu’à l’existence. L’histoire est prenante et le lecteur va vite être happé par cette nouveau cycle passionnant. Les dialogues sont parfaitement ciselés. Les personnages sont bien cernés : Ariane, comme à son habitude fougueuse et indépendante, Granpin fidèle compagnon d’armes et amant, Beau toujours aussi zen et fort bon manieur de flèches, Henri de Lenclos, père adoptif de Ninon devenu ami de la mère biologique et une palanquée de méchants, tous plus repoussants les uns que les autres avec leurs trognes immondes.
En ce qui concerne André Juillard, il retrouve là sa série fétiche et il n’a absolument pas perdu la main, malgré ses infidélités faites au 7 vies de l’épervier. Après des Blake et Mortimer ou Le cahier bleu, il reprend presque là où il s’était arrêté. Son trait est toujours aussi talentueux, les planches réhaussées de couleurs magnifiques, sont somptueuses. Le dessin délicat est élégant, raffiné et fourmille de détails comme l’atteste la très belle couverture. Les personnages, les décors époustouflants et les costumes sont parfaits de justesses historiques. Ce nouveau cycle part sur de très bonnes bases. 15 ans après : un excellent retour et une belle surprise pour cette rentrée 2014 !
- Les 7 vies de l’épervier, troisième époque, tome 1 : 15 ans après
- Auteurs : Patrick Cothias et André Juillard
- Editeur: Dargaud
- Prix: 13.99€
- Sortie: 10 janvier 2013
Wake up America : l’éveil des consciences
John Lewis est le seul membre encore en vie des Big Six dont a fait partie Martin Luther King. Moins connu que le pasteur assassiné, il livra lui aussi toute sa vie, une lutte pour le droits de noirs américains de façon non-violente. Wake up america (1940 – 1960) raconte la jeunesse de cet homme de grandes convictions. Cette autobiographie est scénarisée par Lewis aidé de Andrew Aydin et mise en images par Nate Powell.
Washington, janvier 2009. C’est un jour important pour les Etats-Unis : Barak Obama doit prêter serment pour devenir le premier président noir américain. Parmi les nombreux soutiens du futur gouvernant, il y a le député John Lewis, membre imminent du Big Six qui lutta toute sa vie pour que les noirs américains puissent avoir les mêmes droits que les blancs. Cet homme important est ému par la cérémonie d’investiture qui va suivre, lui qui ne pensait pas un jour pouvoir vivre cela. En effet, il est le dernier parmi ces illustres hommes à être vivant.
En attendant ce moment historique, Lewis accueille dans son bureau du Congrès, une femme et ses deux enfants Jacob et Esaü arrivés tout juste d’Atlanta pour vivre ce moment solennel. Après les présentations d’usage, le député commence à leur raconter son histoire, son enfance à Pike County, en Alabama.
Son père avait acheté pour 300 $ des terres dans cette partie des Etats-Unis en 1940. Il y cultivait des cacahuètes, du coton et du maïs. John, quant à lui, avait la délicate tâche de s’occuper des poules de la basse-cour. Il veillait sur elles comme sur des enfants en bas âge : il les bichonnait et même les enterrait quand elles mouraient après leur avoir offert une cérémonie de funérailles. Mais ses parents n’étaient pas bien riches, ils ne pouvaient pas acheter un incubateur pour la couvée. Alors, le jeune garçon en bricola une. A cet âge-là, il désirait devenir pasteur ; son père lui offrit un Bible qu’il lisait avec conviction à ses animaux à plume.
Ses parents lui avaient inculqué des valeurs de respect et de partage. Néanmoins dans ce coin de la campagne, ils ne voulaient pas faire de vagues et demandait à leur fils de ne jamais se mettre en travers des blancs. Il en était ainsi de la vie des noirs américains : ils ne devaient que travailler, ne rien dire et être dominés par les blancs. Le jeune garçon se rendit compte de cela lorsqu’il partit pour Buffalo. C’est avec son oncle Otis, qu’il prit la route pour l’Ohio. Le voyage en voiture fut long et délicat : les blancs ne les regardaient même pas. A Buffalo, les deux communautés ne se mélangeaient pas.
De retour chez lui, il se rendit compte que les blancs ne se souciaient guère de ne pas paver les routes qui les menaient chez eux, que le car de ramassage scolaire et les manuels scolaires n’étaient jamais neufs mais aussi que les bâtiments des écoles étaient vieux et mal entretenus. Son seul luxe : l’école, son lieu de refuge : la bibliothèque. Mais lorsque les travaux à la ferme arrivaient, John devait rester à la maison pour aider et n’allait pas à l’école. Ce fut difficile pour lui. Un jour, il se cacha et alla tout de même à l’école sans l’accord de ses parents…
Le 28 août 2013, les Etats-Unis commémorèrent le cinquantième anniversaire du fabuleux discours « I have a dream » de Martin Luther King. Pour célébrer cet événement, auquel participa en tant que tribun John Lewis, le député de Georgie, décide de raconter sa vie en bande dessinée. Ce très beau roman graphique co-scénarisé par Lewis et Andrew Aydin, son assistant parlementaire, est fascinant. Il met en lumière les difficultés de ces hommes avides de paix pour ce fameux mouvement des droits civiques des noirs américains. Dans ce premier volume consacré à son enfance, le lecteur commence à découvrir le destin unique de cet homme, qui sera très influent dans le communauté noire et même au-delà. Emouvant, le récit est touchant. Le trait en noir et blanc de Nate Powell renforce le caractère important de l’album ; les expressions des visages sont magnifiques. Cette série prévue en 3 tomes comporte un très bel hommage de Bill Clinton, ancien président des Etats-Unis, à John Lewis. Ce livre essentiel permettra aux jeunes générations de comprendre et parfois même de poursuivre les combats de Martin Luther King et de John Lewis pour que tous les êtres vivants sur Terre soient considérés à leur juste valeur et soient égaux en droits. Un livre passionnant à mettre entre toutes les mains.
- Wake up America (1940-1960)
- Auteurs : John Lewis, Andrew Aydin et Nate Powell
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 13€
- Sortie: 8 janvier 2013
Juge Bao et les larmes de Bouddha
Le juge Bao est un incorruptible. Vrai personnage historique, il a vécu en Chine entre 999 et 1062. Ce haut magistrat œuvra dans la lutte contre la corruption sous la dynastie de Song du Nord et le règne de l’Empereur Ren Zhong. C’est ce parcours exceptionnel d’un homme cultivé et lettré qu’ont décidé de raconter Patrick Marty et Chongrui Nie. Cette excellente série, sous forme d’un manga graphique en est déjà à sous cinquième tome. Intitulé Juge Bao et les larmes de Bouddha, il met en scène cet homme intègre, aujourd’hui encore symbole de la droiture en Chine, qui trouva refuge avec ses hommes dans un monastère, surpris par la neige.
Abords de la capitale de la province de Taiyuan. Alors que la pluie vient de laisser place à la neige, le Juge Bao et sa troupe cheminent difficilement sur le sentier vers la cité. A l’approche de l’unique pont enjambant une rivière, un premier incident arrive : la roue d’un chariot se casse. Puis un second plus délicat, le pont cède et entraîne la chute d’une autre carriole et son cocher. En attendant la réfection du pont, l’homme de loi et une dizaine de soldats, trouvent refuge dans le monastère voisin, dirigé par l’Abbé Tang.
L’opulence dans laquelle se trouvent les moines, contraste beaucoup avec la misère et la faim d’où sont plongés le reste de la population de la province. Le responsable explique que le monastère a toujours été riche et que des milliers de pèlerins viennent tous les ans adorer la statue en or de Bouddha qui a le pouvoir de guérir. De plus, dans les mains du dieu coule de l’eau qui régulièrement produit des pierres précieuses.
En plus de trois moines condamnés pour vols, le fantôme d’une femme vient hanter les murs du bâtiment religieux. Pire, les soldats du haut magistrat tombent mystérieusement malades, un par un. Li, qui fait office de médecin du monastère, est de plus en plus submergé par le travail. Afin de diminuer les risques de propagation, le Juge Bao décide de mettre le couvent en quarantaine.
La série Juge Bao est d’une très grande qualité, tant au niveau du scénario que du dessin. Le récit du français Patrick Marty plonge le lecteur avec délectation dans la Chine médiévale des empereurs. Sous forme d’enquête policière, le personnage principal nous fait découvrir les us et coutumes du pays du soleil levant de l’an 1000. L’homme intègre est bien campé, sa quête de vérité en fait sa véritable force. Les personnages secondaires et plus particulièrement les enfants Boa Xing, Bai Xue ou encore Tian Yi, donnent un caractère chaleureux à l’histoire à cause de leurs petites espiègleries et leur humour. L’intrigue originale happe le lecteur et ce dernier ne lâchera pas l’album jusqu’à la fin.
En résidence à La maison des auteurs d’Angoulême depuis décembre 2013, Nie Chongrui est l’un des auteurs les plus connus de manhua contemporains. Il commença à dessiner en 1953, travailla dans le domaine de l’animation à partir de 1979 mais c’est à partir de 2010 qu’il entame la série Juge Bao. Son dessin classique mais très fouillé est mis en lumière par un format original en France (13×18) mais assez fréquent en Chine. Son trait en noir et blanc est extrêmement bien maîtrisé, fait tantôt de hachures, tantôt d’aplats grattés pour faire apparaître les blancs. Les pages en demi-planche et le découpage apportent beaucoup de dynamisme.
Actuellement en Chine, la série est terminée avec 9 albums. Ce cinquième tome est la première série publiée par les éditions Fei, créées par la chinoise Xu Ge Fei, qui veut mettre en place des passerelles culturelles entre le pays asiatique et la France. En plus de ce manhua, elle édite La balade de Yaya, Shi Xiu mais surtout le somptueux Les trois royaumes, nommé dans la Sélection Patrimoine du Festival d’Angoulême 2014.
- Juge Bao, tome 5 : Juge Bao et les larmes de Bouddha
- Auteurs : Patrick Marty et Chongrui Nie
- Editeur: Fei
- Prix: 8,90€
- Sortie: 8 novembre 2013
Des chiens et des hommes
Immense succès au Japon avec plus de 400 000 exemplaires vendus, le tome 2 de la série Le chien gardien d’étoiles le mérite amplement. Ce nouvel opus intitulé Enfances est la création de Takashi Murakami. Le lecteur retrouve Happy, le chien découvert dans le tome précédent, mais ici dans sa vie d’avant.
2 chiens abandonnés, 2 destins opposés. Pour le premier : Madame Nagano est une vieille femme japonaise seul, aigrie et un peu acariâtre . Alors qu’elle revient de chez l’épicier, elle découvre, dans un carton, un jeune chiot très malade. Très affaiblie, elle aussi, elle recueille l’animal.
La vieille dame a depuis quelques temps décidé d’en finir avec la vie. Elle souhaite se donner la mort et être accompagnée par le chien en ingérant tous les deux des médicaments. Pourtant Madame Nagano va reculer devant l’échéance, décide de faire soigner l’animal qui a déjà eu plusieurs attaques cardiaques et de continuer à vivre pour lui.
Pour le second chiot : Testuo est un garçon qui n’a pas beaucoup de chance dans la vie. Fréquemment, le jeune japonais doit se débrouiller seul chez lui, sa mère l’abandonnant pendant plusieurs jours. Livré à lui-même, il ne s’alimente pas correctement et dépérit. La seule personne aimante de son entourage, c’est son grand-père. Mais voilà, même s’il vient de temps en temps chez lui, il habite loin et sa fille, la mère de Tetsuko, lui interdit de le revoir. Se sentant de plus en plus mal, le jeune garçon décide de fuir et d’aller retrouver sa seule vraie famille, son grand-père à Hokkaïdo. En chemin, il rencontre un homme accompagné d’un chien blanc, le fameux Happy, qui l’emmène avec lui en voiture. Pendant une halte pour dormir, Tetsuko s’enfuit en dérobant le portefeuille du monsieur. Le lendemain, il vole un chien promis à l’euthanasie dans une animalerie. Ensemble, ils vont survivre et aller trouver refuge chez le papy.
Enfances est un préquel sensible de la série Le chien gardien d’étoiles. Le récit touchant et sensible de Takashi Murakami met en lumière des thèmes qui lui sont chers : l’abandon, l’enfance maltraitée, une certaine philosophie de l’acceptation et un amour inconditionnel des chiens. Cet auteur japonais de romans graphiques a débuté en 1985 et son premier album publié en France en 2010, le volume 1 de cette série. Il se dégage de ce manga une certaine forme de poésie qui touche le lecteur. Le rejet de la mère de Tetsuko pour son enfant ou encore la volonté de Madame Nogano d’en finir avec sa modeste vie peuvent déstabiliser celui qui lit cette histoire si bouleversante. Le trait est simple et sans fioriture sauf dans les planches où le jeune héros est à l’abandon dans la l’appartement familial, là elles fourmillent de détails et sont assombries par des trames. Le chien gardien d’étoiles : un manga à découvrir.
- Le chien gardien d’étoiles, tome 2 : Enfances
- Auteur : Takashi Murakami
- Editeur: Sarbacane
- Prix: 17.90€
- Sortie: 8 janvier 2013
Qu’est-ce qu’être juif ?
Superman n’est pas juif (… et moi un peu) est un récit d’autofiction (biographie fictionnelle) de Jimmy Bemon et dessinée par Emile Boudet. Benjamin dont le père est juif et la mère catholique, ne sait plus très bien qui il est. Cet album raconte le cheminement d’un petit garçon pour définir sa personnalité vis-à-vis de sa judéité.
Benjamin Benhamou est un petit garçon comme les autres. Sa mère est catholique et son père, juif. Pourtant ses parents ne l’ont jamais éduqué dans l’une ou l’autre des religions. Il serait donc athée. Si bien que lorsque le couple se sépare, son papa commence à lui expliquer qu’il est juif et qu’il doit en être fier. Surpris car il est ignorant de ce culte, il pense que cela est un jeu.
Après la séparation, il vit modestement chez sa mère avec son petit frère surnommé Calimero. Un week-end sur deux, il rejoint sa famille paternelle avec laquelle il partage des repas souvent animés. Il y a là, Grand-mère Yvonne, Pépé Yoda ou encore Tonton Yves. Ils s’engueulent mais s’aiment profondément, ils ont tous des super-pouvoirs mais un chose importante pour eux : les plus jeunes doivent réussir leur vie (études, travail…).
Même s’il ne comprend rien à cette religion pour lui si étrangère, il commence à l’apprécier. La seule chose qui l’intrigue, c’est pourquoi son zizi est coupé. Sa mère lui explique qu’il a été circoncis lors de son baptême mais que cela ne changerait rien. Benjamin décide alors de suivre les préceptes de la religion juive, toute nouvelle pour lui : il va à la synagogue, apprend l’hébreu et veut faire sa bar-mitsva.
Cet album, sous forme de récit initiatique, permet à Jimmy Bemon de livrer son parcours, son cheminement concernant sa religion mais avant tout sur son identité. Le récit mise avant tout sur l’humour pour que le message soit mieux perçu par le lecteur. Passé quelques faiblesses scénaristiques, on se laisse prendre par cette histoire touchante et amusante qui permet de retrouver les émotions de son enfance. Le trait vif de Emilie Boudet est rafraîchissant et ses couleurs pétillantes. Un album intéressant sur la construction de soi.
- Superman n’est pas juif (… et moi un petit peu)
- Auteurs : Jimmy Bemon et Emilie Boudet
- Editeur: La Boîte à Bulles
- Prix: 20€
- Sortie: 2 janvier 2013
Nos héros détournés
Attention album explosif ! Dans ce troisième opus, intitulé The tome 3, les auteurs Jean-Christophe Almodovar et Thomas Borgniet parodient avec énormément d’humour des personnages connus dans la série humoristique et décalée Enfer et parodie. Cet album est publié par la petite maison d’édition valentinoise Bac @ bd.
Dans des gags en une case, les deux auteurs malaxent, détournent, parodient, tordent ou atomisent les personnages célèbres des publicités, des jeux vidéos, des séries télé, des dessins animés avec un humour décapant.
Dark Vador en prise avec des maux de toux, Edward aux mains d’argent s’essayant à la tablette numérique, un minion déclarant sa flamme à une boite de tic tac, Sonic et Golum se battant pour un anneau, Volverine et les portiques d’aéroport ou participant à Popchef, Bi-Ber interviewant le chanteur de Kiss, Mario à la rescousse des tortues ninja… Et il en va de même pendant les 46 planches. Tous ces héros à la lutte avec des problèmes pour lesquels ils ne sont pas préparés.
Thomas Borgniet et Jean-Christophe Almodovar avaient déjà signé le très bon album Damien, Prix de la BD Canal J en 2013, et rééditent leur performance. Les vignettes sont extrêmement drôles et les personnages sont tout de suite identifiables par le lecteur. Les clins d’oeil et hommages sont légions et touchent la cible à chaque fois. Le trait de Borgniet est très lisible et permet de comprendre le gag du premier coup. C’est bon, c’est amusant. Un bon moment de détente !
- Enfer et parodie, the tome 3
- Auteurs : Jean-Christophe Almodovar et Thomas Borgniet
- Editeur: bac@bd
- Prix: 11€
- Sortie: décembre 2013
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
Myrmidon dans l’espace
Myrmidon est un petit garçon espiègle, rêveur et toujours en quête d’aventure. Myrmidon au pays des cow-boy était sa première péripétie ; le voici maintenant dans l’espace. Le petit garçon évolue toujours sous l’oeil bienveillant de ses deux papas : Loïc Dauvillier au scénario et Thierry Martin au dessin. On monte dans la fusée, compte à rebours : 5, 4, 3, 2, 1 partez !
Le petit Myrmidon aime jouer dehors, aujourd’hui, il a décidé de faire du tricycle. Quand tout à coup, sa roue avant heurte une petite pierre. Dans son envol, il se rattrape à une tenue particulière. Tel un parachute, il redescend sur terre, tranquillement. Ce costume, c’est celui d’un cosmonaute. Ni une, ni deux, il enfile sa combinaison… Et c’est le début d’une nouvelle aventure ! Le casque vissé sur la tête, il découvre une fusée et son petit occupant : un extra-terrestre…
Après le pays des cow-boys et des indiens, Loïc Dauvillier envoie son petit héros dans l’espace, à bord d’une fusée pilotée par un alien sympathique. Cette nouvelle aventure muette permettra aux primo-lecteurs (3/5 ans) de lire l’album en autonomie mais surtout se créer sa propre histoire, de rêver et de s’amuser. La narration permet une lecture fluide ; le découpage est toujours identique : une, deux ou trois vignettes par planche. Les cases n’ont que peu de détails invitant l’enfant à faire fonctionner son imaginaire lors de la lecture. Le héros étant toujours visible dans toutes les cases, afin de faire le lien plus facilement. Le trait agrémenté de belles couleurs de Thierry Martin rend admirablement l’ambiance, tout en douceur, du récit. On a juste une envie : monter dans la fusée avec Myrmidon pour une belle échappée autour de la Terre !
- Myrmidon dans l’espace
- Auteurs : Loïc Dauvillier et Thierry Martin
- Editeur: Les éditions de la gouttière
- Prix: 9,70€
- Sortie: 15 janvier 2013
Les rugbymen, tome 12 :
Aujourd’hui, on laisse le cerveau au vestiaire !
Aujourd’hui, on laisse le cerveau au vestiaire ! est la douzième aventure des Rugbymen, scénarisée par Beka et mise en images par Poupard. Dans ce nouvel opus, le lecteur retrouvera les joueurs de rugby à XV de la ville de Paillar partis à la conquête de l’Italie. Ils débarquent en force et ça va se savoir !
Paillar, Sud de la France, en été. Le petit village est en effervescence : la fête du village approche. Tous les habitants sont heureux et préparent au mieux cet événement. Bernar, l’entraineur du club du rugby PAC de la cité vient annoncer la bonne nouvelle : le village voisin de Ripaille a accepté de jouer une partie de soule (ancêtre lointain de leur sport favori) contre eux. Le but du jeu est de rapporter dans le camp adversaire, une bûche de bois.
Quelques jours après cet affrontement mémorable, l’entraîneur confie une mission ultra-importante à ses joueurs : La Couane, Bourrichon, la Teigne, Loupiotte et l’Anesthésiste. Ils doivent accompagner et surtout surveiller l’équipe de Cadets du club en Italie. Les deux clubs amis ont décidé de relancer l’échange sportif entre-eux, tombé en désuétude depuis plusieurs années. Alors que les anciens se remémorent leurs souvenirs de folie en Italie, il n’en va pas de même pour les jeunes pousses. Lors du trajet pour relier Trévise, c’est la fête dans le bus. Mais bien vite les seniors se montrent plus indisciplinés que les cadets : sorties nocturnes en boîte, batailles de pâtes, bains dans les canaux de Venise…
Créée en 2005, la série Les rugbymen s’est taillée une place de choix dans l’univers de la bande dessinée d’humour. Scénarisée par Beka (Caroline Roque et Bertrand Escaich) et dessinée par Poupard (alias Alexandre Mermin) elle fait la part belle aux empoignades amusantes dans ce petit club de province. Scènes cocasses, les bagarres, les pains, les gnons, les baffes, les indisciplines sur les terrains ou dans les vestiaires, tout est réuni pour contenter les amoureux du ballon ovale. De plus, la petite virée en Italie agrémente sympathiquement les petits gags en quelques planches. Une lecture agréable, sans prise de tête, pour se détendre.
- Les rugbymen, tome 12 : Aujourd’hui, on laisse le cerveau au vestiaire !
- Auteurs : Beka et Poupard
- Editeur: Bamboo
- Prix: 10,60€
- Sortie: 15 décembre 2013
Moebius ou les errances du trait
A Case Départ nous apprécions de vous présenter des livres, des monographies ou des ouvrages sur les auteurs de bandes dessinées et leurs travaux. C’est encore le cas pour ce très bon livre intitulé Moebius ou les errances du trait signé Daniel Pizzoli. Ce livre tend à analyser le dessin du talentueux créateur d’Arzack ou du Garage Hermétique. Il met en lumière les techniques et le savoir-faire du père de L’incal. Ce très bon travail s’appuie sur les illustrations connues du public et qui peuvent être accompagnées de schémas explicatifs. Un angle nouveau pour décrypter la colossale œuvre de Moebius, qui nous a quitté le 10 mars 2012.
Le passionné de l’oeuvre de Moebius est tout d’abord fasciné par le dessin où les personnages sont insondables, les créatures merveilleuses, les espaces infinis et surtout une grande poésie. Ce livre décortique ses œuvres achevées, explique ses savoir-faire et ses choix artistiques.
Alors que Giraud dans Blueberry utilisait un certain classicisme codifié du dessin, Moebius s’autorisait toutes les libertés graphiques. Pourtant les limites entre les deux univers s’avérait poreuse ; il existe en effet des emprunts entre l’un et l’autre. Les grands aplats pour Gir, les hachures pour Moebius, même si ce n’est pas lui qui les a inventé, il a été influencé par Gustave Doré ou Virgil Finlay (illustrateur de science-fiction dans les années 30). En plus de ces deux grands anciens illustrateurs, il sera aussi influencé par Jijé, Milton Caniff et Harold Foster.
Alors que Gir utilisait la technique du pinceau (aplats noirs, trait rapide et jeté), Moebius s’essaie à la pastel, les gouaches, l’aquarelle, l’acrylique, les encres ou l’aérographe. D’ailleurs, l’une des caractéristiques de son dessin c’est un certain vagabondage graphique, son trait change au fur et à mesure des années mais aussi selon les œuvres. A noter aussi, un goût important pour le lettrage qui chez lui est dense, élégant, rythmé, nerveux et fin. Un lettrage personnel.
Il avouait avoir une connaissance approximative de l’anatomie humaine. Il refusa de l’étudier pour s’améliorer. Il avait des difficultés à dessiner le corps des femmes et avait un attachement particulier à dessiner toutes les dents de ses personnages.
Il avait aussi souvent recours à la photographie comme avait pu lui enseigner Jijé. En plus de cumuler des documents cela lui permettait de résoudre des difficultés concernant la lumière, les attitudes, inspirer les ambiances ou pousser le réalisme à l’hyper-réalisme.
En plus de ce travail d’analyse, Moebius ou les errances du trait comporte une bibliographie très détaillée réalisée par Patrick Bouster. Ce travail colossal montre toute l’étendue de l’œuvre de Moebius. Classés par grandes thématiques et en plus des albums, elle met en lumière les illustrations, les supports de communication liés à la publicité, les images, les travaux pour le cinéma (Alien, Tron, Dune, Willow, Le cinquième élément…), pour la télévision, le théâtre ou encore pour les spectacles (La citadelle du Vertige au Futuroscope en 2008), mais elle recense aussi les expositions, ainsi que les projets, les œuvres préparatoires ou inachevées.
A voir les trois articles que Case Départ a publié lors de sa disparition :
Quand le Futuroscope proposait une fascinante plongée dans les mondes de Moebius
L’immense Jean Giraud alias Moebius s’est éteint
- Moebius ou les errances du trait
- Auteurs : Daniel Pizzoli et pour la bibliographie Patrick Bouster
- Editeur: PLG
- Prix: 15€
- Sortie: novembre 2013
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