Pour ce quatrième week-end du mois d’octobre, Case Départ vous propose sa sélection. En vous ouvrant sa bibliothèque, le blog met en lumière de très bonnes bandes dessinées. Nous passons au crible, les albums suivants : Le neuvième volume de la sublime fresque historique La grande guerre de Charlie, Safari lune miel : un roman graphique hypnotique de Jesse Jacobs, l’adaptation du roman de Zweig Le joueur d’échecs, le nouvel Astérix le papyrus de César, le deuxième tome de Walhalla, le nouvel album de François Ayroles L’amour sans peine, la première intégrale de l’Inspecteur Bayard, le premier volet du manga Kamen teacher black, Clinique Van Spatz : un récit décalé de Annai Haifisch, l’adaptation du roman jeunesse Tempête au haras, le 18e Sillage, L’histoire du monde truqué : un ouvrage sur les coulisses du film d’animation Avril et le monde truqué, un numéro Hors-série de L’Express spécial XIII, le quatrième tome de Meilleures ennemies, le premier volet du manga Wild love et l’album pour adulte Love monster. Bonnes lectures.
La grande guerre de Charlie #9
Avec ce neuvième volume, la merveilleuse fresque historique La grande guerre de Charlie en est presque à sa conclusion. Avant-dernier tome, La mort venue du ciel, poursuit la destinée de Charlie, jeune tommie’s pendant la Première Guerre Mondiale. Edité par Delirium, cette formidable série est signée Pat Mills et Joe Colquhoun.
Résumé de l’éditeur :
Janvier-avril 1918. Charlie, blessé, est soigné en Angleterre où, avant de retourner au front, son cousin matelot lui raconte sa propre expérience de la guerre en mer, toujours aussi impitoyable. D’un autre côté, l’aventure de Wylf dans l’armée de l’air va prendre un tournant décisif… Enfin rétabli et de retour en France, Charlie doit faire face à la nouvelle offensive lancée par l’armée Allemande qui jette ses dernières forces dans la bataille. C’est la Grande Offensive du Printemps 1918, où les Britanniques perdront tout le terrain acquis si douloureusement…
Nous avons toujours autant de plaisir à suivre les aventures, les doutes et la bravoure de Charlie, ce tout-jeune soldat anglais dans les tranchées du nord de la France. Solidement documenté, extrêmement maîtrisé au niveau du scénario, ce nouveau volume se glisse dans les pas de ces prédécesseurs. C’est très fort, c’est intelligent et très fidèle à la réalité de ce que pouvaient subir et ressentir ces militaires envoyés à l’abattoir.
La mort venue du ciel pose une nouvelle intrigue forte et accrocheuse : Le capitaine Snell somme Charlie Bourne de lui montrer La verrue, une position militaire sur le front. Accompagné de Dowd, le jeune Tommie’s s’exécute malgré énormément de réticence. En effet, un ballon allemand survole les lignes ennemies pour surveiller les faits et gestes des britanniques. En voulant nettoyer son fusil boueux, Charlie se tire une balle dans le pied. Il est alors rapatrié en Angleterre pour être soigné, et est ensuite transféré au Havre. Là, il croise des soldats s’étant auto-mutilés afin de ne pas revoir le front. Encadrés par l’infirmière Wincer, très durs avec ses tire-au-flanc, il a du mal à faire comprendre qu’il ne l’a pas fait exprès. Il a pourtant en sa faveur le témoignage de Dowd lorsqu’il est convoqué par la Cour Martiale. Mais voilà, le soldat-témoin vient de mourir le matin même…
Pour pimenter son récit, Pat Mills fait subir de grosses désillusions à son héros : témoin mourant, le capitaine Snell de retour d’un asile, caractère fort de Wincer ou encore Wilf, son frère engagé dans l’aéronavale britannique et qui veut à tout prix devenir pilote. Le tout dans une tension dramatique forte. Ajouter à cela, une partie graphique merveilleuse de Joe Colquhoun et le lecteur passe un moment fort de lecture. Le trait en noir et blanc de l’auteur décédé en avril 1987 (juste après la fin de la série) envoûte et attire l’œil. La grande guerre de Charlie est sans conteste, la meilleure série bande dessinée sur la Première Guerre Mondiale et le quotidien des soldats; même le grand Jacques Tardi, spécialiste de cette période, vante les mérites de cet univers singulier.
- La grande guerre de Charlie, volume 9/10 : La mort venue du ciel
- Scénariste : Pat Mills
- Dessinateur : Joe Colquhoun
- Editeur: Delirium
- Prix: 22€
- Sortie: 14 octobre 2015
Safari Lune de miel
Pour terminer cette chronique, cliquez ici.
- Safari lune de miel
- Auteur: Jesse Jacobs
- Editeur: Tanibis
- Prix: 18€
- Parution: 23 octobre 2015
Le joueur d’échecs
Thomas Humeau fait le pari, très osé, d’adapter en dessin Le joueur d’échecs, le très beau roman de Stefan Zweig. Edité par Sarbacane, ce magnifique roman graphique met en scène les parties mémorables de ce sport cérébral entre un jeune champion du monde et un mystérieux inconnu, le tout sur un paquebot navigant entre New-York et Buenos Aires.
Résumé de l’éditeur :
Sur un paquebot reliant New York à Buenos Aires, deux joueurs d’échecs que tout sépare s’affrontent. Czentovic, orphelin taciturne, arrogant, et tacticien remarquable, devenu champion du monde, et Mr. B, un mystérieux et magnétique aristocrate autrichien rescapé des geôles nazies. Cette histoire est écrite sur le principe du récit en abyme. Dans le huis clos sur le paquebot viennent s’intercaler deux récits. Le premier nous emmène dans une province russe reculée pour suivre l’ascension fulgurante du prodige Czentovic. Le second nous permet d’en apprendre plus sur le mystérieux Mr.B et l’enfer de son séjour dans la chambre d’hôtel autrichienne.
Le joueur d’échecs, troisième publication de Thomas Humeau est une véritable réussite ! L’adaptation du roman de Stefan Zweig est admirable et d’une très belle intelligence. Il faut souligner que le texte de l’allemand se prête parfaitement à une mise en image et qu’il est l’écrivain étranger le plus lu en France. Son œuvre est donc très connue et cette adaptation risque d’être scrutée à la loupe.
En 1947, l’un des paquebots les plus grands du monde quitte le port. A son bord, Solange, une belle jeune femme, fille du commandant est délogée de ses appartements. Celle qui a décidé de vivre sur l’eau depuis un certain moment doit laisser sa cabine à Mirko Czentovic, un jeune homme, champion du monde en titre d’échecs. S’il est d’une rare intelligence pour le jeu, il n’en va pas de même avec les femmes. Excédée, elle se plie à ce commandement non sans railler son père le soir au dîner. Dans le même temps, Monsieur B, un homme diaphane, mystérieux et à l’étrange cicatrice au cou se retrouve aussi sur le bateau. Alors que Solange défie Mirko à son jeu préféré, elle reçoit l’aide de l’étrange passager. Grâce à cela, elle fait match nul contre le crack.
Le récit de Thomas Humeau met en lumière le parcours secret de deux personnages principaux : Czentovic est un jeune homme russe, conditionné par son régime, figure de proue pour l’image de l’URSS à l’étranger. Tandis que Monsieur B. est un autrichien qui vient de passer de nombreuses années dans les prisons nazies pendant la Seconde Guerre Mondiale. Pour passer le temps, il vole un livre d’échecs et apprend ainsi les stratégies des grands maîtres de cet art cérébral.
Le huis-clos à bord du navire, les destinées de ces deux hommes s’entremêlent d’une admirable manière ; ce qui renforce les tensions de l’histoire. Toujours d’actualité plus de 70 ans après sa première parution, le récit résonne fortement dans notre actualité : les répressions qui asservissent le plus faibles. La partie graphique de Thomas Humeau est d’une grande beauté. Le découpage original et les personnages sont d’une grande sobriété. A découvrir !
- Le joueur d’échecs
- Auteur : Thomas Humeau, d’après le roman de Stefan Zweig
- Editeur: Sarbacane
- Prix: 19.50€
- Sortie: 07 octobre 2015
Astérix et le papyrus de César
C’est la sortie la plus attendue de l’année dans le monde du 9e art. Edité par Hachette, Astérix et le papyrus de César est la 36e aventure des célèbres gaulois. Cet album est signé Didier Conrad et Jean-Yves Ferri, les successeurs de Goscinny et Uderzo.
Pour terminer la lecture de la chronique sur Comixtrip, cliquez ici.
- Astérix et Le Papyrus de César
- Scénario : Jean-Yves Ferri
- Dessins : Didier Conrad
- Editeur: Les Editions Albert René
- Parution: 22 octobre 2015
- Prix: 9,95
Walhalla
Du côté de Sherwood est le deuxième volet de Walhalla, une saga historico-humoristique déjantée signée Nicolas Pothier et Marc Lechuga. Dans cet album, le lecteur retrouve Brömur, Rüdolf et Dahmar partis à la recherche du Walhalla, une terre d’accueil pour leur congénères.
Résumé de l’éditeur :
Après leurs aventures mouvementées chez les Scotts, le sage Dahmar, le puissant Brömur et le fougueux Rüdolf sont toujours en quête d’une terre d’accueil – si possible au chaud et au soleil – pour leur village menacé d’extinction. Séparés à l’issue d’une violente tempête, nos 3 héros débarquent sur les côtes anglaises. Ici, alors que le roi Richard Cœur de Lion est parti se dorer la pilule en Terre sainte, on parlemente sur le statut de la monarchie. D’un côté, il y a Robin de Loxley et ses compagnons royalistes jusqu’au bout des ongles, et de l’autre un Prince Jean qui veut instaurer une toute nouvelle forme de république, dont lady Marianne serait l’emblème. Et, au milieu de ce joyeux foutoir, une bande de Vikings un peu largués que tout le monde prend pour des espions français !
Comme pour le premier volume, l’univers de Walhalla promet aux lecteurs un excellent moment de lecture-plaisir : c’est fou, déjanté, amusant ; bref une série à (re)découvrir ! Pourquoi cela fonctionne-t-il ? C’est très simple : Nicolas Pothier et Marc Lechuga sont fous ! Le scénariste, découvert par la série Ratafia (avec Salsedo, Glénat), à tout mis pour nous divertir : des personnages décalés, des prénoms jeux-de-mots (Brömure, Kata, Dahmar…), des dialogues ciselés, des chansons (On ira tous au paradis…) ou des situations anachroniques (le Tüb, qui permet de suivre à distance les aventures des héros, le Palsécam…). Mais cela ressemble étrangement à du Astérix tout ça ! En effet, les deux auteurs rendent un hommage à Uderzo et Goscinny, puisque tous les ingrédients de l’album reposent sur ceux de leurs illustres aînés.
Pour pimenter cette folle quête (la recherche du Walhalla), Nicolas Pothier y insère une rencontre avec le célèbre Robin des Bois et toute sa clique (Marianne, Frère Tuck…), mais aussi des élections complètement folles (pour la démocratie de Jean Sans Terre, enfin, plutôt un régime autocratique ; contre la royauté portée par Richard Coeur de lion et le fameux bandit de la fôret de Sherwood). Kilt défie Robin sur un tronc d’arbre comme dans le film avec Errol Flynn ou bien aussi la scène où elle participe au tournoi de tir à l’arc.
Le premier tome qui avait été nommé dans la catégorie Jeunesse du Festival d’Angoulême 2014 et qui avait reçu le Prix Coup de Coeur du Festival BD de Décines doit aussi son succès à une belle partie graphique de Marc Lechuga, aidé par Sylvain Lauprêtre pour les couleurs. Son trait semi-réaliste comique est idéal pour restituer la folie du récit.
- Wahlalla, tome 2 : Du côté de Sherwood
- Scénariste : Nicolas Pothier
- Dessinateur : Marc Lechuga
- Editeur: Treize Etrange
- Prix: 11.50€
- Sortie: 14 octobre 2015
L’amour sans peine
François Ayroles s’essaie à décrire l’amour et ce n’est pas chose aisée. Publié par L’Association, L’amour sans peine nous entraîne dans les méandres de ce sentiment parfois agréable parfois douloureux. Décalé et extrêmement drôle !
Résumé de l’éditeur :
François Ayroles ne nous épargnera donc rien. Déjà, dans « Les Amis » (2008), il mettait à rude épreuve l’amitié. Voilà qu’une autre consolation majeure, dans la traversée de cette vallée de larme qu’est l’existence, doit en passer par la casserole Ayroles : L’Amour ! Mais « L’Amour sans peine », qu’on se rassure ! Parce que oui : l’amour ça peut faire mal. Aucun risque ici. Les personnages de ce nouveau livre n’éprouvent RIEN. Ils dissertent, assènent, dissèquent, analysent, pontifient. Et s’ils s’interrogent ou doutent, c’est de manière calibrée, sur le ton du QCM ou du formulaire administratif. On hésite entre de la mauvaise publicité et un concours d’entrée dans la fonction publique. L’amour expliqué mode code de la route. Un jeu de massacre. Une véritable encyclopédie des façons de (Mal) traiter le « sujet » : scolairement, froidement, techniquement, niaisement, stupidement ET magie de l’art : c’est à mourir de rire !
Des hommes et des femmes se posent des questions sur l’amour avec un grand A. D’une manière candide et naïve, ils se demande ce que cela va leur procurer, quels sentiments ils vont éprouver. Par des petites saynètes très abouties et d’une grande drôlerie, François Ayroles essaie de décrire les contours de cet état de grâce qui peut parfois se transformer en cauchemar. Pour cela, il compte sur des anonymes qu’il met en scène sur deux, trois ou quatre planche : pas de passé, pas d’avenir, juste la situation brute, sans explication. Souvent en tête à tête avec un ami, une future fiancée, il croque plutôt des hommes qui confronter à ce sentiment deviennent idiots, bêtes et parfois partent en courant devant l’immense défi qui les attend. Entre domination, jalousie, amour gnangnan, amours adolescentes et naissantes ou le désir, l’auteur élargit au maximum son spectre pour le plus grand bonheur de son lectorat.
Souvent, l’auteur d’Une affaire de caractères ne dessine pas des top modèles mais des personnes lambda, qui ne sont pas à leur avantage physiquement. Comme cela tout le monde peut s’identifier à ses losers magnifiques. Les situations sont à la fois oniriques, décalées mais surtout complètement absurdes et loufoques : le professeur qui essaie d’analyser les différents types d’amour, à partir de graphiques, deux bodybuildeurs qui s’entraînent à l’amour comme on s’entraîne à soulever de la fonte, le bureau des amours trouvés où les personnes viennent rechercher un amour perdu ou encore une prof qui rompt avec son mari en plein cours. Les dialogues ciselés (les mots sont pesés) font mouche à chaque fois et peuvent aussi résonner au cœur des lecteurs.
Le trait en noir et blanc de François Ayroles est d’une grande sobriété pour laisser toute la place aux acteurs et aux situations comiques. Pas de superflu, pas de décors encombrants, que les personnages au centre des vignettes.
- L’amour sans peine
- Auteur: François Ayroles
- Editeur: L’Association
- Prix: 19€
- Parution: 15 septembre 2015
Inspecteur Bayard, intégrale 1
Les éditions BD Kids dévoilent la première intégrale des enquêtes de L’inspecteur Bayard. Regroupant quatre albums (Pas de vacances pour l’inspecteur Bayard, L’inspecteur n’a peur de rien, Mystères à toute heure et Lili, Grisbi et compagnie), ce recueil est l’œuvre de Jean-Louis Fonteneau et Olivier Schwartz, aidés dans les premières aventures de Dieter et Jean-Claude Cabanau.
Résumé de l’éditeur :
Un tableau volé sous le nez d’une dizaine de témoins ? Une star qui disparaît en pleine représentation ? Un curieux requin rôdant un peu trop près des plages ? Ne bougez plus, l’inspecteur Bayard est sur le coup. Sourcils froncés, yeux mi-clos et houppe impeccable, il vient à bout des énigmes les plus complexes. Bien sûr, il a besoin de votre aide… Mais avec un brin de logique, un soupçon d’esprit d’observation et une touche d’humour, vous y arriverez !
Prépubliées dans la revue Astrapi à partir de 1988, ces enquêtes font ensuite l’objet d’une publication en album. Composé de 192 pages, cette première intégrale regroupe les 4 premiers albums de la série. Pour chacun d’entre eux, le ressort est identique (comme les enquêtes du Journal de Mickey) : trois planches qui mettent en place l’intrigue et à la fin de l’album : une planche qui donne la clef de l’énigme. A chaque fois, les jeunes lecteurs doivent chercher des indices dans les premières pages afin de démasquer le coupable.
Polo bleu et gants blanc, l’inspecteur Bayard est un jeune policier qui enquête la plupart du temps sur des vols ou des disparitions mais jamais de meurtres. A ses côtés, on peut retrouver Isabelle Mirrette dite Isa, une jeune fille espiègle qui aime beaucoup les animaux.
Pendant 20 ans et à travers 18 albums, le tandem Jean-Louis Fonteneau – Olivier Schwartz (aidés parfois par Dieter et Jean-Claude Cabanau) livrent de très belles enquêtes, toujours simples, jamais anxiogènes, parfois poétiques. A la fin de cette intégrale, les lecteurs pourront observer un dossier de 18 pages avec : la genèse d’un héros, un inspecteur très Bayard, la recherche d’un scénariste attitré et les toutes premières pages dessinées par l’auteur du Groom vert-de-gris (avec Yann, Dupuis).
- Inspecteur Bayard, intégrale 1
- Scénaristes : Jean-Louis Fonteneau, Dieter et Jean-Claude Cabanau
- Dessinateur : Olivier Schwartz
- Editeur: BD Kids, Bayard
- Prix: 18.90€
- Sortie: 07 octobre 2015
Kamen teacher black
Un mystérieux professeur vagabond arrive dans le lycée Kyokuran pour remettre dans le droit chemin les pires élèves. Avec ses méthodes musclées, il leur demande de respecter les règles. Edité par Pika et signé Tôru Fujisawa, Kamen teacher black, un très bon manga, raconte les frasques de ce justicier un peu spécial.
Résumé de l’éditeur :
Le lycée Kyokuran, c’est le dépotoir où l’on entasse les pires racailles de Tokyo… Gôta Araki, 24 ans, enseignant de son état, vient d’y être muté… Ses passe-temps favoris ? L’entraînement sportif intensif et la collection de photos de starlettes tirées des magazines… Mais il n’est pas le seul, ce jour-là, à prendre ses fonctions à Kyokuran… Il y a aussi un autre prof… Un prof d’un tout autre genre…
Prépublié au Japon entre août 2006 et octobre 2007 dans le magazine Young Jump (éditions Shueisha), Kamen teacher black est un excellent manga prévu en 5 volumes en France. Très bien écrit et très accrocheur, le récit de Tôru Fijusawa est violent sans être révulsif. En effet, les bagarres ne se déroulent pas sur beaucoup de pages, le héros qui surprend ses adversaires rapidement et n’ont pas la lucidité d’y répondre.
Pour son scénario, il met en parallèle deux histoires qui s’entremêlent : d’un côté Hayato Jûmonji, un professeur vagabond, redresseur de tords qui débarque sur sa moto dans le lycée Hiiragi. Missionné par une agence, il vient dans un premier temps en aide à Togoshi, harcelé et racketté par Horié et ses sbires. Après leur avoir donner une bonne leçon, il raccompagne le lycéen. Le jour suivant, lors de la cérémonie de rentrée, le justicier casqué (il doit son nom à un célèbre super-héros japonais) refait parler de lui en mettant hors d’état de nuire les mêmes racailles (pourtant Horié est le fils d’un grand PDG qui offre des dons au lycée privé, qui lui donnent une immunité de la part du proviseur et des professeurs). Il leur rase les cheveux et part.
De l’autre arrive Araki, un professeur maladroit qui vient juste d’avoir un accident en vélo. Cet homme étrange est super musclé et a une énorme capacité à recevoir les chocs. Rapidement Togoshi fait le lien entre le nouvel enseignant et le justicier casqué. Les deux histoires sont très intéressantes et raviront les lecteurs adolescents. Un très bon début de série !
- Kamen teacher black, volume 1/5
- Auteur: Tôru Fujisawa
- Editeur: Pika
- Prix: 6.95€
- Parution: 16 septembre 2015
Clinique Van Spatz
Walt est dépressif. Après de nombreuses années dans les Studios Disney, il aspire à se reposer et à renaître. Pour cela, il débarque à la Clinique Van Spatz, une belle maison de santé. Edité par Misma, Clinique Van Spatz est un bel album de Anna Haifisch.
Résumé de l’éditeur :
Après avoir travaillé jusqu’à l’épuisement total dans les studios DISNEY, Walt sombre dans une profonde dérive : il se laisse aller, ne se nourrit plus et finit par perdre complètement la tête.
Sa femme Liliane décide de prendre les choses en main et l’amène à la CLINIQUE VON SPATZ.
Située sur les magnifiques collines de Santa Monica, cette maison de santé réputée accueille les grands noms de l’Art en crise ou en surmenage en vue d’une réinsertion artistique. Encadrés par des psychiatres, infirmières et aides-soignants compétents, les patients suivent un programme précis : art thérapie, séances de groupe, coaching personnel, ateliers de bd, expositions, mais aussi alimentation des pingouins, dressage des faucons, etc, etc…
Anna Haifisch livre une vision très personnelle des affres de la création, les doutes et les angoisses des auteurs dans le bel album Clinique Van Spatz. Pour éclairer le lecteur, elle met en scène de manière décalée la vie de Walt Disney dans cet établissement pour sa convalescence. Après des années de labeur dans ses studios, à imaginer des histoires, superviser les films en réalisation, il sombre dans une grande dépression. N’ayant plus envie de rien, il se retrouve dans cette belle propriété de santé.
Là, il participe à des groupes de parole, se régénère grâce à de l’art thérapie ou nourrit des pingouins. Tout est mis à disposition pour faire renaître le désir de créer. Pourtant, s’il est aidé et qu’il médite, il se retrouve finalement toujours aussi seul. En effet, l’album même s’il est solaire dans les couleurs et original dans le traitement graphique des personnages ou des décors, il reste assez pessimiste. En effet, la guérison est tellement fragile, la rémission ne tenant qu’à un fil.
Nous avions découvert le très bon travail de Anna Haifisch dans les pages de Dopututto Max (la revue découvreuse de talents des éditions Misma) et nous sommes toujours aussi séduit par son univers singulier et d’une belle intelligence.
- Clinique Van Spatz
- Auteur: Anna Haifisch
- Editeur: Misma
- Prix: 15€
- Parution: 22 octobre 2015
Tempête au haras
- Tempête au haras
- Scénariste : Chris Donner
- Dessinateur : Jérémie Moreau
- Editeur: Rue de Sèvres
- Prix: 14€
- Sortie: 07 octobre 2015
Sillage #18
Psycholocauste est la dix-huitième aventure de Sillage. Edité par Delcourt et signée Jean-David Morvan et Philippe Buchet, l’album est la suite de la publication précédente, qui mettait en scène le nouvel enfant de Nävis, Jules.
Résumé de l’éditeur :
Il y a un second être humain officiel à bord de Sillage et le conseil doit voter s’il lui accorde ou non la citoyenneté sillienne. Nävis l’espère vivement et prend ses responsabilités pour le convaincre. Mais très rapidement, cette préoccupation devient secondaire car un virus extrêmement puissant provenant de l’ornosphère convoité par le Magister et récupéré par Bobo.
Alors que l’album précédent nous avait énormément plu : Nävis découvrait qu’elle était de nouveau maman de Jules, un adolescent, petit génie des mathématiques et inventeur de machines volante. Elle l’avait retrouvé sur la planète TRJJ-68. Leur fuite était aussi une belle séquence, dans la grande veine aventurière de la série. Ce 18e volume nous convainc beaucoup moins. Tout d’abord, dès les premières pages, le lecteur découvre que Jules est en fait une adolescente et qu’elle se prénomme Juliette. Et effet narratif est peu étrange ; d’ailleurs ce changement de genre n’apporte rien au récit. Cette dernière doit acquérir la citoyenneté sillienne, mais cela n’est pas gagné. Même si on le pressent : sa bosse des maths va servir au nœud du problème. Le convoi de Sillage est attaqué par une maladie dégénérative. Les personnes touchées se transforment en une sorte de zombie.
Un scénario pas très original donc, très classique mais plutôt bien maîtrisé de la part de Jean-David Morvan. Nous avons connu le scénariste plus inspiré pour la meilleure de ses séries. Comme à son habitude, l’auteur met les humains au centre de la vie de Sillage, seule solution au problème du convoi. Nävis et Juliette seront la clef pour endiguer le fléau.
La seule partie qui ne fléchit pas, c’est le dessin de Philippe Buchet : une petite merveille ! Son trait est fluide, lisible et agréable à l’œil. Les personnages, les décors et les engins spatiaux sont comme d’habitude, extrêmement bien réussi.
- Sillage, tome 18 : Psycholocauste
- Scénariste : Jean-David Morvan
- Dessinateur : Philippe Morvan
- Editeur: Delcourt, collection Néopolis
- Prix: 14.50€
- Sortie: 23 septembre 2015
L’histoire d’un monde truqué
Le mercredi 4 novembre sortira sur les écrans Avril et le monde truqué, un film d’animation réalisé par Franck Ekinci & Christian Desmares, à partir d’un univers imaginé par Benjamin Legrand et Jacques Tardi. Pour accompagner ce dessin animé, les éditions Casterman proposent L’histoire d’un monde truqué, un sublime ouvrage qui décrit l’univers mis en scène par les deux auteurs.
Résumé de l’éditeur :
Imaginée sur mesure par son vieux complice Benjamin Legrand (Tueur de Cafards), une aventure uchronique dans les anénes 1930 revue à la mode Steampunk.
Dans une France de 1941 endormie au XIXè siècle (ni électricité ni pétrole, les plus grands savants mondiaux disparaissent mystérieusement. Une jeune fille, Avril, part à la recherche de ses parents, scientifiques qui eux-aussi se sont volatilisés sans explication. Aventures, Mystères, Humour… et Vapeur !
Le tout dans le style inimitable de Tardi : un véritable régal, qui rappelle Le Démon des glaces ou Adèle Blanc-Sec. Toutes les recherches de personnages et de décors, les story-boards, les ambiances dessinées par Tardi pour la production du film sont rassemblés et commentés par le scénariste, Benjamin Legrand. Des dizaines de dessins totalement inédits de Tardi !
Benjamin Legrand et Jacques Tardi se connaissent depuis 30 ans. Le romancier a déjà travaillé avec l’auteur notamment à travers l’album Tueur de cafards (Casterman (a suivre)), mais aussi Le Bronx (éditions Jean-Claude Simoën) pour lequel le dessinateur avait réalisé la couverture. Après un projet de film d’animation sur la Première Guerre Mondiale mort-né, le scénariste écrit un récit sur-mesure pour son ami : Avril et le monde truqué ; un univers steam punk où des savants se font kidnapper, dans les années 30.
A travers les 134 pages, le lecteur découvre donc la genèse du projet, les personnages (Avril, ses parents Les Franklin, Pops le grand-père qui a la voix de Jean Rochefort dans le film, Darwin le chat qui parle, Julius le titi parisien, Cruchaud le policier obtus) mais aussi les recherches de Tardi pour les animaux et leurs exosquelettes, les engins marins et beaucoup de machines à vapeur. Enfin dans les dernières pages, les deux auteurs proposent le story-board, en exclusivité.
- L’histoire du monde truqué
- Auteurs: Benjamin Legrand et Jacques Tardi
- Editeur: Casterman
- Prix: 25€
- Parution: 21 octobre 2015
Et pour quelques pages de plus…
Pour compléter notre sélection de la semaine, Case Départ vous conseille aussi les albums suivants :
L’Express BD, spécial XIII
Dans les coulisses d’une œuvre mythique, tel est le sous-titre du Hors-série de L’Express spécial XIII. Dans ce numéro, le lecteur se penchera sur le célèbre amnésique : ses auteurs historiques Vance & Van Hamme, les premières planches du prochain album et les secrets de XIII. Un très beau hors-série.
Au sommaire du numéro spécial :
Plus de 100 pages de dossiers, d’interviews, d’infos exclusives… un numéro indispensable pour tous les fans de la série culte de Jean Van Hamme et William Vance. L’Express revient avec ses créateurs dans les coulisses de leur œuvre mythique. Avec une multitude de documents curieux et inédits, dont une nouvelle de XIII signée Jean Van Hamme, redécouvrez l’un des héros les plus envoûtants de la bande dessinée d’aujourd’hui.
Au sommaire :
* Actualités de XIII : Qui sont les nouveaux auteurs ? Comment ont-ils pris la succession des auteurs originaux ?
* Exclusif, le nouveau XIII, L’héritage de Jason McLane. Les 7 premières planches du nouveau XIII qui paraîtra début 2016.
* Les mémoires de l’amnésique, les deux lettres qui ont changé XIII. Décryptage du héros qui cumule pas moins de 13 identités ; ainsi que le casting des personnages secondaires de la série (Major Jones, La Mangouste ou encore Ben Carrington).
* Un duo chanceux (3 articles) : un portrait de Jean Van Hamme et ses multiples séries à succès. L’art de William Vance : portrait du dessinateur de XIII.
* Six personnalités parlent de XIII, Ils en sont fans avec Laurent Wauquiez, Fleur Pellerin, Marc Levy, Michel-Edouard Leclerc, Pierre Arditi, Pouria Amirshahi
* Jean Van Hamme raconte XIII (14 articles)
* Génération XIII, XIII Mystery, OPA sur une génération d’auteurs
* Les secrets de XIII (10 articles)
* Une nouvelle de Jean Van Hamme, Traquenards et sentiments
- L’Express BD, spécial XIII
- Auteurs: Jean Van Hamme, William Vance, Yves Sente et Iouri Jigounov, ainsi que les auteurs des articles
- Editeur: Alticemedia
- Prix: 7.90€
- Parution: 15 octobre 2015
Meilleures ennemies
Véronique Grisseaux et Federica Salfo font vivre une quatrième aventure à Halley et Avalon, les deux Meilleures ennemies, dans leur lycée américain. Un doux dilemme se pose aux deux jeunes adolescentes : Qui réussira à séduire Duncan, le nouvel élève ?
Résumé de l’éditeur :
Un nouveau garçon vient d’arriver au collège en cours d’année. Duncan vient de New York et son père est le célèbre présentateur de télévision, Andrew Taylor. Avalon tombe sous le charme de Duncan, mais ce dernier a flashé sur Halley. Duncan a décidé de créer un blog de news et de mode. Il propose à Avalon et Halley de créer une page people et une page mode sur son blog. Leur projet fonctionne : les filles ont plein de fans… et beaucoup d’ennemis. Leur amitié survivra-t-elle à cette nouvelle aventure ?
La série Meilleures ennemies est tout d’abord inspirés des romans pour adolescentes signés Alexa Young (éditions Michel Lafon). Après trois premiers tomes fondés sur les écrits de l’auteure américaine, ce nouvel album est pour la première fois une histoire inédite. En ouverture, la jeune lectrice retrouve Avalon et Halley, enfin réconciliées ; et même la dernière toujours en couple avec Wade, l’ex de la première. Mais cette belle embellie va être de courte durée avec l’arrivée de Duncan, le nouvel élève, très beau et qui ressemble à Robert Pattinson. Alors que Avalon, célibataire, fait du rentre-dedans à ce bel Apollon, lui n’a d’yeux que pour Halley. Tout cela est amplifié par la volonté de Duncan de mettre en ligne un blog d’infos et de mode. Le jeune adolescent veut prendre l’exemple sur son père, célèbre présentateur télé. Pour réussir rapidement, il demande aux deux jeunes filles de l’aider, puisqu’elles en ont l’habitude. Mais les deux meilleures amies vont de nouveau être Meilleures ennemies à cause de leur attirance pour Duncan…
Idéal pour les jeunes adolescentes de 8/12, Meilleures ennemies ne propose pas non plus de révolution. Les trames sont classiques (deux filles, un garçon, jalousie) mais l’histoire colle à notre monde contemporain : blogs, internet, mode, potins et acteurs célèbres. Tous les ingrédients sont réunis pour que ce récit plaisent à ce cœur de cible : mode, premières amours, jalousie, Etats-Unis et le collège, sport, fête, recherche de célébrité… La partie graphique est elle aussi simple, d’une grande lisibilité mais très très classique. Federica Salfo, qui a travaillé sur la série Witch ou pour le magazine Barbie, livre des planches où les personnages ont des postures un peu figées.
- Meilleures ennemies, tome 4
- Scénariste : Véronique Grisseaux
- Dessinatrice : Federica Salfo
- Editeur: Jungle, collection Miss Jungle
- Prix: 10.45€
- Sortie: 30 septembre 2015
Wild love
Les éditions Soleil Manga dévoilent le premier volume de Wild Love, une romance érotique de Hiraku Miura.
Résumé de l’éditeur :
Yuzuki Madoka est une jeune fille passionnée d’animaux qui a le cœur sur la main. Elle suit des études pour devenir toiletteuse. Un jour, un étudiant nommé Shirô Kuon, emménage dans la même résidence qu’elle. Ce dernier est gentil et toujours en demande d’affection. Petit à petit, il attire la jeune femme à lui. Mais il y a un problème : il cache un bestial secret que personne ne doit découvrir…
Prépublié au Japon en 2013 dans la revue Renai Paradise des éditions Takeshobo, Wild Love est une belle romance érotique. Teinté de fantastique, ce jôsei est plutôt bien écrit, assez accrocheur et très original. Alors que Yuzuki passe sa vie entourée d’animaux (elle veut devenir toiletteuse), elle découvre un joli petit chien dans la rue. Cette boule de poils blancs est dans un drôle d’état. Elle le bichonne et apprend que cet étrange animal n’est autre que Shirô, un voisin tout juste emménagé à côté de chez elle. Elle tombe amoureuse de lui. Mais dans la ville, d’autres monstres rodent qui en veulent à la jeune fille. Le petit chien-homme n’a d’yeux que pour elle et décide de la protéger.
Un bon début de manga ciblé jeunes filles !
- Wild love, volume 1
- Auteure: Hiraku Miura
- Editeur: Soleil Manga
- Prix: 6.99€
- Parution: 21 octobre 2015
Love monster
(album pour adultes)
Voilà le nouvel boy’s love de Mio Junta, Love monster. Après Best ending ?, elle propose trois petites histoires indépendantes d’amours homosexuelles, édité par Taifu Comics.
Résumé de l’éditeur :
Akira, étudiant, a reçu une déclaration de la part de son ami d’enfance, Itsuki. Bien qu’étonné par les sentiments de celui qu’il considère comme un petit frère, il réalise que ses propres sentiments ne sont pas si clairs. Déstabilisé, Akira sent son cœur battre la chamade lorsqu’Istuki s’approche de lui ou le touche. Cependant, ce dernier ne change pas d’attitude… jusqu’au jour où Akira invite un ami chez lui…
Prépublié dans la revue Ciel Tres Tres des éditions Kadokawa Shoten en 2011 au Japon, Love monster met en scène des jeunes hommes qui tombent amoureux dont l’un est plutôt dominateur dans les sentiments, les actes sexuels et dans la vie de tous les jours. Le scénario plutôt classique de Mio Junta est en cela différent par ce côté domination. Akira et Istuki sont amis depuis longtemps mais dès la première page, ce dernier déclare sa flamme à son pote. Déstabilisé, il se rapproche de plus en plus de lui. Le plus âgé aime dominer le plus jeune et fait montre de sa jalousie.
Enfin, la partie graphique de Mio Junta est extrêmement bien réussie comme dans sa précédente publication Best ending ?
- Love monster
- Auteure: Mio Junta
- Editeur: Taifu comics
- Prix: 8.99€
- Parution: 24 septembre 2015
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