Sarkozy fait une sortie en campagne
Il est arrivé avec une heure d’avance, mais il avait déjà fait le coup, alors certains était prêts. Les autres ont pris le train en marche. Plusieurs dizaines de photographes, cameramen, preneurs de son et gratte-papiers. Une ruche qui a bourdonné pendant 4 heures dans les allées du Salon de l’agriculture. Visite présidentielle oblige. Campagne de candidat surtout. Parce que samedi, Nicolas Sarkozy s’est fait une partie de pêche aux voix.
Rétrospective des chansons de campagne
Cette année, les candidats font dans le soft : de l’instrumental, peu de paroles, peu d’idéalisme. Mais les musiques de campagne de leurs précédesseurs à la course présidentielle n’ont pas toujours observé la même retenue.
Elément essentiel de l’attirail communicationnel, la chanson doit marquer l’identité du candidat, au même titre que le slogan, l’affiche, le clip de campagne et le geste de ralliement (poing levé pour Jean-Luc Mélenchon, signe « égal » pour François Hollande). Le secret ? Un air entêtant et des paroles simples. Les électeurs doivent retenir le message.
Depuis quelques semaines, les médias ont déterré l’hymne choisi par Jacques Chirac en 1981, forcément kitsch vu du XIXe siècle. « La France a besoin d’un homme de courage, de résolution. Votons Jacques Chirac, en avant toute la nation », chantent des voix féminines sur un air joué au synthétiseur. Le morceau réalise un beau coup d’éclat, puisqu’il est resté dans bien des esprits trente ans après. A l’issue du premier tour, le candidat du RPR se classe d’ailleurs troisième avec 18% des voix.
Quid du temps de parole ?
Le temps de parole est un sujet de litige lors de chaque élection. Règles trop complexe pour les médias, pas assez d’égalité pour les candidats… le Conseil supérieur de l’audiovisuel, qui effectue les contrôles, a cette année encore du fil à retordre.
Lundi, les dirigeants de neuf chaînes de télévision et de radio (RTL, France Inter, France Bleu, France Info, France Culture, Europe 1, RMC, BFM Business et BFM TV) ont réclamé un assouplissement des règles de stricte égalité du temps de parole à Jean-Louis Debré, président du Conseil Constitutionnel. « Cette situation n’existe pas chez nos grands partenaires européens qui ne sont pas moins démocratiques que la France, pas plus qu’elle ne concerne ni la presse, ni Internet, pourtant des vecteurs tout aussi importants d’information que l’audiovisuel », écrivent les patrons dans une lettre.
En face, les petits candidats se plaignent de ne pas être suffisamment représentés, au profit de François Hollande et Nicolas Sarkozy qui monopolisent écrans et bande FM. Mercredi, un conseiller de Jean-Luc Mélenchon a directement écrit à Christine Kelly, présidente du groupe de travail sur le pluralisme et la campagne électorale au CSA. « C’est simple : on a souvent l’impression à l’écoute de nos médias audio-visuels que l’élection présidentielle ne comporte qu’un tour, le 2ème, dont par ailleurs ils ont déjà fixé le casting », écrit-il. « Si le 19 mars, soit dans seulement 40 jours, la répartition des temps de parole n’a pas nettement évolué on pourra, sans craindre l’exagération, dire que la campagne aura été faussée« . Face à cette situation, le Front de Gauche demande au CSA « d’intervenir sans tarder ».
La VIe République vue par Jean-Luc Mélenchon
C’est le grand projet du candidat du Front de gauche : instaurer une VIe République. « Les institutions actuelles ont éloigné le pouvoir du peuple, provoquant une grave crise démocratique », justifie-t-il dans son livre-programme. Absention record, compétition personnelle lors de la présidentielle, médias « principalement voués au libéralisme » ou encore « oligarchie gouvernante » seraient le signe que les institutions actuelles sont périmées.
Les candidats à l’assaut de l’Outre-mer
Les images de l’arrivée chaotique de Marine Le Pen à l’aéroport de Saint-Denis de la Réunion ont tourné en boucle sur les télévisions aujourd’hui. Huées, banderoles hostiles, Marseillaise en créole et même jets d’eau attendaient la candidate du Front national dès sa descente d’avion, malgré un important cordon policier. La plupart des manifestants se réclamaient du Mouvement des jeunes socialistes et du Front de Gauche.
La scène rappelle l’arrivée de Jean-Marie Le Pen, son père, en Martinique, en 1987. Il avait alors été empêché d’atterrir à Fort-de-France. En 2001, lors d’un deuxième essai, des militants et associations anti-racistes avaient contraint l’ancien président du FN à reporter son voyage à la Réunion. Si bien qu’il n’a jamais pu faire campagne aux Antilles.
La campagne inspire un jeu de société
François Hollande plonge dans le grand bain
Combatif, offensif, … les adjectifs flatteurs fleurissent dans la presse dès ce soir. Lors de son premier grand meeting, au Bourget, cet après-midi, François Hollande a donc réussi son challenge. Détaché de son image de « flamby » l’espace d’une heure et vingt-trois minutes, le candidat socialiste, dans un discours incarné, a enflammé une salle pleine de 25.000 supporters. « Génération changement », affichaient les panneaux brandis par la foule, qui reprenait en coeur « François président, François président », à la fin de chaque thème abordé. Ou est-ce le concert préalable de Yannick Noah qui avait chauffé la salle ?
En costume sombre, sobre, chemise blanche et cravate bleu marine, le favori des sondages a de nouveau exprimé sa volonté de « réenchanter le rêve français ». Une stratégie risquée, alors que la droite parle régulièrement « d’irresponsabilité » et « d’irréalisabilité » du projet socialiste. Ce rêve, la jeunesse doit l’incarner. « J’ai choisi de m’exprimer dans le département de Seine-Saint-Denis, le plus jeune de France », a-t-il justifié d’emblée. Le critère de réussite de son projet : que les jeunes « vivent mieux en 2017 qu’en 2012″.
Entre lycée, télé et meeting, une folle journée de Nathalie Arthaud
Jean, veste en cuir décontractée, foulard coloré et brushing incertain. Le look dénote avec celui des « gros » candidats, tirés à quatre épingles. Il est 12h10, vendredi, quand Nathalie Arthaud passe le portail du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, où elle enseigne l’économie et la gestion.
Ses trois « camarades » (« équipe de campagne » dans le langage communiste) de Lutte ouvrière attendent leur candidate à la sortie. « L’équipe de France 3 aura du retard« , l’informe aussitôt son attaché de presse, Pierre Royan. Qu’à cela ne tienne, nous nous installons au bistrot voisin pour un café et un (court) entretien.
Le duel Sarkozy-Hollande : en 2004 déjà…
Même si l’un n’est pas encore déclaré, la confrontation entre les deux « gros » candidats bat son plein. Ce matin, François Hollande s’exprimait dans les colonnes de Libération. Deux pages d’une tribune offensive. « Au lieu d’élire un président qui a changé, pourquoi ne pas changer de président ? » questionne-t-il. En face, dans Le Figaro, un article rappelle que Nicolas Sarkozy se voit en « président des idées », à l’inverse du « projet vide » du candidat socialiste.
En fait, cette bataille n’est pas nouvelle. En 2004 déjà, les médias prévoyaient un second tour Hollande-Sarkozy pour la présidentielle de 2007. Cette année-là, le premier secrétaire du Parti socialiste, jusqu’ici discret, est propulsé sur les devants de la scène politique. Le PS remporte vingt-quatre des vingt-six régions françaises aux élections régionales. Un succès sans appel.
François Hollande propose 15 bonnes raisons de ne pas réélire Nicolas Sarkozy
Huit millions de tracts vont inonder les marchés le week-end prochain. Dessus, le top 15 des « chiffres de l’échec de Nicolas Sarkozy »… selon le Parti socialiste. A 120 jours du premier tour, Pierre Moscovici, le directeur de campagne de François Hollande a prévenu : « Ce président de la République-candidat n’échappera pas à son bilan, à ses promesses, à ses mensonges, à ses échecs ». Oeil pour oeil…