22 jan 2012
Chloé Bossard

François Hollande plonge dans le grand bain

Combatif, offensif, … les adjectifs flatteurs fleurissent dans la presse dès ce soir. Lors de son premier grand meeting, au Bourget, cet après-midi, François Hollande a donc réussi son challenge. Détaché de son image de « flamby » l’espace d’une heure et vingt-trois minutes, le candidat socialiste, dans un discours incarné, a enflammé une salle pleine de 25.000 supporters. « Génération changement », affichaient les panneaux brandis par la foule, qui reprenait en coeur « François président, François président », à la fin de chaque thème abordé. Ou est-ce le concert préalable de Yannick Noah qui avait chauffé la salle ?

En costume sombre, sobre, chemise blanche et cravate bleu marine, le favori des sondages a de nouveau exprimé sa volonté de « réenchanter le rêve français ». Une stratégie risquée, alors que la droite parle régulièrement « d’irresponsabilité » et « d’irréalisabilité » du projet socialiste. Ce rêve, la jeunesse doit l’incarner. « J’ai choisi de m’exprimer dans le département de Seine-Saint-Denis, le plus jeune de France », a-t-il justifié d’emblée. Le critère de réussite de son projet : que les jeunes « vivent mieux en 2017 qu’en 2012″.

Mais François Hollande a surtout martelé le mot « égalité » une bonne dizaine de fois. « Je serai le président de la fin des privilèges », a-t-il promis, visant directement Nicolas Sarkozy. « Avant toute réforme, toute décision, toute loi, je ne me poserai qu’une seule question : ce qu’on propose est-il juste ? » Alors qu’il ne présentera son programme que jeudi, le candidat a tout de même dévoilé quelques mesures-phares qui permettront selon lui de préserver cette égalité. La réforme fiscale est brandie en étendard, ainsi que le droit des homosexuels au mariage, le droit de vote local des étrangers non communautaires, et bien entendu la parité homme-femme dans les institutions et les entreprises. « Si vous m’offrez ce mandat », a-t-il répété, la loi de 1905 sur la laïcité sera également inscrite dans la Constitution.

Tout en prenant des attitudes mitterrandiennes, le candidat du PS a également pointé du doigt la finance, son « véritable adversaire, qui n’a jamais été élu et ne sera pas candidat ». Et de remettre sur le tapis la taxe sur les transactions financière, et la responsabilité des banques. « Je m’engage à lutter contre les fraudeurs fiscaux et les délinquants financiers »… « La République vous rattrapera ! », prévient-il. Car lui, François Hollande, n’est pas comme d’autres « fasciné par l’argent ». Non. Lui, il « aime les gens ». C’est même « un secret » qu’il a dévoilé à la foule.

L’homme a effectivement su se départir de sa pudeur habituelle. Dans un long chapître dédié à sa famille, il a expliqué combien les idées de son père, « contraires » aux siennes, ont su « forger ses convictions ». Et de citer Albert Camus, « petit enfant pauvre » devenu Nobel de littérature. « Français, c’est le plus beau nom que l’on puisse donner à un citoyen du monde », a-t-il conclu, applaudi par toute une brochette de personnalités du Parti socialiste, de Lionel Jospin à Edith Cresson, en passant par Mazarine Pingeot, fille de François Mitterrand. Sans compter une longue ovation du public réservée à Martine Aubry, candidate vaincue lors des primaires.

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