13 jan 2012
Chloé Bossard

Entre lycée, télé et meeting, une folle journée de Nathalie Arthaud

Jean, veste en cuir décontractée, foulard coloré et brushing incertain. Le look dénote avec celui des « gros » candidats, tirés à quatre épingles. Il est 12h10, vendredi, quand Nathalie Arthaud passe le portail du lycée Le Corbusier d’Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, où elle enseigne l’économie et la gestion.

Ses trois « camarades » (« équipe de campagne » dans le langage communiste) de Lutte ouvrière attendent leur candidate à la sortie. « L’équipe de France 3 aura du retard« , l’informe aussitôt son attaché de presse, Pierre Royan. Qu’à cela ne tienne, nous nous installons au bistrot voisin pour un café et un (court) entretien.

Nathalie Arthaud doit jongler entre son métier d'enseignante et sa campagne.

Le timing est serré. Outre les cours du matin et deux interviews, Nathalie Arthaud tient ce soir son premier meeting, à Saint-Denis. « Mais le lancement de la campagne aura réellement lieu le 3 février à Montreuil« , tient-elle à préciser. La grande figure du parti, Arlette Laguiller, passera officiellement le relais à sa benjamine, déjà porte-parole de LO depuis 2008.

Lutte des classes

Dans les coulisses, celle qui a porté les couleurs de Lutte ouvrière lors de six élections présidentielles reste la tête pensante. Débriefing des interventions, conseils, analyse de la situation politique… rien ne se fait sans elle. Les deux femmes partagent même leur bureau. « Ceux qui seront attentifs à mon discours y reconnaitrons les idées d’Arlette« , revendique Nathalie Arthaud. Le fameux « travailleuses, travailleurs«  ne restera donc pas au placard. « C’est beaucoup plus qu’une formule, c’est la conscience d’une véritable lutte des classes« .

Le programme aussi reste inchangé : interdiction des licenciements, répartition égale du travail sans baisse de salaire, et expropriation des banques sont les trois propositions phares. « Aujourd’hui, quand les commandes baissent, les patrons mettent à la porte les intérimaires. Non ! La variable d’ajustement doit être les dividendes qu’on verse aux actionnaires. C’est très facile à faire ! » La cible : « le patronat et la bourgeoisie qui dirigent aujourd’hui et dont il faut inverser le rapport de force« . Le moyen d’y parvenir : la lutte sociale. La candidate rêve d’un nouveau mai 68, car « le changement ne pourra venir que d’en bas« .

Seulement 1% d’intentions de vote ? Aucune importance. « Oui, je porte une candidature de témoignage, au même titre que tous ceux qui ne seront pas élus« . Hors de question, donc, de s’allier avec Jean-Luc Mélenchon ou Philippe Poutou. « Je suis la seule candidate communiste« , insiste Nathalie Arthaud, « je ne suis pas prête à faire taire mes idées pour gagner 2 ou 3%« .

Il est temps de se remettre au travail. Pas de tournée, chacun paie son café. Quand on est communiste, c’est jusqu’au bout.

Course médiatique

16h30. Nous retrouvons la candidate trotskyste au siège de Lutte ouvrière, dans la ville voisine de Pantin. Une vingtaine de bureaux dans lesquels s’activent les militants et bénévoles. Nathalie Arthaud a troqué son sweat-shirt contre une veste à carreaux, discrète. Meeting oblige. « Le Mouv veut t’inviter lundi, juste avant ton intervention sur Public Sénat« , lui glisse Pierre Royan.

Les médias s’intéressent à elle depuis peu. « Ils sont liés à l’égalité du temps de parole, certains viennent uniquement pour ça et ne s’en cachent même pas« . Au moins, elle dispose à présent d’une tribune pour s’exprimer. Une équipe de télévision débarque.  France 3. Caméra, micro, questions. Nathalie Arthaud connait désormais la chanson, et se prête volontiers au jeu.

La candidate est à l'aise devant les caméras.

Entre septembre et décembre, Nathalie Arthaud a sillonné 90 villes « moyennes«  et parcouru 20 000 kilomètres. Elle était notamment à Poitiers début octobre. Une vingtaine de meetings sont désormais prévus dans les grandes agglomérations : Le Havre, Lille, Lyon et Marseille notamment sont à l’agenda. Tours suivra le 23 février. En parallèle, l’équipe paufine ses outils de communication. Elle nous présente les affiches qui seront collées dès la semaine prochaine. Un véritable site de campagne est à venir.

Si la quête aux parrainages d’élus n’est pas terminée, « elle est en bonne voie« . Nathalie Arthaud se dit « confiante« , elle aura rassemblé 500 signatures d’ici « fin-février, début-mars« . Mais la tâche s’est avérée ardue. « De nombreux maires craignent des mesures de rétorsion de la part des grands partis : que le Conseil général n’accorde pas une subvention, ou que celui qui brigue un poste ne soit pas soutenu« .

17h15, la candidate reçoit un SMS. Standard and Poors vient de dégrader le AAA français. « Bon, il faut que je revois mon topo pour ce soir, j’avais prévu de commencer par le quotient familial« .

Son attaché de presse, Pierre Royan, ne la quitte pas d'une semelle.

2 Comments

  • Nicolas Sarkozy a le défaut plus que certain d’avoir une formation d’avocat…
    En effet, un avocat dit toujours, en temps et en lieu, ce que le brave peuple veut entendre. Un avocat peut dire, sans vraiment broncher, une chose puis son contraire si le besoin s’en fait sentir. L’avocat saura, bien évidemment, choisir les mots,tout à fait, appropriés et surtout les mots de circonstance : pour plaider une cause ou bien sa propre cause.

    Un avocat saura aussi faire vibrer, en cadence et en mesure, les sentiments de toute une nation et de tout un peuple ! Il fera appel à toute la panoplie des émotions et des sensations dans le but d’obtenir une certaine approbation des foules.

    Lorsque Nicolas Sarkozy réponds lors d’un interview ou à l’occasion d’une conférence de presse ou lors d’un discours public : en premier ressort c’est surtout l’avocat, qui est en lui, qui parle et qui exprime sa vision du monde et des choses.

    C’est ainsi qu’il pourra affirmer et décréter telle ou telle chose, puis sans vergogne, sans aucun scrupule dire le contraire et ce dès que le vent tourne ou que les circonstances changent.

    Sa formation d’avocat fait qu’il cherchera surtout à plaire à son auditoire, à son public, ses discours (disons plutôt ses plaidoiries) chercheront bien évidemment à convaincre de la justesse de ses propos, de la hauteur de ses thèses et de la valeur de ses affirmations.

    Un avocat ne fera donc jamais un Grand Homme d’Etat, ni un Commis de valeur, ni un vrai Serviteur de la France car l’avocat ne prendra jamais le risque de déplaire à une clientèle, il ne prendra pas également le risque inconsidéré de prendre des décisions qui s’avéreront par la suite et surtout à court terme impopulaires. Il ne prendra jamais une quelconque décision qui n’est pas dans l’air du temps ou d’une certaine mode que diffuse la dictature des médias de service.

    Nous ne voterons pas, en 2012, pour le candidat Socialiste et ce pour vraiment plusieurs raisons qui nous semblent tout à fait importantes :

    tout d’abord le manque constant et permanent d’un minimum de respect et nous osons même dire d’une certaine pudeur, également l’insuffisance d’une certaine humanité, d’une forme de dignité et aussi l’absence d’une certaine considération pour la fonction Présidentielle et pour le Président de la France ( et nous devons donc le rappeler : élu par une majorité de Français…) De plus, une plus que certaine très grande mauvaise foi : il suffit d’ailleurs que le Président de la République fasse une proposition quelconque pour que cette proposition soit obligatoirement et immédiatement contredite et très largement critiquée :
    l’opposition de service dit constamment sans vergogne : il aurait fallu faire ça et non ça, il n’y a qu’à, il faut que… nous Socialistes ont aurait bien sûr et bien évidemment fait beaucoup beaucoup mieux que Lui…

    De plus cette actuelle et vraiment pas chiche opposition n’a qu’un seul programme mis en avant, d’une manière unanime et touchante : être contre, contre tout et contre tous (et surtout contre Lui évidemment) et par dessus tout ne jamais être pour : telle est l’étendard au vent et la devise de l’opposition de service… De plus également, le manque de projets politique vraiment concret, le surpoids important de démagogie chronique, le trop plein de prétentions et de présomptions.

    • Parolier37, nous apprécions l’expression des opinions, mais notre blog n’a pas vocation à devenir une tribune politique. D’autant plus que personne ne sait qui est le « nous » dont vous parlez, ni le rapport que ce commentaire peut bien avoir avec la candidate Nathalie Arthaud. Merci.

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