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VIGILE

Vous êtes-vous déjà posé la question de savoir à quoi pouvait bien penser un vigile, en poste debout des heures durant ? Il s’ennuie et passe le temps à vous observer, à vous deviner et à ranger dans une catégorie tout en faisant en sorte de déjouer les stratagèmes toujours plus inventifs des voleurs (ses). C’est en tout cas ce que nous raconte Gauz, l’auteur d’un premier roman très réussi « Debout-payé », publié à la rentrée de septembre chez Le Nouvel Attila.

 

« Debout-Payé » raconte l’histoire d’Ossiri, étudiant ivoirien devenu vigile après avoir atterri sans papier en France en 1990. Un poste que Gauz, alias Patrick Gbaka-Brédé, a lui-même occupé.

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livre-bois-2L’actualité et la littérature ne font pas bon ménage ? Ce serait se priver de romans inscrits dans notre réalité, ancrés dans notre quotidien. Ce serait donc passer à côté du nouveau roman écrit par Elisabeth Filhol qui, après « La centrale » que vous pouvez retrouver ici, revient avec « Bois II », publié également chez P.O.L.

Le thème retenu par l’auteure qui vit à Angers ? Après les intermittents précaires du nucléaire, elle nous plonge cette fois dans le quotidien d’une entreprise en cessation de paiement dont les salariés décident de séquestrer le patron pour obtenir des réponses et des perspectives d’avenir.

On parle alors de « bossnapping », terme anglo-saxon désignant les cas de séquestrations de patrons en France. L’article publié dans Challenges vous explique ici l’historique de la pratique et les objectifs visés.

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SOUS-SOL

Un premier roman, ça vous dit ? Celui de Clotilde Coquet s’insère dans notre quotidien. Et plus particulièrement celui des étudiants qui, pour pouvoir subvenir à leurs besoins, sont dans l’obligation de travailler. C’est le cas de la narratrice, héroïne de « Parle-moi du sous-sol », sorti chez Fayard à la rentrée littéraire de septembre.

Thésarde en Histoire de l’art, la jeune femme travaille à la caisse du rayon jouets d’un grand magasin chic. Là, cette intello précaire découvre l’envers du décor (la formation réduite au strict minimum, les collègues, les petits chefs…) et la difficulté à pouvoir s’insérer durablement dans la vie. Là, au sous-sol, ils sont plusieurs à penser que tout cela n’est que provisoire, temporaire. Pas si sûr…

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La rentrée littéraire, toujours. Avec quelque 600 nouveaux romans, pas possible de parler de tous. Un choix arbitraire et personnel s’opère donc. Et comme je suis Laurent Mauvignier depuis son premier roman, impossible de ne pas parler de son dernier opus « Autour du monde », paru au début du mois de septembre aux Editions de Minuit.

mauvignierautourdumondeL’histoire ? Elle est plurielle. Et planétaire. Nous sommes le 11 mars 2011. Au large des côtes de l’île de Hoshu, au Japon, un terrible tsunami se forme après un séisme d’une magnitude de 9,0. Un cataclysme qui fera 20.000 morts et des milliers de blessés. Une partie du pays est entièrement ravagée. Et ailleurs ? A travers son roman, Laurent Mauvignier nous livre des tranches de vie.

On y croise Guillermo, le Mexicain, tombé amoureux d’une Japonaise alors que la catastrophe s’annonce. Eux, vivront le tsunami dans leur chair. Ce qui ne sera pas le cas des autres personnages de ce roman choral. Frantz, employé de banque suisse désabusé et cynique qui cherche l’amour et sauve un homme ; Taha et Yasemin, deux athlètes turcs en croisière ; Salma et Luli, qui débarquent à Jérusalem avec des objectifs bien différents… Puis on plonge dans les histoires de Syafiq et Stas, deux hommes amoureux au destin contrarié ; celle de Monsieur Arroyo, cet employé d’hôtel philippin aux prises avec une femme qui s’ennuie, celle, tragique, de Juan et Paula dont le bateau est arraisonné par des pirates dans le golfe d’Aden…

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TRIANGLE D'ORDepuis quelques jours déjà, des piles de nouveaux romans prennent place sur les tables des librairies. Quelque six cents opus, cette fois encore.

Autant de titres, d’auteurs et d’univers dans lesquels les lecteurs que nous sommes vont plonger. Ou pas. Ici, je vais continuer à vous donner des pistes. Et mes avis. A vous d’en faire ce que vous voulez.

Premier arrêt. Commençons par le deuxième roman de Julia Deck, « Le triangle d’hiver ».  Un auteur dont j’avais beaucoup aimé le premier roman, sélectionné d’ailleurs pour le prix Roblès 2013.

L’histoire ?  C’est celle de Mademoiselle. Elle ne veut plus travailler. Mademoiselle est criblée de dettes. La vie serait tellement plus simple sous une nouvelle identité.

Qu’à cela ne tienne, elle emprunte celle de la romancière Bérénice Beaurivage, change de ville et rencontre l’Inspecteur, dont elle tombe aussitôt amoureuse.

 

 

 

C’est sans compter la journaliste Blandine Lenoir, éprise du même homme et résolue à la confondre. Bientôt le soupçon gagne sur tous les côtés du triangle que forment ces trois-là, parfaitement équilatéral.

Du Havre à Marseille en passant par Saint-Nazaire, Bérénice, qui n’est plus toute jeune, s’invente une vie. Et décide d’opter pour la carrière de romancière. Quitte à se perdre. Et à s’y perdre. Le triangle d’hiver, appelé également Triangle des nuits d’hiver, est un astérisme à cheval sur l’équateur céleste, formé par 3 des étoiles les plus brillantes visibles dans l’hémisphère nord surtout pendant l’hiver. Un triangle remarquablement équilatéral. Dans le roman cependant, il va prendre une bien curieuse forme… au fil des mensonges et des questions.

Au fil des pages ( pleines d’humour et écrites d’un style tonique), on suit donc le personnage qui a décidé de ne pas payer ses dettes, de ne pas travailler. Reste donc à trouver celui qui lui permettra d’avoir un toit, de quoi manger… Indolente, dotée d’une force d’inertie étonnante, Mademoiselle (ça fait très actrice de cinéma capricieuse!) va ainsi profiter de la situation… avant d’être démasquée.

Extraits

Page 21 : « Bérénice Beaurivage.

Elle farfouille dans son fourbi, exhume un carnet décoré d’étoiles en strass. De fines lignes bleutées attendent de guider l’écriture à travers les pages, et par prudence elle l’ouvre à la troisième, ayant observé qu’il est souvent préférable de ne pas commencer par le début.

Après quoi il n’y a plus qu’à. Mâchouiller le bout de son stylo, lever les yeux au plafond, ébaucher un bout d’idée, le transcrire avant de s’apercevoir qu’il est trop bête. Rayer trois mots, recommencer. Refaire du thé, repasser devant le paquebot qui obstrue toujours son champ visuel, libérer son esprit des pensées parasites, récrire trois mots en se disant Après tout, il s’agit d’avancer, je corrigerai plus tard. Relire ces trois mots, les barrer avec force, la page se déchire. »

Pages 78-79 : « Elle est toujours en retard au dîner. S’étant extraite du queen-size, elle retourne avenue de la Vera-Cryz, rêvant si bien à la vie qu’elle pourrait mener dans l’une des ses villas qu’il lui semble parfois la posséder vraiment. Puis elle circule dans les zones avoisinantes, s’éloignant chaque jour un peu plus du centre, où quelques petits délits perpétrés au début de son séjour lui font craindre d’avoir été repérée par les commerçants. Elle explore les faubourgs, les bistrots où elle fait les poches des clients, les magasins de prêt-à-porter périphériques bradant des stocks qu’on n’a pas pris la peine d’amarrer à des antivols. De temps à autre, elle est bien obligée de visiter la réserve du H&M pour se procurer certains articles, elle se présente après les livraisons et fait le nécessaire pour obtenir ce dont elle a besoin. »

Pages 154-155 : « Par la fenêtre du compartiment, la campagne s’est seulement interrompue lors de brefs arrêts en gare de Rouen, Yvetot puis Bréauté-Beuzeville. Le nom de ces localités était inscrit en capitales blanches sur des panneaux bleu nuit, et sous eux les voyageurs se hâtaient vers le dehors, impatients de gagner les quartiers obscurs au-delà des frontières illuminées de la station. Le soupçon lui était alors venu que ces gares étaient des leurres, et tous les passagers sur le quai des figurants prêts à sauter, une fois le train reparti, dans la première rame en sens inverse, qu’ils avaient été recrutés pour la maintenir dans l’illusion de ces villes, la bercer dans le mirage de leur existence alors que somme toute rien n’avait été prouvé, qu’aucune rue ne s’étendait peut-être au-delà du décor ferroviaire et que ce théâtre n’avait été inventé que pour l’induire en erreur, dans le cadre d’un vaste plan tenu secret. »

 Mon avis

Le premier roman de Julia Deck était déjà une petite révélation ! Une sorte de polar mâtiné de psychanalyse. Cette fois, voilà un triangle amoureux bancal sur fond de crise sociale et d’indolence revendiquée. A nouveau, le style de Julia Deck fait mouche. Riche, tonique et plein d’humour. A suivre. Définitivement.

« Le triangle d’hiver », de Julia Deck, Editions de Minuit, 14€.

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AMOUR ET FORETSNous poursuivons notre petit cheminement à travers les nouveautés de cette rentrée littéraire. Parmi elles, des livres surprises et d’autres, particulièrement attendus. C’était le cas avec « L’amour et les forêts », nouvel opus d’Eric Reinhardt, auteur dont j’ai particulièrement apprécié les deux derniers romans,  « Cendrillon », et « Le système Victoria », que j’avais évoqué ici.

Un roman encensé ici et là déjà par les critiques. Le public devrait également apprécier ce magnifique portrait de femme. Celui de Bénédicte Ombredanne.

L’idée de ce roman est née d’une rencontre entre Eric Reinhardt et l’une de ses lectrices. Dans les Inrockuptibles du 13 au 19 août, l’auteur explique :  » J’étais dans le train et ma voisine m’a accosté. Elle m’avait vu dans une émission littéraire à la télé et elle m’a dit : “Vous êtes celui qui doit raconter mon histoire”. J’étais sous le choc : c’était une histoire de harcèlement conjugal ».

De ce témoignage et d’une partie des correspondances entretenues avec d’autres lectrices, Eric Reinhardt a imaginé son roman.

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PEINE PERDUEA l’heure de la rentrée, on évoque souvent celle de la société, du climat social. On prend la température. En général, elle n’est jamais favorable. Annonce des lendemains qui déchantent, des grèves et des contestations tous azimuts. Avec son nouveau roman, Olivier Adam poursuit son travail de décryptage des classes moyennes et basses, de cet entre-deux qui ne s’en sort plus. De ces hommes et ces femmes dont la paupérisation est enclenchée. La France de la débrouille.

Un thème récurrent pour l’auteur dont j’avais découvert l’univers avec son précédent roman, « Les lisières », terrible radioscopie d’une France en panne. Vous retrouvez mon post ici.

Dans « Peine perdue », Olivier Adam nous raconte une histoire à travers celles de 22 personnages. Au départ, il y a Antoine. Un trentenaire un peu perdu, un peu violent, toujours triste d’avoir perdu sa mère, séparé de la mère de son fils Nino.  Dilettante, c’est cependant le leader de l’équipe de foot de cette cité balnéaire du sud de la France. Une équipe de CFA qui doit disputer les quarts de finale de la Coupe de France contre Nantes… Mais sans Antoine. Lors du précédent match, il a donné un coup de boule à l’un de ses adversaires. Le lendemain, il est frappé de coups de batte de baseball, par deux hommes. Il est laissé pour mort devant l’hôpital. Finira par sortir du coma alors que tout le littoral panse les plaies d’une terrible tempête.

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Parades pour survivre

La rentrée littéraire est entamée. Alors que certains paressent encore sur les transats, les piles de livres grandissent dans les librairies. Cette rentrée littéraire de septembre nous apporte 607 romans nouveaux, soit un peu plus que l’an passé. Parmi eux, 404 livres français (contre 357 en 2013) et 203 romans étrangers (198 l’an dernier). On compte parmi tous ces livres 75 premiers romans (ils étaient 83 en 2013).

MECANISMESParmi ces romans à découvrir et à dévorer, le nouvel opus d’Olivia Rosenthal. Avec « Mécanismes de survie en milieu hostile », celle-ci nous propose un récit d’apprentissage, un thriller métaphysique ou manuel d’exorcisme. C’est selon.

Un livre surprenant. Tout autant que l’univers de son auteure dont j’avais évoqué ici le précédent roman, qui avait remporté d’ailleurs le prix du Livre Inter 2011.

La narratrice nous parle d’abord de sa compagne qu’elle est contrainte à abandonner dans un fossé. Elle se cache et espère que celle-ci ne sera pas trouvée. La narratrice se cache dans une maison, un village abandonné.

Au fil des pages se greffent des expériences dites de mort imminente. Comme pour expliquer, et tenter de faire comprendre quelque chose dont le lecteur n’aura la certitude qu’à la fin du livre : la narratrice a perdu définitivement quelqu’un, sa soeur aînée. La mort, choisie par cette dernière, les a séparées à jamais. La narratrice plonge dans ses souvenirs, avec ses parents aussi, pour tenter de comprendre. Images choc, scènes d’accident… il s’agit d’aller voir du côté de la camarde pour mieux tenter de l’accepter. Pas simple.

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cvt_Faillir-etre-flingue_3956Voilà un livre à côté duquel je suis totalement passée à la rentrée dernière. En même temps, avec les quelques centaines de romans qui débarquent sur les tables des libraires concomitamment, l’erreur , l’impasse est possible. Et elle permet, un prix du Livre Inter plus tard, par exemple, de redonner une deuxième vie à un roman et de le faire savoir. C’est le cas de « Faillir être flingué », de Céline Minard.

Voilà un roman assez atypique qui devrait vous ravir sur la plage, dans le hamac… ou à la pause-déjeuner… en attendant les nouveautés de la rentrée, dont j’ai pu lire quelques opus déjà ( à suivre très vite sur le blog).

Céline Minard est l’auteur de plusieurs romans (7 au total, dont « Le Dernier Monde » (2007), « Bastard Battle » (2008), et « So long, Luise » (2011). Autant d’univers différents qui permettent à l’auteure d’explorer l’art de l’écriture et sa propre imagination. Céline Minard est considérée aujourd’hui comme l’une des voix les plus originales de la littérature contemporaine. Elle travaille, en parallèle, avec la plasticienne Scomparo et a été pensionnaire de la Villa Medicis en 2007 et 2008.

En juin, Céline Minard était lauréate du 40e  Prix du livre Inter. Et poursuit sa route, pleine de bifurcations et d’inflexions.

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RUSSIE

 

Les vacances sont souvent l’occasion d’aller à la découverte d’un pays. Pour certains, faute d’argent ou d’envie, le voyage se fera à travers un livre. Ca marche aussi. La preuve avec « Je viens de Russie » de Zakhar Prilepine. Un auteur russe contemporain dont j’aime beaucoup la verve et la plume.  « Des chaussures remplies de vodka chaude », le dernier roman que j’avais lu de lui, chroniqué sur Quatrième de couv se trouve ici.

Zakhar Prilepine est écrivain ( une dizaine d’ouvrages à son actif) , linguiste, journaliste et homme politique russe. Agé de 39 ans, il est membre du Parti National-Bolchevik depuis 1996.

 

Fils d’un professeur et d’une infirmière russes, Zakhar Prilepine termine la faculté philologique (linguistique) de l’Université d’État de Nijni Novgorod. Il a été commandant dans le service des OMON (forces spéciales de police) et a pris part à des combats en Tchétchénie entre 1996 et 1999.

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