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juliette

 

 

Peut-on tout pardonner à celui qui a réussi et qui partage avec autrui le fruit de ses richesses ? Le succès absout-il de tout ? Et n’est-il pas, de toute manière, suspect ? Voilà l’une des thématiques développées par Metin Arditi dans son nouveau roman,« Juliette dans son bain », paru chez Grasset.

Un auteur dont plusieurs romans ont déjà été présentés ici et .

Né à Ankara en Turquie, Metin Arditi vit à Genève. Ingénieur en génie atomique, il a enseigné à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne où il a créé la fondation Arditi (qui attribue une quinzaine de prix annuels). Il a également crée la Fondation « Les Instruments de la Paix-Genève », qui favorise l’éducation musicale à des enfants de Palestine et d’Israël.

Metin Arditi traite, dans plusieurs de ses romans, de la difficulté de la filiation, de la solitude et de l’exil.

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livre-je-viens

Vous prenez une maison bourgeoise un peu décrépite mais décorée avec goût et talent. Vous la posez à Marseille. Vous y faites cohabiter trois générations qui n’ont pas réglé leurs problèmes, vous y ajoutez un fantôme,une famille de domestiques philippins et vous obtenez un roman drôle et ironique sur la vie de famille.

« Je viens » est le dixième roman écrit par Emmanuelle Bayamack-Tam. Celle-ci vit et enseigne en région parisienne.

L’histoire ? Elle est racontée d’abord par Charonne, puis par sa sa grand-mère Nelly et enfin par sa mère adoptive, Gladys. L’histoire, c’est celle d’une famille qui fonctionne sur des malentendus, des non-dits et des a priori. Rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous, c’est comme chez tout le monde. Sauf que là,  tout est exacerbé et qu’un fantôme s’en mêle, installé à l’occasion dans le bureau cosy de la maison.

On y parle du temps qui passe, de la beauté qui flétrit, de l’amour qui ne naîtra pas, des apparences qu’il faut garder, du racisme qui pollue et de l’argent qui continue de faire marcher le monde…

Charonne, elle, aimerait bien changer tout cela. Le personnage, suivi de l’enfance à l’âge adulte, a été adoptée par Gladys et Régis, son mari-frère ( la mère de l’une et le père de l’autre se sont mariés, les enfants ne se sont jamais quittés). Charonne est métisse et très très forte. De quoi dégoûter rapidement sa mère adoptive de l’avoir choisie alors qu’elle est un corps tout sec à force de choix alimentaires curieux. Alors Charonne se bat contre la solitude dans laquelle on la laisse, le manque d’amour dont elle souffre. Et s’invente d’autres vies quand elle ne se réfugie pas dans celle de sa grand-mère adoptive, Nelly, ancienne starlette et comédienne aujourd’hui octogénaire.

Nelly, c’est elle la seconde narratrice. On plonge dans ses souvenirs. Ceux d’une jeune fille prude et naïve épousée par Fernand, plus vieux qu’elle. C’est lui qui bâtira sa carrière. Qui fera fructifier le patrimoine. Celui qu’elle n’aimera jamais autant qu’une fois qu’elle aura épousé le beau Charlie…  qui n’aime que lui-même et qui est aujourd’hui un vieillard sénile et raciste.

Nelly, qui a toujours tout contrôlé de sa petite personne voit son corps vieillir, se décharner… et veut mourir.

Et puis il y a Gladys. Celle qui n’a rien compris. Qui n’a pas accepté le mensonge présumé de son père, qui n’a pas accepté le remariage de sa mère, qui n’a pas voulu que sa féminité puisse être vu, qui a préféré se marier avec celui qui était déjà comme son frère, qui n’a jamais pardonné à sa mère d’être belle et d’en jouer, qui a voulu renvoyer Charonne dans un foyer après un an passé sous le même toit…

A un moment ou à un autre, un fantôme, chaque fois différent, leur apparaît dans le bureau. Histoire de leur ouvrir les yeux. De leur faire comprendre. Ou pas.

Extraits

 Pages 66-67 : « Je vais sur mes sept ans et, croyez-le ou pas, l’idée du suicide m’a déjà effleurée. S’il n’y avait la promesse informulée par Coco de Colchide, et si je ne me sentais pas investie d’une mission, si je n’avais pas toute une famille à sauver d’elle -même, peut-être aurais-je déjà fait le saut qui sépare une vie sans amour d’une inconcevable au-delà. Ce ne serait pas pour toujours : ça durerait le temps que mes parents comprennent la chance qu’ils ont eue de m’adopter et le drame que constitue ma perte. Gladys et Régis ont besoin que le sang coule, ils ont besoin d’en être éclaboussés une bonne fois, et autant que ce soit le mien, ce sang qui n’est pas le leur et qui les empêche bêtement de m’aimer. »

 Page 171 : « Il m’a aimée – comme il m’a aimée ! Et comme il m’a rendue heureuse, aussi, même si je gâchais tout par des bouderies, des représailles injustes, des caprices d’enfants qui ne sait pas à quel point elle est gâtée.

J’ai retrouvé ça avec ma fille, cette incapacité à mesurer sa chance et à s’en féliciter. Il faut croire que je lui ai transmis mon insatisfaction foncière en lieu et place de ma beauté sensationnelle. Et là encore, la vie est mal faite : aujourd’hui que je suis devenue facile à contenter et que je me réjouis d’un rien, je n’ai pus beaucoup de raisons de me réjouir. La Beauté, en tout cas, c’est bien fini ; je suis vieille, et Gladys a flingué la sienne. »

Page 359 : « Finalement, je n’ai ni parents ni enfant à proprement parler, et c’est très bien comme ça. J’ai commencé à être heureuse le jour où j’ai renoncé à attendre quoi que ce soit de mes ascendants et descendants. Et peut-être n’est-ce pas un hasard si mon utérus s’est refusé aussi farouchement à la procréation. Il savait mieux que moi sue je n’avais pas besoin d’enfanter pour me réaliser.

Je dois reconnaître à Charonne qu’elle n’exige pas grand-chose de nous. Elle aussi a dû renoncer à l’heureuse fiction familiale, même si je ne situe pas exactement le moment de son renoncement. Il me semble qu’à neuf ans, c’était déjà plié de son côté. »

 Mon avis

 C’est la quatrième de couverture de ce roman qui m’a donné envie d’en tourner les pages et d’y plonger. Un bon moment de lecture, dû sans nul doute au sujet, universel. La famille, de sang comme de coeur, est un sujet inépuisable. Et celle-là est particulièrement gratinée, il faut bien le dire. Un roman dans lequel les femmes ont le bon rôle, celui de l’action.

« Je viens », Emmanuelle Bayamack-Tam, P.O.L., 19,90€.

 

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ROLIN

 

Un roman qui résonne étrangement. En ce début d’année 2015, Jean Rolin nous parle de guerre civile… en France. Le pays est aux prises avec des milices de tous genres. Nationalistes, islamistes.

Michel Houellebecq, de son côté, signe avec « Soumission », un roman d’anticipation, – nous sommes en 2022, le président français est musulman et le premier ministre de synthèse un certain François Bayrou – qui n’a pas manqué de susciter des réactions.

Deux auteurs et un sujet  : l’avenir de la France dans un futur proche imaginé… et imaginaire.

Après ses deux précédents romans dont vous trouverez mes amis ici « Ormuz » et ici « Le ravissement de Britney Spears », Jean Rolin est un auteur dont j’apprécie particulièrement l’écriture et le sens de la fiction.

 

 

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VERNONLes enfants du rock ont le blues. Et du mal à joindre les deux bouts. Vernon Subutex, qui des décennies durant a été disquaire à Paris a dû baisser le rideau. Définitivement.

Une fois ses réserves financières épuisées, il n’a pas d’autre alternative que de quitter son logement. Le début de la galère. Le début de la trilogie de Virginie Despentes, dont le premier opus « Vernon Subutex 1″, vient de sortir. Le tome 2 sortira en mars, le 3 à la rentrée.

Virginie Despentes n’avait plus publié de roman depuis « Apocalypse bébé », en 2010. Soit avant la création de ce blog. Des années pourtant que je suis cette auteure et réalisatrice atypique, rock and roll jusque dans ses virgules.

On citera entre autres : « Baise-moi », « Les jolies choses », « Teen spirit », « Bye bye Blondie »

Avec « Vernon Subutex 1″, elle nous raconte la France d’aujourd’hui. A travers les rues de Paris dans lesquelles Vernon Subutex cherche un endroit où pouvoir dormir plusieurs nuits, c’est à travers la société qu’elle nous promène.

 

 

Une formidable galerie de portraits habite son roman, tant par les milieux dans lesquels ils évoluent que les opinions politiques qu’ils véhiculent. Tableau, au vitriol, d’une France qui va mal à travers les yeux d’un quinqua désabusé. Dans le numéro des Inrocks du 7 au 13 janvier, l’auteure âgée de 45 ans explique à propos de sa génération :  » On a manqué d’ambition, ou de croyance en nous-mêmes. Nous avons été un feu de paille ».

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DANSER LES OMBRES

Les événements, tragiques, de ces derniers jours, ont évidemment éclipsé toute autre actualité, même littéraire. Parce qu’il faut continuer à avancer, la tête froide et les poings serrés cependant, plongeons dans les trouvailles de cette rentrée.

En ce froid mois de janvier, on compte 549 romans pour la rentrée littéraire. Un chiffre stable par rapport à la collection d’hiver 2014. Parmi ces livres, 353 romans français et 196 écrits par des auteurs étrangers.

Quid des premiers romans ? On en compte 59 dont 35 écrits par des femmes !

Parmi cette nouvelle fournée : « Danser les ombres » de Laurent Gaudé.

Un auteur que j’ai suivi depuis ses débuts… mais dont je n’avais pas lu les romans depuis « Eldorado », en 2006. Cette fois encore, chez Actes sud, l’auteur nous emmène en voyage. Loin. En Haïti. Juste avant, pendant et après le terrible séisme qui a ébranlé et meurtri cette terre déjà pauvre, causant 300.000 morts, blessant des milliers de personnes. Sans oublier les disparus.

 

 

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L’année commence, la rentrée littéraire débarque avec 549 romans français et étrangers. On y reviendra dans les jours qui viennent, n’ayez crainte ! J’ai déjà quelques pépites à vous faire partager. En attendant, on commence 2015 avec un pas de côté…

Jusqu’au 2 février, le Grand Palais, à Paris, abrite une rétrospective consacrée à l’oeuvre et la vie de Niki de Saint Phalle. L’occasion pour moi de découvrir la vie d’une femme libérée à travers ses oeuvres évidemment, mais aussi une biographie, écrite par Bernadette Costa-Prades (Catherine Francblin est sa première biographe, notons-le ici).

 

NIKI

NIKI Niki de Saint Phalle en train de viser, photographie en noir et blanc rehaussée de couleur extraite du film Daddy, 1972. (détail)

Née en 1930, Catherine Marie Agnès Fal de Saint Phalle sera très tôt en révolte contre le milieu dans lequel elle évolue. Mannequin, elle devient artiste à la suite d’une grave dépression. Victime d’un inceste, elle n’aura de cesse, toute sa vie durant, de tenir ses démons à distance tout en faisant de sa liberté de femme un étendard.

Fille, femme, mère… l’exposition au Grand Palais permet d’aborder tous les aspects de sa personnalité. La biographie de Bernadette Costa-Prades, elle, permet de faire correspondre les oeuvres et les différentes périodes de sa vie.

 

 

 

 

 

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Les odeurs marquent notre territoire, nous identifient aussi. Elles font partie de notre quotidien et de nos souvenirs, même les plus lointains. A travers sa collection Essences créée au printemps 2013, la maison d’édition Actes sud propose aux lecteurs de voyager à travers de multiples imaginaires, du récit au poème, de l’essai à la fiction.

Déjà sept livres ont été édités, dont « Baumes », de Valentine Goby, sorti en octobre. Un petit livre qui, si vous cherchez encore une jolie idée de cadeau pour les fêtes, sera du plus bel effet au pied du sapin.

BAUMES

A 40 ans, Valentine Goby a déjà une vingtaine d’ouvrages à son actif, dont plus de la moitié destinée à la jeunesse. Son premier roman, elle le publie en 2002. Elle devient enseignante en lettres et en théâtre métier qu’elle exerce en collège durant huit années avant de se consacrer entièrement à l’écriture, et à de multiples projets autour des livres.

Elle est actuellement maître de conférences à Sciences Po en littérature et ateliers d’écriture, et administratrice de la Charte des auteurs et illustrateurs. en 2014, elle est couronné par le Prix des libraires pour son roman « Kinderzimmer », également publié chez Actes Sud.

Avec « Baumes », Valentine Goby aborde ouvertement le récit autobiographique. Elle nous emmène avec elle dans son enfance, à Grasse, paradis des odeurs. Son père y est parfumeur.

 

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MOLDAVIELa Moldavie, vous connaissez ? Engoncée entre la Roumanie et l’Ukraine, cette ancienne république soviétique, devenue indépendante en 1991, est au coeur du premier roman de Vladimir Lortchenkov traduit en français « Des mille et une façons de quitter la Moldavie », publié au printemps dernier chez Mirobole éditions ( le roman originel, écrit en russe, date de 2006).

Un roman burlesque, loufoque qui parle cependant d’hommes et de femmes en quête d’un avenir meilleur… en Italie.

Principal fournisseur en vin, fruits et légumes des républiques de l’URSS, la Moldavie est aujourd’hui l’un des pays les plus pauvres d’Europe. Ses relations diplomatiques entretenues avec la Russie d’un côté et la Roumanie de l’autre, sont fluctuantes et complexes. Entre l’idée d’une Europe ouverte et cette d’une ancienne puissance russe, le pays se déchire et ses habitants rêvent d’autre chose.

Vladimir Lortchenkov, l’auteur, est âgé de 35 ans. Fils d’un officier de l’armée soviétique, il a sillonné durant son enfance l’URSS et ses pays satellites. Également journaliste, il a remporté plusieurs prix littéraires russes. Il vit  à Chisinau, en Moldavie.

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jardinUn premier roman a ceci d’excitant qu’on suppose avant de l’ouvrir que son auteur a tout donné pour le voir enfin exister. C’est donc souvent avec gourmandise et toujours avec curiosité que je file vers la pile de ces primo-romans.

« Dans le jardin de l’ogre » de Leïla Slimani faisait partie, à la rentrée littéraire de septembre de ces premiers romans qui ont su s’attirer une bonne presse. Encore une bonne raison d’y plonger, me direz-vous.

Et puis il y avait son sujet : celui d’une trentenaire à la vie plus que satisfaisante (un mari, un enfant, un travail, de l’argent et une confortable) qui se perd cependant dans des aventures sexuelles,  une double vie dont elle ne retire cependant aucun plaisir.

Un rôle généralement occupé par un homme dans la littérature. Le voir à travers les yeux d’une femme pouvait être attrayant.

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Drame dans le ressac

couv plus rien que les vagues et le vent

Cannon Beach, vous connaissez ? C’est dans cette cité du littoral ouest des Etats-Unis que Christine Montalbetti a posé le cadre de son nouveau roman « Plus rien que les vagues et le vent », paru à la rentrée littéraire de septembre, chez P.O.L.

Après deux derniers romans qui se déroulaient au Japon, l’auteure revient à ses amours américaines.

Christine Montalbetti est maître de conférence en littérature française à Paris-VIII, elle est l’auteur de plusieurs ouvrages tous publiés chez P.O.L.

L’histoire ? C’est celle du narrateur, un Français dont on ne saura rien. Il débarque à Cannon Beach, s’installe dans un motel de cette petite ville et prend ses habitudes chez Moses.

 

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