22 mar 2012
mariellaesvant

Mélenchon : l’effet boule de neige

Ce n’est pas 30 000 (comme attendu), ni 80 000 (selon la police) mais « au moins 100.000 » sympathisants qui ont répondu à l’appel du Front du gauche, selon « ceux qui y étaient », voire 130.000 pour les plus optimistes. Jean-Luc Mélenchon a fait le plein a la Bastille, est devenu le troisième homme dans les sondages - devant Bayrou, avec 14% d’intention de vote selon le dernier sondage BVA – …  et décomplexé quelques gens de gauche qui hésitaient encore. Y compris les militants d’autres partis. Eva Joly et Philippe Poutou en font les frais. François Hollande le redoute.

Tribune publiée le 22 mars dans Liberation.

 

« Le NPA avec son candidat prend le chemin de la marginalité »

Jeudi 22 mars, soit quatre jours après la « prise de Bastille », une partie du bureau politique du Nouveau Parti Capitaliste ont donc décidé de sacrifier leur candidat sur l’autel… du succès. Philippe Poutou n’a pas le charisme d’Olivier Besancenot, qui avait emmené la Ligue communiste révolutionnaire au dessus de la barre des 4% aux deux dernières présidentielles, avant de porter la (bonne) parole du NPA.

« Le NPA avec son candidat prend le chemin de la marginalité, qui lui interdira de peser réellement dans une situation politique aux enjeux majeurs », constatent les signataires de la tribune publiée dans Libération (Hélène Adam, Myriam Martin et Pierre-François Grond). Sans « donner de position en tant que courant (la Gauche anticapitaliste) sur le vote », ils estiment « qu’il ne faut pas hésiter à affirmer que si nous sommes nombreux à exprimer notre force par notre vote le 22 avril pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon, la situation en sera nécessairement positivement bouleversée« . CQFD.

 EELV « Quel est l’intérêt que nous avons d’être présents à l’élection présidentielle »

Dans les rangs d’Europe Ecologie-Les Verts, certains n’avaient pas attendu la prise de Bastille pour sonner la retraite. Noël Mamère en tête – mais ce n’est pas le seul – s’interroge depuis des semaines sur l’opportunité de la candidature Joly : « Quel est vraiment l’intérêt que nous avons d’être présents à l’élection présidentielle si d’une part nous restons encalaminé dans ces sondages qui ne sont pas bons, il faut le reconnaître et le dire, et si d’autre en restant dans la compétition, nous devions contribuer à affaiblir le candidat du PS dont on veut qu’il soit demain le candidat de la gauche et des écologistes ?  », s’interrogeait le député de Gironde le 13 mars sur Vivre FM. Le même qui quelques semaines plus tôt, au meeting de Roubaix, tenait la main de la candidate d’EELV.

Les militants, sympathisants et autres écolo-compatibles commencent à se poser la même question. Les élus du parti sous couvert d’anonymat, les « simples militants » ouvertement. Comme ce couple rencontré par les deux cyclo-journalistes de France télévision (« La campagne à vélo« ), qui a « collé des affiches pour Europe Ecologie-Les Verts pendant des années ». « Eva Joly elle va faire 3%. On va être bien avec nos 3% », se désole Patrice. « Je serai plus tranquille si Marine Le Pen se présentait pas », fini par admettre sa compagne. Donc vote utile. Pour l’instant, plutôt pour Hollande. Mais Mélenchon est en embuscade.


La campagne à vélo, EP#09 : « C’est pas parce… par Lacampagneavelo
Dès le 15 décembre dernier, Clémentine Autain, porte-parole de Jean-Mélenchon, co-signait avec un ex-vert, Stéphane Lavignotte, un appel à la dissidence écolo intitulé « Camarade, et si l’herbe était plus verte aileurs ». Le candidat du Front de gauche drague sur les pelouses à coup de « planification écologique » et de référendum sur la sortie du nucléaire. Et ça marche, en témoigne, entre autre, cette lettre d’un militant écologiste nantais qui appelle (supplie ?) la candidate d’EELV de se rallier à Mélenchon. Sur la défensive, Eva Joly tente de tacler le candidat du Front de gauche, comme le 16 mars dernier à Marseille :  « Il n’a aucune légitimité pour parler d’écologie, étant productiviste » « je ne pense pas qu’il prenne les voix vertes car les verts ne se retrouvent pas dans un programme qui est souverainiste et productiviste ». Même si elle admet que « son discours très anti-système séduit ». A voir.

François Hollande : « Mélenchon est un problème de premier tour »

Au PS aussi, le candidat du Front de gauche commence à donner des sueurs froides. A pas de velours, car il ne faut pas se priver d’un allié de poids pour le second tour, les socialistes affinent donc leur parade. « Mélenchon est un problème de premier tour, mais pas un problème de second tour », affirmait François Hollande dans le JDD. Avant de brandir à nouveau un argument de vote, qui semble parfois faire office de programme à la gauche : le vote utile. Avec un petit nettoyage cosmétique. Le PS parle désormais de « vote efficace ». Parce que, estime les socialistes, un vote de « colère » au premier tour pourrait coûter cher à la gauche dans son ensemble… Face au révolutionnaire, François Hollande se pose en seule alternative durable à Nicolas Sarkozy.


François Hollande invité de France Info par FranceInfo
 

2 Comments

  • La montée de Mélenchon dans les sondages s’explique par plusieurs raisons:
    – les qualités de tribun de celui-ci.
    – Ses promesses très démagogiques (retraite à 60 ans, SMIC à 1.700 €, interdiction des licenciements boursiers, mise au pas des banques, etc…)
    Tous les salariés qui gagnent peu devraient voter pour lui sauf que, quand même, certains réfléchissent et qu’aucune de ces mesures ne sera appliquée, Mélenchon ou pas.
    Pour la retraite à 60 ans, tout le monde sait que l’on ne peut pas revenir sur les 62ans, question financière et équilibre de notre système par répartition.
    Pour le SMIC à 1.700 €, compétitivité aidant, cette mesure est inapplicable en France.
    Pour les licenciements boursiers, il s’agit de la liberté de gestion des entreprises et si on les entrave trop, elles s’installeront ailleurs que chez nous.
    Quant à la mise au pas des banques, on peut les contraindre par la loi à stopper leurs opérations spéculatives mais c’est au prix d’un carcan qui affectera les autres opérations destinées à financer l’économie car, comme chacun le sait, nous ne vivons pas dans une économie fermée comme au temps des colonies.

    • Vous avez raison. Toute choses restant égales par ailleurs, ces mesures ne peuvent être établies, sauf à provoquer faillite généralisée et chaos. On pourrait cependant dire que ne pas les appliquer, ou appliquer l’extrême inverse ne prémunit ni de la faillite ni du chaos (cf. la Grèce). Si c’est alors le choix qu’on doit faire alors…

      En fait, toutes les mesures que vous égrennez, et que Mélenchon a en fait repris des programmes de LO et du NPA ne peuvent être qu’un programme qu’imposerait la rue, au travers d’un grand mouvement d’ensemble, type grève générale au moins, et effectivement, à l’échelle européenne au moins.

      Or Mélenchon ne parle des luttes sociales que comme d’un soutien à une politique gouvernementale, dans le cadre des institutions (réformées certes, puisqu’il parle de VIe république). Cette ambiguité est voulue et assumée par Mélenchon, elle est ce qui fonde son programme, celui d’un réformisme radical.

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