La sélection de la semaine : Les Pieds Nickelés au Tour de France, Tour de génie, Last Man 2, Câline et Calebasse, Inca et Deux ou trois mois d’éternité.

Pour ce dernier week-end de juin, Case Départ vous propose sa sélection d’albums de la semaine. Parmi ces dernières nouveautés, il y a pour vous quelques petites merveilles : Tout d’abord 2 albums sur le Tour de France qui part de Corse aujourd’hui : Les Pieds Nickelés au Tour de France et le 44e tome de Léonard Tour de génie, le deuxième tome du manga français Last Man, une belle intégrale de la série peu connue Câline et Calebasse, un album sur la civilisation pré-colombienne avec Inca et Deux ou trois mois d’éternité un carnet de la vie quotidienne de Trondheim. Bonnes lectures !

Les Pieds Nickelés au Tour de France

À l’occasion du 100e Tour de France, Vents d’Ouest réédite dans une très belle version de l’histoire Les Pieds Nickelés au Tour de France, publiée en 1956. Ce récit fut scénarisé par Roland De Montaubert et dessiné par René Pellos.

En 1948, René Pellos reprend Les Pieds Nickelés ; son style est plus dynamique que celui de Forton. Sportif accompli lui-même, il prend vite conscience de la dimension du Tour de France cycliste et c’est naturellement qu’il va impliquer ses trois héros dans ses dessins de la Grande Boucle (une dizaine d’apparition dans le public du Tour entre 1948 et 1957). Et c’est donc logiquement que le scénariste attitré de la série De Montaubert écrit une histoire courte qui met en scène Les Pieds Nickelés en 1956. L’épisode sera le premier d’une longue série sur le vélo comme en 1957 : Les Pieds Nickelés directeurs d’équipe dans le Tour de France, en 1958 : Boblet gagne malgré lui son 4e Tour de France, ou encore en 1960 : Les Pieds Nickelés organisent le Tour de France.

Le récit de Les pieds nickelés au Tour de France : Toujours à l’affût d’une idée rocambolesque pour faire fortune, les Pieds Nickelés ont un nouveau plan : ils vont devenir riches en créant leur marque de cycles. Évidemment, l’épreuve reine pour faire la promotion d’une nouvelle marque, aujourd’hui comme dans les années 50, c’est le Tour de France. Mais pour faire gagner leur champion Ribouldingue, pas question de trop se fatiguer, en trichant : chutes provoquées, les boissons des bidons remplacées par du vin, pompes aspirantes pour faire avancer Ribouldingue…

En plus de la partie bande dessinée, le très bel album est agrémenté d’un dossier très documenté, signé François Coupez. Le lecteur pourra découvrir des articles : Pellos sur le Tour de France, L’apparition des premiers dessins des Pieds Nickelés dans le Tour de France, le descriptif des différents albums consacrés à La Grande Boucle. Le tout est illustré de planches, de couvertures et de dessins de Pellos.

Le lecteur découvre aussi que le monde que crée le dessinateur, né en 1900, est habité par de grands coureurs cyclistes (Bartali, Bobet, Geminiani, Gaul, Anquetil, Guimard ou encore Thévenet), est à la limite de la fantasmagorie. Il invente des montagnes qui sourient, un soleil qui surchauffe les coureurs au chalumeau ou encore un homme au marteau qui assomme les participants.

• Les Pieds Nickelés au Tour de France
  
• Auteurs : René Pellos et Roland de Montaubert
  
• Editeur: Vents d’Ouest
• Prix: 13,90 €
• Sortie: 19 juin 2013

Le Tour de France de Léonard

Le centième Tour de France démarre aujourd’hui, Léonard et son disciple vont y participer. Pour ce 44e tome des leurs aventures, Tour de génie, créé par Bob de Groot et Turk, le lecteur va découvrir les inventions toujours insolites du génie lors de La Grande Boucle.

Léonard, qui a déjà inventé le vélo, crée dans la foulée, le Tour de France. Pour cela, le génie n’oublie rien de ce qui fait la célébrité du Tour : les cols infranchissables, la caravane publicitaire, le fameux Pot Belge et même les contrôles antidopage. Pour aider son disciple à franchir les montagnes, il invente d’ailleurs une mixture infaillible, l’EPO : épinards, piments et oignons.

Cette histoire de 30 pages est complétée par des planches plus classiques. Bob de Groot est au sommet de sa forme, les jeux de mots sont toujours présents, les réveils de disciple toujours sonnant et pétaradant et les inventions du génie très proches de l’actualité qui permettent des anachronismes amusant. Le trait de Turk est toujours très efficace. L’album Tour de génie est promu album officiel du Tour de France 2013.

• Léonard, tome 44 : Tour de génie
  
• Auteurs : Bob de Groot et Turk
  
• Editeur: Le Lombard
• Prix: 10,60 €
• Sortie: 14 juin 2013

Last Man 2 : La grande finale

Au mois d’avril paraissait le premier tome du manga à la sauce française Last Man. L’excellent projet initié par Bastien Vivès, Balak et Michaël Sanlaville est déjà de retour pour son deuxième opus. Les lecteurs retrouvent Adrian et Aldana dans le dernier carré du Grand Tournoi annuel d’arts martiaux.

Le grand tournoi annuel parrainé par le roi Virgil et la reine Efira se poursuit. On y retrouve le duo le plus improbable du concours : Adrian Velba, 12 ans, frêle, peu sûr de lui et de sa technique de combat ; associé au mystérieux et redoutable Richard Aldana. Cette paire inédite déjoue tous les pronostics, enchaîne les victoires et passe facilement les tours. En ¼ de finale, étrangement, Richard perd et tous les espoirs reposent sur Adrian qui remporte son combat et qualifie son équipe en ½. Pour l’avant-dernière marche avant la gloire, ils sont opposés au duo Halpes – Alyssa. Aldana doit se faire pardonner et met un point d’honneur à gagner ses deux combats. Balayés d’un revers, Halpes – Alyssa, laissent place aux vainqueurs de la dernière édition Lord Ignacio Cudna et Cristo Canyon.

Le fruit du travail collectif de Vivès, Balak et Sanlaville est d’une excellente facture. Si le premier opus était déjà très explosif, le deuxième est identique. Le duo Aldana – Velba, aux profils antagonistes, fonctionne à merveille. Si l’histoire se concentre en premier lieu, aux combats, l’intrigue, quant à elle, se déplace sur Richard Aldana. Le passé mystérieux du combattant se dévoile peu à peu à travers sa dernière conquête mais aussi grâce à la relation ambigüe qu’il entretient avec la mère d’Adrian, qui ne la laisse insensible à ses charmes, et surtout par le contenu de son sac, le seul bien qu’il possède. Le récit enchaîne habilement les scènes d’action, d’humour, les révélations, les rebondissements multiples, ainsi que le moments plus tendres et sexy.

Le graphisme manga du trio est d’une parfaite tenue, le découpage est dynamique, les cadrages astucieux. Epurées, même si elles ne négligent pas les petits détails, les planches permettent une lisibilité efficace et une lecture fluide. Afin que le lecteur soit attiré par le suite, l’intrigue distille quelques pistes et on peut alors se questionner sur la future relation entre la mère d’Adrian et Aldana, mais également les vrais motifs de la motivation du robuste combattant pour remporter à tout prix le tournoi…

• Last Man, tome 2
  
• Auteurs : Bastien Vivès, Balak et Mickaël Sanlaville
  
• Editeur: Kstr
• Prix: 12,50 €
• Sortie: juin 2013

(re)découvrir Câline et Calebasse :

une série humoristique méconnue

La série humoristique Câline et Calebasse est créée en 1969, dans le journal Spirou par Raoul Cauvin et Mazel. Les récits content les aventures trépidantes du jeune et fringant mousquetaire Calebasse et de sa fidèle mais très caractérielle jument Câline. Malgré un succès certain, la série connaîtra peu de publications en albums ; cette intégrale vient combler ce manque. En plus des histoires, on trouve des illustrations ou des couvertures parues dans le Journal Spirou, ainsi qu’une longue introduction signée Patrick Gaumer. Empreinte d’une certaine nostalgie, Dupuis publie cette belle intégrale pour une série injustement oubliée.

A la fin de l’année 1968, Luc Maezelle, dit Mazel parvient à ses fins et rencontre Charles Dupuis qui lui conseille de continuer à réaliser des récits à l’époque des Mousquetaires. Mais l’éditeur ne souhaite pas que l’auteur écrive lui-même les scénarios de ses récits. Il lui adjoint alors Raoul Cauvin qui commençait tout juste à rédiger ses premières histoires. Le célèbre scénariste écrit pour lui un récit complet de 6 planches se déroulant sous le règne de Louis XIII qui paraîtra dès le 6 février 1969. Alors que le personnage de Calebasse jaillit naturellement sous le crayon de Mazel, le dessinateur éprouve quelques difficultés pour définir les traits de la jument Câline. Sa forme définitive sera crayonnée rapidement dans le bureau de Dupuis. C’est le début des aventures des deux héros Câline et Calebasse et qui prendra par la suite le nom de Les Mousquetaires. A noter qu’à partir de 1976, Mazel sera seul aux commandes de la série. Dans cette intégrale, les lecteurs retrouveront les personnages suivants :

Le gascon, Calebasse veut devenir mousquetaire du roy ; mais il a quelques handicaps : il n’est pas noble, il a mauvais caractère à l’instar de sa jument Câline, peu digne d’être le cheval d’un valeureux mousquetaire.

Câline, une jument au fort caractère, mais il ne faut pas lui dire sinon il en coûtera à son contradicteur. Son célèbre hennissement : Hirâhirâhirâhirâ !!!

Messieurs Saint-Emilion et Chateau-du-Pape, mousquetaires, amis et alliés de Calebasse.

Dans la première histoire de 22 planches, Calebasse, qui a essuyé un premier refus quant à son intégration dans le célèbre corps des mousquetaires, va acquérir ce titre en sauvant la baronne Micirculaire et sa fille Adolphine des mains de brigands. Dans les bandes dessinées suivantes, le lecteur va prendre part aux aventures humoristiques des deux héros, comme notamment Les joyaux de la reine, ou encore A l’ombre de la Bastille.

Le trait fluide et net de Mazel (qui met un point d’honneur à éviter tout anachronisme et qui fait de nombreuses recherches historiques pour cette série) permet à Raoul Cauvin de laisser libre cours à son humour et à sa fantaisie débridée.

• Câline et Calebasse, intégrale volume 1 : 1969 – 1973
  
• Auteurs : Raoul Cauvin et Mazel
  
• Editeur: Dupuis
• Prix: 28 €
• Sortie: 7 juin 2013

Inca :

Le destin du Fils du Soleil

L’empire des quatre quartiers est le premier tome de Inca, la série conçue par Laurent-Frédéric Bollée, Laurent Granier et Lionel Marty. Le petit inca Amaru semble être le Fils du Soleil mais les dignitaires de l’Empire Inca ne l’entendent pas de cette oreille et veulent le sacrifier pour que la civilisation perdure.

1509, sur le Lac Titicaca, un panier flotte vers les berges, à son bord, Amaru, petit inca au destin exceptionnel. Il porte derrière son oreille, le tatouage d’un serpent rouge et dans ses langes est cachée une statuette en or. Mais ce bébé menace la dynastie régnante sur l’Empire. S’il parvient à réunir les trois autres statuettes de l’Antisuyo, Amaru réalisera son destin de Fils du Soleil : c’est ce qu’un chamane lui a prédit dans les montagnes. Un haut dignitaire désigne Anka, le propre cousin de l’enfant pour le retrouver, le ramener et le voir être sacrifié pour faire perdurer la splendeur de l’Empire. Quelques années plus tard, en 1513, les espagnols débarquent et fondent la première colonie Santa Maria sur la terre des incas. Les prêtres affolés, désignent les enfants de 10 à 12 ans pour être sacrifier en l’honneur du dieu Soleil ; l’un d’entre eux est Amaru, l’enfant élu…

Authentique mais très cruel, la série Inca conte merveilleusement le sort méconnu de ce peuple. Laurent-Frédéric Bollée, dont Case Départ vous a présenté son autre magnifique album Terra Australis, s’associe au scénario à Laurent Granier, réalisateur et spécialiste du sujet pour dérouler ce récit historique très bien documenté sur la civilisation inca mais aussi sur les conquistadors. Entre mythes et légendes, l’histoire classique est très efficace. Le trait réaliste de Lionel Marty dépeint parfaitement la galerie des personnages.

• Inca, tome 1 : L’empire des quatre quartiers
  
• Auteurs : Laurent-Frédéric Bollée, Laurent Granier et Lionel Marty
  
• Editeur: Glénat
• Prix: 13,90 €
• Sortie: 19 juin 2013

Trondheim au quotidien

Deux ou trois mois d’éternité est le sixième tome de la série Les petits rien de Lewis Trondheim. L’auteur met en scène son quotidien avec les joies et les peines qui font de chaque journée une nouvelle aventure. Cynique et très tendre, cet album est un portrait intime basé sur l’auto-dérision.

Croqué sous les traits d’un oiseau, Trondheim nous livre des petits riens qui rythment sa vie : des requins, les crottes du chat, le sèche-cheveux, des assiettes à logo imprimé, les décollages d’avion, Uderzo, Angoulême ou encore le Brésil.

Auteur angoissé et un peu hypocondriaque, Lewis Trondheim, mêle, dans Deux ou trois mois d’éternité, les carnets de voyage et les chroniques du quotidien. Drôle, émouvante quelques fois, cette autobiographie dessinée est teintée d’auto-dérision.

• Les petits rien de Lewis Trondheim, tome 6 : Deux ou trois mois d’éternité
  
• Auteur : Lewis Trondheim
  
• Editeur: Delcourt
• Prix: 12,50 €
• Sortie: 6 juin 2013