7 mai 2012
Chloé Bossard
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A l’international, François Hollande est attendu sur la croissance

C’est son challenge le plus important. Celui que n’ont pas manqué de lui rappeler les dirigeants occidentaux dans leurs messages de félicitations. Le nouveau président français devra avant tout renouer avec la croissance pour amadouer ses partenaires. Réduire la dette publique pour prouver sa valeur. Et, alors, apparaître comme un dirigeant « sérieux » aux yeux des autres chefs d’Etat.

(Photo NR, Patrice Deschamps)

Dès dimanche soir, les partenaires européens ont insisté sur cette priorité. A commencer par Elio di Rupo, seul autre dirigeant socialiste de la zone euro. Le Premier ministre belge s’est « réjoui de travailler avec François Hollande et les autres chefs d’Etat et de gouvernement européens à la concrétisation d’un plan de croissance et de création d’emplois ».

Sur le même ton, le chef de file des ministres de Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, a déclaré : « force est de constater que nos opinions ne divergent pas vraiment » sur la politique économique à mener. « Nous avons clairement un objectif commun : relancer l’économie européenne pour générer une croissance durable, reposant sur des bases saines et source de nouveaux emplois », a renchéri le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.

En revanche, si Angela Merkel veut accueillir François Hollande « à bras ouverts », elle exlut d’ores et déjà toute renégociation du traité de discipline budgétaire, auquel le président fraîchement élu veut joindre un volet sur la croissance. Durant sa campagne, il s’était vu fermer les portes de l’Allemagne à cause de ce désaccord. Ce projet sera le premier à être discuté lors d’un sommet informel à la fin du mois, puis lors du Conseil européen du 28 juin.

« Il sera d’abord jugé sur sa capacité à réduire la dette publique de la France », analyse Philippe Moreau Defarges, chercheur à l’Institut français des relations internationales. Selon lui, « c’est le seul dossier qui compte ». Problème, « le discours de François Hollande sur l’augmentation des dépenses publiques et l’augmentation des impôts n’est pas crédible à l’étranger », avance-t-il. Le président élu devra redoubler d’efforts pour convaincre ses partenaires.

Durant sa campagne, François Hollande a promis de revenir à l’équilibre budgétaire en 2017. Sa politique se base avant tout sur la réduction des « cadeaux » fiscaux accordés par Nicolas Sarkozy aux plus aisés, et l’instauration d’une tranche d’impôts à 75% pour les revenus dépassant le million d’euros. De son succès dépendra sa crédibilité internationale.

Durant les premiers mois de son quinquennat, le socialiste sera donc observé sous toutes les coutures. « Tout ce qu’il va dire sera jugé, décortiqué, démonté », prévoit Philippe Moreau Defarges, « chaque mot, chaque parole, chaque geste sera examiné attentivement ». Le Japon a d’ores et déjà adopté cette position d’observateur, en annonçant qu’il allait « suivre de près » la réaction de l’UE à la victoire de François Hollande, avant, peut-être, de « faire preuve d’optimisme ».

Outre-Atlantique, un lourd programme économique attend également François Hollande. Le président Barack Obama lui a proposé de l’accueillir à la Maison Blanche le 18 mai, avant d’entamer dans la foulée le sommet du G8 à Camp David (puis de l’Otan à Chicago). Il enchaînera ensuite sur le sommet du G20, le 18 juin au Mexique. Un baptème du feu explosif.

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