15 avr 2012
Presidentielle 2012

Les engagements des candidats (4/10) : la dette publique

Si François Bayrou avait dès 2007 tiré la sonnette d’arlame quant au niveau d’endettement de la France, la plupart des candidats de 2012 ont fait du retour des comptes à l’équilibre un préalable pour mener, ensuite, leur politique. Mais les moyens, bien évidemment divergent.

En 2010, François Jolivet (UMP) expliquait aux habitants du Blanc le poids de la dette qui pèse sur chaque français. (Photo NR)

Eva Joly. La candidate écologiste vise une réduction du déficit public au rythme de 1% du PIB par an. Son principal outil pour y arriver : l’Europe. Elle souhaite ainsi proposer de lancer un nouveau processus permettant de doter l’Europe d’une Constitution, qui ferait progresser l’Europe vers le fédéralisme. Le Pacte de Stabilité, devenu un “Pacte d’austérité” selon elle, serait ensuite remplacé par un « Pacte de Développement Écologique et Social ». Il comprendrait un grand plan d’investissement dans la transition écologique. Eva Joly milite également pour la mutualisation partielle des dettes publiques des États grâce à des eurobonds, qui permettraient de « contrer la spéculation sur les marchés financiers » et d' »assurer une solidarité entre les Européens ». Elle voudrait par ailleurs que la France s’engage avec les États membres qui le souhaitent à harmoniser l’impôt sur les entreprises et le capital afin d’éviter les délocalisations fiscales. Dans un autre pan de son programme, la candidate d’EELV détaille ses mesures de responsabilisation de la finance : instauration d’une taxe sur les transactions financières, licence bancaire accordée seulement aux banques qui n’opèrent plus dans les paradis fiscaux, création d’un pôle d’investissement public autour de la Caisse des Dépôts et Consignations et d’OSEO pour financer des projets de transition écologique.

Marine Le Pen. En premier lieu, la candidate du FN veut supprimer le monopole des banques en déprivatisant l’argent public. La Banque de France pourra ainsi prêter au Trésor public sans intérêts. Elle compte également réduire « fortement » le train de vie du pouvoir : les indemnités excessives des élus et avantages injustifiés seraient ainsi supprimés. De même, les subventions aux organismes et associations ne relevant pas de l’intérêt général seraient remises en cause. Marine Le Pen propose par ailleurs de mettre en place un « plan d’action volontariste » pour réduire drastiquement les dépenses « inutiles et néfastes pour le pays » (fraude sociale et fiscale, niches fiscales, coûts de la décentralisation, poids de l’immigration sur les budgets sociaux).

Nicolas Sarkozy. C’est le point charnière du programme présenté par Nicolas Sarkozy. Il annoncé 44 milliards d’efforts budgétaires pour atteindre l’équilibre budgétaire en 2016. Il promet 40 milliards d’effort sur les dépenses publiques comme sur les dépenses des personnels de l’Etat (7 mds), sur le transfert aux collectivités territoriales (16 mds), par une stabilisation de la contribution à l’UE (3 mds), ou l’assurance maladie (13 mds). Il prévoit en outre 13,5 milliards de recettes supplémentaires sur la suppression de la prime pour l’emploi (2,5 mds), une augmentation de la fiscalité sur les dividendes (1,5 mds), une imposition minimale sur les grands groupes (3 mds), une taxe sur les éxilés fiscaux (0,5 mds), une augmentation de la taxe sur les transactions financières (3 msds, une nouvelle réduction des niches fiscales (1 mds)… sans compter les retouches effectuées pendant le quinquennat comme la hausse de la TVA applicable à l’automne 2012. Le président sortant promet que déficit public passera sous la barre des 3% dès 2013, et sera ramené à 0% à l’horizon 2016. Les grandes collectivités locales participeront à l’effort de réduction de la dépense, sous peine de voir leurs dotations par l’Etat diminuer.

Jean-Luc Mélenchon. Dans la droite ligne de sa politique anti-austérité, le candidat du Front de gauche veut « libérer les finances publiques des griffes des marchés financiers ». Pour cela, il préconise d’abolir le fonds de stabilité de la zone euro, et d’établir à la place un fonds de développement social, solidaire et écologique européen. La banque centrale européenne et les banques centrales nationales financeraient ainsi les services publics par la création monétaire. Le candidat veut également créer un pôle financier public, chargé du crédit et de l’épargne, entièrement indépendant des marchés. Il comprendrait les institutions financières actuelles, ainsi que des banques et assurances mutualistes ou nationalisées. Enfin, il entend obliger les banques à racheter de la dette publique.

 Philippe Poutou. Radical, le candidat anticapitaliste prône l’arrêt immédiat du paiement de la dette et de ses intérêts, et son annulation pure et simple. Il juge la dette publique « totalement illégitime ». D’où mesure d’urgence : la réquisition des banques et leur regroupement dans un monopole contrôlant le crédit sous contrôle des travailleurs.

Nathalie Arthaud. Pour la candidate communiste, la dette publique est uniquement « le résul­tat des cadeaux dont l’ensem­ble des capi­ta­lis­tes ont béné­fi­cié de la part de l’État ». Les clas­ses popu­lai­res n’ont donc « pas à payer cette dette qui n’est pas la leur ». Elle obligerait les banquers à rembourser la dette, en nationalisant le système bancaire.

Jacques Cheminade. Le candidat surprise de cette élection plaide, comme Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan, pour une sortie de l’euro. Il entend ainsi rétablir la souveraineté des États sur leur monnaie, en passant de l’euro unique à des euros nationaux (ou « franc polytechnique » en France). L’euro deviendrait ainsi une référence commune pour de grands projets impliquant plusieurs pays. Jacques Cheminade compte aussi responsabiliser le système financier en empêchant la spéculation sur les monnaies. Il veut aussi organiser une procédure coordonnée de « défaut des États sur leur dette publique », en séparant les « dettes légitimes » des « dettes illégitimes », qui seront effacées. A l’échelle de l’Europe,  il souhaite enfin investir mille milliards d’euros par an dans des infrastructures de pointe (contribution française : 200 milliards), avec un programme de recherche commun de 200 milliards d’euros (contribution française : 30 milliards).

François Bayrou. Le candidat du Modem mise aussi sur un équilibre budgétaire en 2016. Pour y parvenir, il prévoit de répartir l’effort à part égale, à hauteur de 50 milliards d’€ de baisse des dépenses et 50 milliards d’€ de hausse des recettes. Il entend notamment réexaminer en profondeur l’organisation et le train de vie de l’Etat au titre des niches fiscales et sociales, donner un coup de rabot général de 15% sur 3 ans et supprimer les niches non fondées, comme l’exonération de l’impôt sur le revenu des heures supplémentaires, la « niche Copé », ou la déduction d’intérêt au titre des emprunts pour prises de participation. Il prévoir enfin une hausse modérée de TVA à la réduction du déficit budgétaire, à hauteur de un point en 2012 et, si la croissance n’est pas au rendez-vous, un point en 2014.

Nicolas Dupont-Aignan. Reprenant la proposition de François Bayrou, le candidat de Debout la République propose de mettre en place « un étiquetage précis des produits vendus en France » de manière à connaître la part du « fabriqué en France ». Les administrations seraient contraintes à acheter français à qualité équivalente. Il propose aussi de rétablir un système d’actions préférentielles pour protéger les entreprises stratégiques des OPA. Et enfin il veut « exiger » que les produits importés soient soumis aux mêmes normes sanitaires et sociales que les produits français.

François Hollande. Le candidat socialiste prévoit un retour à l’équilibre budgétaire en 2017. Pour assainir les finances publiques, il veut revenir sur les « cadeaux » accordés aux plus aisés et aux plus grosses entreprises (annulation de 29 milliards d’euros de « cadeaux fiscaux » et de niches). Symboliquement, il baisserait de 30 % de la rémunération du président de la République et des ministres. Et une partie des dépenses de l’Etat serait gelée dans l’attente de la publication par la Cour des comptes du Rapport sur la situation et les perspectives des finances publiques, autour du 24 juin. Le deuxième volet de son programme de réduction des déficits est purement européen. Dès la fin mai, François Hollande désire présenter au parlement européen un nouveau pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance pour « modifier et compléter » le traité de stabilité « et réorienter la construction européenne vers la croissance ».

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