30 mar 2012
Presidentielle 2012

Pour The Economist, les candidats à la présidentielle déjeunent sur l’herbe

C’est la Une du très sérieux mais très orienté politiquement magazine britannique The Economist : le Déjeuner sur l’herbe détourné avec Nicolas Sarkozy et François Hollande comme personnages principaux. Et un titre,  » La France dans le déni « . Avec un sous-titre sans équivoque :  » l’élection la plus frivole du monde occidental « .

Dans l’article lié à cette Une, The Economist promet à ces  » adeptes du pique-nique  » de se voir rapidement confronté à une dure réalité. Pour le magazine, aucun candidat ne mesure les efforts à faire pour réduire les dépenses publiques et ne mesure pas la situation économique du pays. Le magazine citant en exemple les coupes drastiques effectuées par Mario Monti en Italie, Mariano Rajoy en Espagne. Un duo auquel il faudrait ajouter le britannique David Cameron qui a sévèrement réduit les dépenses du Royaume-Uni, sans toutefois parvenir à relancer la croissance dans son royaume.

Même si des candidats comme Nicolas Sarkozy, François Hollande* ou François Bayrou promettent un retour à l’équilibre budgétaire au mieux dans trois ans, au pire à la fin du quinquennat, aucun ne trouve grâce auprès de The Economist. Il reproche aux candidats de ne pas parler assez des problèmes économiques du pays et pour le magazine, aucun candidat n’a de projet sérieux quand à la réduction d’impôts et de taxes (élevés) à faire pleurer.

« Monsieur Sarkozy, qui en 2007 a promis des réformes et parlait de rupture offre maintenant aux électeurs du protectionnisme, des sanctions quant aux exilés fiscaux, des menaces de quitter l’espace Schengen et (du moins avant Toulouse) de parler des ravages de l’immigration et de la viande halal. M. Hollande promet de développer les services de l’Etat en créant 60.000 postes dans l’enseignement, en revenant partiellement sur l’allongement du départ de l’âge à la retraite installé par M. Sarkozy de 60 à 62 et de sacquer les riches (dont il a dit avec délectation qu’il ne les aimait pas) avec une tranche marginale supérieure d’imposition sur le revenu à 75 % « , écrit The Economist.

Même si The Economist reconnaît à l’économie française d’indéniables forces : une force de travail très éduquée, formée et productive, de grandes entreprises parmi les 500 les plus importantes plus que tout autre pays d’Europe, de la vigueur dans les services… le journal veut recenser également « pléthore de problèmes« , rapprochant la situation française d’autres pays européens avec une dette trop importante, des dépenses publiques trop lourdes sur le budget de l’Etat, des banques sous-capitalisées ou un taux de chômage élevé. Sans compter des exportations devenues bien trop faibles et fragiles… même si sur ces points là, les candidats ont pourtant annoncé leurs ambitions entre règle d’or pour certains, retour à l’équilibre pour d’autres, pôle d’investissement pour les PME,  » produire en France « , réindustrialisation de la France. Les trois candidats de l’UMP, du MoDem et du PS partagent de larges zones de concordance sur ces thématiques dans leurs programmes.

Le magazine économique à tendance libérale pointe aussi du doigt les mauvais réflexes extrémistes au FN ou au Front de Gauche qui ne verraient dans le marché mondial et globalisé qu’une source de craintes et de peurs alors que pour The Economist il est au contraire une chance.

Enfin, il ne voit ni dans François Hollande, ni dans Nicolas Sarkozy l’étoffe du président qui remettra la France dans les rails qu’il juge les bons : des réformes radicales et structurantes pour réduire le train de vie de l’Etat. Même si cet aspect est dans le programme de chacun, même si Nicolas Sarkozy veut en faire une règle d’or, que François Hollande veut ramener le budget à l’équilibre durant son quinquennat, que François Bayrou en a fait un livre, si Marine Le Pen promet des réductions drastiques de ces dépenses, qu’Eva Joly ne promet pas de plan d’austérité mais « une réduction soutenable du déficit public »… il faudra en faire plus pour convaincre les Britanniques. Reste Jean-Luc Mélenchon, partisan d’une autre voie, afin de ne pas réduire les dépenses publiques.

*Proposition 9 du programme de François Hollande : Le déficit public sera réduit à 3% du produit intérieur brut en 2013. Je rétablirai l’équilibre budgétaire en fin de mandat. Pour atteindre cet objectif, je reviendrai sur les cadeaux fiscaux et les multiples « niches fiscales » accordés depuis dix ans aux ménages les plus aisés et aux plus grosses entreprises. Cette réforme de justice permettra de dégager 29 milliards d’euros de recettes supplémentaires.

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