Les belles vacances de l’Oncle Erwann: la NR et les mots bande dessinée



C’est le grand jour. Graphisme chatoyant pour l’aéro-reportage sur l’Amérique du plan Marshall. Un compte-rendu des commémorations de la veille, évidemment. Et tout en haut, nouveau bandeau d’annonce : « Page 8, première bande dessinée ». Bingo !

Sans chat fou, sans mouette rieuse, sans sandwiches au fromage, et sans Mademoiselle Jeanne (encore que), oncle Erwann s’est enfoncé dans le labyrinthe des archives (papier) d’un grand quotidien régional.

Il a découvert, entre les pages pas encore jaunies (encore que), de véritables trésors dessinés dont les jeunes (à l’époque) lecteurs du Berry, du Poitou et du Val de Loire avaient bénéficié sans savoir, probablement, la chance qu’ils avaient.

Ce n’est pas un hasard si l’âge d’or de la BD en France est généralement situé aux alentours des années 1975-80. Outre les quatre ou cinq grands pôles d’attraction et de création que constituaient les magazines (et leurs maisons d’édition) PifSpirouTintinPilote, et que débarquait la jeune garde post-soixante huitarde, les amateurs avaient pu se former le goût en feuilletant les pages Jeunes des journaux régionaux.

La recension impressionnante qu’en a fait un hyper-spécialiste tourangeau, Alain Beyrand, dans un catalogue analytique qui fait aujourd’hui figure de référence unique, est édifiante. La bande dessinée dans la PQR (Presse quotidienne régionale), ce n’est pas seulement quarante ans de Lariflette, du professeur Nimbus, de Poustiquet ou des catalogues de deuxième zone diffusés par Mondial Presse ou Opera Mundi.

Il y a là, et la Nouvelle République en est la preuve, une richesse étonnante. C’est là où l’oncle Erwann intervient. Depuis neuf mois, il accouche ( !) tous les vendredis d’une histoire liée aux bandes publiées dans ce quotidien depuis 1946. Parce qu’elle est représentative de tout ce qui se faisait pendant ces périodes, cette plongée dans l’univers de BD inconnues et de dessinateurs encore moins connus a permis de faire remonter à la surface des informations étonnantes.

Le patron du service dessin de la NRCO, Emile Jaquemin, ici en veste noire à son fauteuil de commandement, a-t-il inventé le mariage entre ces deux mots « bande » et « dessinée », ou l’avait-il déjà vu (lu) sur un contrat d’Opera Mundi, par exemple ? Qui sait !

Pendant toute la durée de l’été, Case Départ vous propose donc de retrouver, chaque semaine, l’un de ces récits (illustrés). Et à la rentrée, vous donne d’ores et déjà rendez-vous avec des Piet Winj, Frits Kloezeman, Henk Kuijpers, Sidney Jordan (tous ces noms vous parlent, bien entendu !) mais aussi avec Léon Mercier, Mic Delinx ou Bernard Capo…

Cette semaine, l’Oncle Erwann vous propose de (re)découvrir l’incroyable apparition dans la presse française des mots bande dessinée. Et c’était dans la NR!

Bonne lecture.

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À propos de Erwann Tancé

C’est à Angoulême qu’Erwann Tancé a bu un peu trop de potion magique. Co-créateur de l’Association des critiques de Bandes dessinées (ACBD), il a écrit notamment Le Grand Vingtième (avec Gilles Ratier et Christian Tua, édité par la Charente Libre) et Toonder, l’enchanteur au quotidien (avec Alain Beyrand, éditions La Nouvelle République – épuisé).
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