Il tape sur les bambous et c’est n°1



(Photo NR, Jerome Dutac)

Voilà, c’est arrivé. La France est dingo des pandas. Evidemment la Nouvelle République  peut être fière d’avoir sur son territoire le parc animalier qui accueille, dorlote, nourrit et titille la libido de nos deux héros en peluche. Mais quand on lui murmure à l’oreille le mot « panda », l’oncle Erwann se dit : autant en parler tout de suite.

Réflexe BD : c’est quoi LA bande dessinée qui rime avec panda ?

Gagné : c’est Panda. Jamais entendu causer ! Normal, c’est vieux comme les histoires de l’oncle Erwann.  Première apparition en France en 1949, disparition quelque part dans les années 1966-67 sauf chez les Chtis où il a survécu en grignotant du papier journal.

Mais une petite graine de bambou ayant germé, un drôle d’animal nommé Tignous, a relancé l’année dernière l’existence du nounours noir et blanc. Allez, on vous raconte tout ça… mais on ne vous parlera pas du Kung Fu Panda, les images qui bougent, c’est pas ce rayon-là, voyez plus loin, Madame Michu.

Une première histoire hollandaise

Première version de Panda avec du texte sous l'image parue dès le 23 décembre 1946 dans Nieuwsblad van het Noorden. (dans le site de Raymond)

Il y a parfois des logiques implacables. Après deux longs chapitres consacrés à Marten Toonder, les fans de Case Départ espéraient peut-être passer à autre chose. Raté. L’unique bande dessinée mettant en scène un panda est signée… Marten Toonder. Enfin des studios Marten Toonder. Le maître y aurait mis sa griffe mais pas souvent.

Panda version phylactère en néerlandais avec son majordome stylé et néanmoins cocker...

Ce nouvel héros made in Holland naît peu après Tom Pouce, en décembre 1946 dans les colonnes d’un journal de La Haye. Comme le petit chat blanc, le panda nommé Panda est gentil tout plein, noir et blanc comme il se doit, se tenant lui aussi debout et pas plus habillé que son « grand frère «  félin ». Le Panda toonderien*est entouré de deux amis : le renard gentleman-escroc du nom de Georges Bongarçon et d’un cocker majordome appellé Jérémie Jolicoeur.

Pour sa distribution en France, c’est encore le talent de vendeur de M. de Zwaan qui va faire merveille.

Panda version française, cette fois toujours avec des bulles et avec son majordome dans les colonnes de la Voix du Nord, entre autres.

Pas en Touraine, cette fois, mais dans le Nord : la Voix du Nord va en effet battre avec cette bande quotidienne des records de longévité (c’est incroyable ce que Toonder aura marqué la PQR sans que personne aujourd’hui ne s’en souvienne !). Près de quarante ans de publication entre 1949 et 1988  ! Mais on la retrouvera aussi à l’est, dans le Républicain Lorrain (de 1951 à 1966 : ça fait aussi un joli bail) à l’ouest, dans La Dépêche d’Evreux (1949-1967) et au centre dans La dépêche de Saint-Etienne (1950-1965).

Pour les collectionneurs, même si le BDM n’est pas très généreux, les éditions Artima (Art et Images, de Roubaix) ont sorti dix-huit fascicules de récits complets entre 1957 et 1959. Le premier s’appelle Le Virtuose, le dernier Le maître archéologue. Allez, 300 euros la série intégrale, il ne doit plus en exister beaucoup. Objet de curiosité : sa mise en bulles, alors que l’original se présente avec du texte sous l’image, comme Monsieur Bommel dans la Nouvelle République.

Autre objet collector, l’unique album cartonné : Panda et le maître aviateur, publié par le journal La Libre Belgique en 1949…

Hans Matla est l'auteur d'un "Bommelkatalogus" publié en 1989, sorte de BDM consacré exclusivement à l'oeuvre de Marten Toonder. Ce biographe officiel y avait notamment reproduit ce joli clin d'oeil du maître faisant le lien entre ses deux héros : M. Bommel (et sa chère Hortense Michu) et le bébé...panda. La maison d'édition s'appelle d'ailleurs Uitgeverij Panda.

Pour en savoir davantage, comme d’habitude le site www.Pressibus.org (chapitre Toonder, évidemment) et le site de raymond, qui lit beaucoup. Et tous les sites néerlandais of course.

* Pour faire savant : les différents dessinateurs au service de Panda ont été Harry Hargreaves, Jan Van Haasteren, Richard Klokkers ou B.J. Van Voorn. Et d’autres probablement.

Une deuxième histoire française

Sorti il y a un an, en janvier 2010 (editions Drugstore-Glénat)

En janvier 2010, Tignous (de son vrai nom Bernard Verlhac) caricaturiste de Charlie Hebdo, de Marianne, de Fluide Glacial, etc, après une couverture journalistico-dessinée du procès Colonna qui fera beaucoup de bruit, se lance aux côtés du World Wide Fund (WWF) dans la défense désespérée des pandas.

Son Pandas dans la brume (référence pour ceux qui n’en auraient pas aux Gorilles dans la brume de Diane Fossett) dépasse évidemment le simple cadre des petits plantigrades menacés de disparition.

Le Tignous, ce n’est pas simplement un trait acide et efficace, c’est surtout, derrière l’humour, un regard pas très tendre sur une société qui ne l’est pas vraiment*. Comme quoi sous la diplomatie de la peluche (superbe expression d’un journaliste de la NR), se cachent – mal – des réalités bien moins douces. (Lire son interview juste après la sortie de la BD, en avril 2010 sur le site de la WWF)

Tignous va entreprendre une grande tournée en France pour promouvoir la campagne du WWF en faveur des pandas. Il se déplace avec 1.600 pandas qui s'emparent des places des villes où il vient signer son album. Ici, en juillet, à Niort (Deux-Sèvres). (Photo Nouvelle République).

Allons, tout ceci n’est pas grave : ils tapent sur les bambous et sont n°1. Philip Lavil a bien raison. Sauf que les pandas, y sont mignons, mignons, mignons (autre référence mais celle-là assez border line) et on ira les voir croquer leurs bambous dans leur nouvelle vie. Leur famille habite dans le Loir-et-Cher….

* (Pandas dans la brume. De Tignous. Ed. Glénat Drugtsore. 64 pages. 13,90 euros)

NdOE (note de l’Oncle Erwann) : Bien entendu, Case Départ est prêt à référencer toute autre existence de pandas en BD. Avec plaisir.

Avec ce dessin super devenu une affiche et un repère, Tignous a popularisé le combat pour la sauvegarde des espèces menacées. Ce n'est pas un hasard si le Panda est le symbole du WWF. (Dessin extrait de l'album Pandas dans la Brume, Tignous, Glénat Drugstore, 2010)

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À propos de Erwann Tancé

C’est à Angoulême qu’Erwann Tancé a bu un peu trop de potion magique. Co-créateur de l’Association des critiques de Bandes dessinées (ACBD), il a écrit notamment Le Grand Vingtième (avec Gilles Ratier et Christian Tua, édité par la Charente Libre) et Toonder, l’enchanteur au quotidien (avec Alain Beyrand, éditions La Nouvelle République – épuisé).
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