28 avr 2012
Chloé Bossard

DSK relance l’hypothèse du complot à neuf jours du premier tour

Cherche-t-il à nuire à distance à Nicolas Sarkozy ? A-t-il du mal à digérer son éviction de la primaire socialiste pour raisons judiciaires ? Dominique Strauss Kahn a de nouveau évoqué la thèse du complot sur son arrestation, dans une interview au journal britannique Guardian.

Comme s’il s’agissait d’un avertissement, l’ancien chef du FMI a choisi de donner sa première interview depuis sa chute pile entre les deux tours de l’élection présidentielle. Il y explique comment, selon lui, ses « ennemis politiques » ont orchestré le scandale sexuel qui a éclaté à New York en mai 2011, détruisant ainsi volontairement sa candidature aux primaires socialistes, puis potentiellement à la présidentielle française. S’il ne pense pas que sa rencontre avec Nafissatou Diallo soit un piège, il assure que tous les événements qui ont suivi, dont l’enquête criminelle, ont été « façonnés par ceux qui ont un agenda politique » et qu’il s’agissait de « plus qu’une simple coïncidence ».

DSK accuse également les services de renseignement français de l’avoir mis sous surveillance des semaines avant son arrestation, d’avoir intercepté certains appels téléphoniques, et d’avoir convaincu la femme de chambre d’aller porter plainte. « Peut-être que j’étais politiquement naïf, mais je ne croyais tout simplement pas qu’ils iraient aussi loin … Je ne pensais pas qu’ils pouvaient trouver quoi que ce soit pour me arrêter », confie-t-il au journaliste d’investigation Edward Jay Epstein.

L’ancien chef du FMI assure que ces allégations, basées notamment sur les images de surveillance du Sofitel de New York et sur des relevés téléphoniques, sont la conclusion de onze mois d’enquêtes par un cabinet de détectives privés. Mais il avoue lui-même qu’elles sont difficiles à prouver.

Ulcéré, Nicolas Sarkozy a réagi cet après-midi depuis Clermont-Ferrand, où il tenait une réunion publique. « Qu’en pleine campagne électorale (…), M. Strauss-Kahn se mette à donner des leçons de morale et à indiquer que je suis seul responsable de tout ce qui lui est arrivé, trop c’est trop ! », a lancé le président sortant du haut de sa tribune. Et d’ajouter : « Je dis à M. Strauss-Kahn, expliquez-vous avec la justice et épargnez aux Français vos commentaires ».

Sa porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, a préféré s’en prendre directement à François Hollande, qui, en tant que premier secrétaire du PS de 1997 à 2008, « était forcément au courant » des agissements de DSK. En réponse, le député PS Bernard Cazeneuve a dénoncé une « exploitation outrancière » de l’affaire par les soutiens de Nicolas Sarkozy. « Je n’ai aucune information, donc je ne ferais aucun commentaire », a simplement déclaré François Hollande.

Quoi qu’il en soit, cette thèse du complot n’étonne pas Alain Hamon, joint cet après-midi. Ce journaliste spécialisé dans les questions de police consacre un chapître de son livre « Police, l’envers du décor », à Dominique Strauss-Kahn. Il raconte comment l’ancien directeur du FMI était, selon ses sources, surveillé par la Direction centrale du renseignement intérieur à chacune de ses visites sur le sol Français. Il en est « persuadé », l’affaire du Carlton de Lille était couvée, et aurait dû « sortir en pleine campagne présidentielle » si DSK n’avait pas été arrêté à New York quelques mois plus tôt.

Il raconte notamment les liens qui unissent Frédéric Veaux, numéro 2 de la DCRI, et René Kojfer, un indic de la police lilloise qui travaille au Carlton. « Il est impossible que Kojfer lui ai caché les histoires de fesses de DSK », assure-t-il. Si la DCRI surveillait effectivement l’ancien directeur du FMI, Alain Hamon pose une question : « à quoi servaient les informations recueillies ? » Et de conclure : « si ça n’est pas un complot, ça y ressemble bien ».

Complot ou affabulations, reste à savoir si Nicolas Sarkozy, également accusé par Médiapart de s’être financé sa campagne de 2007 par Mouammar Kadhafi, saura s’en relever.

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