Puisqu’il faut bien donner les résultats
C’est fait. L’ère numérique a dépassé la loi. L’opération #RadioLondres sur Twitter dont nous parlions hier, a permis à des milliers d’internautes de transmettre les premières estimations des résultats du premier tour par des tweets codés. Toute la journée, ils ont ainsi écrit « nain » à la place de « Sarkozy », et « flan » à la place de Hollande. Un moyen d’échapper à la loi du 19 juillet 1977, qui punit de 75.000 euros d’amende la diffusion de sondages sortie des urnes avant 20 heures un soir d’élection.
Les chiffres diffusés dès la fin de la matinée provenaient tous de médias étrangers, qui ne sont pas soumis à cette interdiction, et principalement du site de la RTBF, la radio-télévision belge. Ils s’appuyaient sur des sondages réalisés par des instituts français, diffusés dès la fin de la matinée pour les Dom, puis dès 16 heures pour les estimations générales. Ces scores provisoires ont ensuite circulé à grande vitesse sur le web, par un effet boule-de-neige. N’y tenant plus, l’Agence France Presse a elle-même diffusé les résultats de trois sondages à 18h45.
Cette présidentielle est la première à être concernée par ce problème de fuites massives. En 2007, Facebook comptait tout juste 400.000 membres en France (24 millions aujourd’hui), et Twitter n’en était qu’à ses balbutiements (5 millons de membres aujourd’hui). Le développement de l’internet mobile et des réseaux sociaux donne des cheveux blancs à la Commission des sondages, qui a donc décidé de saisir le parquet.
Une enquête a été ouverte ce soir par la brigade de répression de la délinquance à la personne. Mais elle ne vise pas les internautes. Sa cible : deux médias belges, un blog basé en Nouvelle-Zélande et un journaliste belge qui aurait envoyé des estimations par tweet.
Il est 22 heures, nous ne risquons plus rien en vous communiquant les résultats provisoires. Ouf ! Voici donc le précieux sésame tant convoité : selon Ipsos à 21h43, François Hollande obtient 28,8% des voix, Nicolas Sarkozy 26,1, Marine Le Pen 18,5, Jean-Luc Mélenchon 11,7, François Bayrou 8,8, Eva Joly 2,3, Nicolas Dupont-Aignan 1,8, Philippe Poutou 1,2, Nathalie Arthaud 0,6, et Jacques Cheminade 0,2. Vous savez tout.